« Les Etats généraux de la communication ne pouvaient pas plus mal commencer. Inique et choquante, la décision de justice prononcée contre Simon Hervé Nko’o, Serge Sabouang et Robert Mintya n’a qu’un seul mérite : celui de confirmer l’urgence de dépénaliser les délits de presse au Cameroun.
Nous espérons que la grand-messe qui s’ouvre aujourd’hui n’éludera aucune question – statut du journaliste, responsabilité des médias, cadre juridique et institutionnel, régulation et autorégulation, etc. L’événement n’est pas une fin en soi, il doit déboucher sur des avancées concrètes pour la liberté des médias ainsi que sur une réforme de la loi sur la presse », a déclaré, depuis Yaoundé, Reporters sans frontières.
Ambroise Pierre, le responsable du bureau Afrique de l’organisation, est actuellement présent dans la capitale camerounaise pour assister aux Etats généraux de la communication (EGC) organisés par les autorités camerounaises et qui se tiennent au Palais des Congrès du 5 au 7 décembre 2012.
Le 3 décembre, dans la soirée, soit deux jours à peine avant l’ouverture des EGC, trois journalistes ont été condamnés à des peines de prison. Simon Hervé Nko’o, de l’hebdomadaire Bebela, a été condamné, par contumace, à quinze ans de prison ferme, tandis que Serge Sabouang, directeur de publication du bimensuel La Nation, et Robert Mintya, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Devoir, ont écopé chacun de deux ans de prison avec sursis.
Les journalistes avaient sollicité, début 2010, un rendez-vous avec le secrétaire général à la présidence, Laurent Esso. Ils souhaitaient lui demander de commenter un document prétendument signé de sa main. Les trois hommes sont depuis poursuivis pour « contrefaçon de signature », les autorités leur reprochant d’avoir imité la signature de Laurent Esso sur ce « faux document ».
Depuis le déclenchement de l’affaire, en février 2010, Simon Hervé Nko’o est en fuite. Ses deux confrères avaient, quant à eux, été arrêtés et placés en détention préventive à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé.. Ils n’avaient été remis en liberté provisoire qu’en novembre de la même année. Un quatrième journaliste, Ngoto Ngota Germain, dit Bibi Ngota, directeur de publication de Cameroun Express, avait lui aussi été écroué. Il est mort en détention, le 22 avril 2010, faute de soins.
Depuis plusieurs semaines, certains médias camerounais ainsi que des organisations professionnelles contestent la tenue des Etats généraux de la communication et estiment que le ministère de la Communication organise cet événement sans concertation préalable avec le secteur de la presse. Le syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) a appelé à un « boycott actif » des EGC.