Deux noms semblables, deux applications différentes, deux groupes de développeurs différents, pour de mêmes fonctionnalités afin de permettre désormais de gérer des tontines en ligne.
Depuis quelques jours sur la toile le mot Djangui revient de plus en plus dans les résultats de recherches sur les high-tech au Cameroun. Appellation locale utilisée pour désigner les tontines, deux groupes de développeurs web ont ainsi décidé d’emprunter ce mot pour leur application web. En effet ce sont deux plate-formes avec un même objectif, donner un coup de main à la pratique des tontines qui sont très présentes dans les habitudes camerounaises. Reunis parfois en groupe d’amis ou familles, différentes transactions sont effectuées dans ces organismes traditionnels : dépôts d’espèces, emprunts, épargne …
« i-Djangui » et « Djangui »
La première application « i-Djangui », on en parle depuis le mois de mars 2016. Crée par Achile NOUSSI NGHUKAM et Eddy Joël TCHOUSSE LONKENG, diplômés en informatique à l’université de Douala, c’est le 10 mars 2016 à Douala que leur application est révélée lors du « MTN innovation challenge » édition 2016, une compétition nationale de développement d’applications et de services mobiles. Pour Achile NOUSSI NGHUKAM le co-fondateur dont l’invention était classée parmi les trois meilleurs projets à cette compétition, la plate-forme « va apporter de la sécurité en évitant aux membres d’une association de marcher avec de l’argent ; elle va aussi apporter de la flexibilité parce que la distance ne constituera plus un problème. », a-t-il confié lors de la finale.
A côté il y a une deuxième application similaire : « Djangui », rendue publique le jeudi 12 mai par le magazine investiraucameroun. Le journal présente le fondateur comme étant Jules Guilain Kenfack, ingénieur en informatique et télécommunications et résidant en Allemagne. Tout comme la première application citée, les utilisateurs peuvent aussi ici de façon concrète payer en toute sécurité leurs droits de tontines via les plateformes de paiement mobile Orange et MTN mobile money.
Grace à ces deux applications, les membres d’une tontine peuvent discuter en ligne grâce à un service de messagerie instantanée ; faire des tirages au sort automatique ; voter les membres du bureau et avoir des comptes rendus des réunions précédentes ; faire des emprunts dans le compte de la tontine ; rédiger les rapports des réunions qui peuvent se faire par vidéo-conférence et bien d’autres.
Confusion
Interrogé par la rédaction de Lebledparle.com, Achile NOUSSI NGHUKAM le co-fondateur de « I-Djangui » précise qu’il n y a pas de confusion à faire sur ces deux applications. « Je ne connais pas qui est Jules Guilain Kenfack, bien qu’il ait présenté quelque chose de similaire à notre produit, il reste loin de notre vision » nous confie-t-il. « Ce monsieur est venu plus tard avec une application ayant des fonctionnalités similaires. Mais bon ! Le marché est ouvert » renchérit-il. « Djangui » de Jules Guilain Kenfack, encore en phase de développement a déjà été expérimentée avec succès en Allemagne par quatre tontines de ressortissants camerounais. L’application « i-Djangui » quant à elle sera lancée dans les jours à venir confie Achile NOUSSI NGHUKAM. En effet, son collègue et lui ont bénéficié d’un programme d’incubation pour six mois en plus d’un chèque d’un million de FCFA perçu au terme du « MTN innovation challenge ».
Opportunités
Les tontines camerounaises brassent aujourd’hui près de 190 milliards de francs CFA, par ailleurs c’est 58% des camerounais qui préfèrent les tontines parce les placements y sont très rémunérateurs et l’accès au crédit moins contraignant que dans les banques et les établissements de microfinance. Un secteur qui semble donc intéresser fortement les nouveaux développeurs web.
© Yves Martial TIENTCHEU avec Colbie MEDJOM, lebledparle.com