Les deux régions anglophones du Cameroun sont en proie aux violences depuis le mois de novembre 2016 et la branche camerounaise de Transparency International semble connaitre les causes de ce profond malaise.
L’ONG a identifié cinq causes. En premier lieu, Transparency International Cameroun pense aux lenteurs de la lutte contre la corruption, la fraude, les détournements de fonds publics et l’enrichissement illicite. Deuxièmement, elle pense qu’il y a un désagréable sentiment d’impunité qu’affichent ostensiblement les délinquants économiques et divers décideurs. En troisième lieu, l’organisation est convaincue qu’il existe rupture du contrat tacite sur l’alternance. Quatrièmement, l’ascenseur social en panne est aussi un facteur de cette crise et en dernier lieu, la désespérance des jeunes suite à l’enracinement structurel du chômage y est pour quelque chose.
Après avoir exhumé les causes de la crise anglophone et parallèlement les autres crises qui ont secoué le pays comme la crise de 2008, Transparency International Cameroun propose une thérapie pour endiguer la résurgence de la crise. C’est le dialogue inclusif que l’organisation de défense des droits de l’homme propose.
Elle « Exhorte le Chef de l’Etat, garant des institutions et de la paix sociale, de renouer un authentique dialogue politique inclusif, expression démocratique permettant à toutes les composantes de la société de faire 2entendre leur voix, et de renforcer la légitimité desdites institutions par un consensus sur leur bon fonctionnement ».
L’ONG de défense des droits de l’homme suite aux événements du 1er Octobre 2017 dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, condamne les violences qui ont eu lieu.
Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de la déclaration de Transparency International Cameroun.
Transparency International Cameroon est vivement préoccupé par les graves évènements survenus dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest le O1 Octobre 2017 ;
Considérant que depuis douze (12) mois, la situation sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a considérablement évolué de la grève initiée par des Avocats et des syndicats d’enseignants, suivie de villes mortes, d’arrêt des cours, de violences de toutes sortes portant atteinte aux personnes et aux biens, d’arrestations, de coupure d’internet ;
Considérant que la date du 01 Octobre, choisie pour proclamer leur indépendance pour les uns, ou pour célébrer la Réunification pour les autres, a constitué le point culminant de la confusion et de la fureur ;
Considérant que la fracture née de la rupture du dialogue entre les différentes parties a engendré marches, revendications et troubles qui ont causé plusieurs morts ;
Considérant que cette atmosphère rappelle celle ayant prévalu lors des graves évènements de février 2008 et l’agitation quasi-insurrectionnelle ayant affecté certaines régions du Cameroun ;
Considérant que, hier comme aujourd’hui, les causes profondes
de ce malaise sont :
– les lenteurs de la lutte contre la corruption, la fraude, les détournements de fonds publics et l’enrichissement illicite ;
– le désagréable sentiment d’impunité qu’affichent ostensiblement les délinquants économiques et divers décideurs ;
– la rupture du contrat tacite sur l’alternance ;
– l’ascenseur social en panne ;
– la désespérance des jeunes suite à l’enracinement structurel du chômage ;
Considérant que, hier comme aujourd’hui, le déclencheur de la crise est la fragilisation et l’instrumentalisation des structures d’encadrement du dialogue social et la diabolisation des contre-pouvoirs (société civile, médias, autorité religieuse, opposition politique) ;
Considérant que tout cela semble avoir concouru de façon notable au recours à la violence physique et matérielle comme substitut à l’expression des frustrations diverses ;
Considérant que, hier comme aujourd’hui, ces faits et causes ont généré des répercussions sur la volonté commune de vivre ensemble et sur la paix sociale ;
Considérant que certains de ces paramètres se sont sensiblement aggravés avec ce qui est qualifié de « crise anglophone », expression de certaines frustrations, manquements et de la trop lente mise en œuvre du processus de décentralisation pourtant proclamée par la Constitution ;
Transparency International Cameroon condamne l’ensemble des violences et exactions, d’où qu’elles viennent, issues des évènements survenus depuis 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ;
Affirme que de la meilleure des réponses aux préoccupations actuelles dépend la survie de la nation camerounaise qui restera toujours à parfaire ;
Réaffirme aujourd’hui, de nouvelles conditions appelant une nouvelle mutation, que la situation nécessite une profonde régénération politique, sociale et culturelle ;
Exhorte le Chef de l’Etat, garant des institutions et de la paix sociale, de renouer un authentique dialogue politique inclusif, expression démocratique permettant à toutes les composantes de la société de faire 2entendre leur voix, et de renforcer la légitimité desdites institutions par un consensus sur leur bon fonctionnement.
Pour Transparency International Cameroon
Me Charles Nguini
Président