L’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun, Me Yondo Black, dans un texte publié ce 12 décembre dans les réseaux sociaux estime que le chef de l’Etat Paul Biya entretient le tribalisme pour se maintenir au pouvoir et l’appelle à démissionner avant « sans que nous ayons à vous pousser vers la sortie ».
« (…) vous utilisez grossièrement une arme nouvelle : le tribalisme. Ainsi, on s’oppose aux bamilékés, le bamiléké s’oppose au béti, le béti s’oppose au bassa, le bassa s’oppose au Douala etc… », déclare-t-il en ajoutant : « Tout cela ne constitue que des manœuvres dediversion pour gagner du temps et perdurer au pouvoir éternellement », s’adressant à Paul Biya.
« Démissionnez sans que nous ayons à vous pousser vers la sortie. », lui intime-t-il.
Me Yondo Black est un ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun, opposant historique au régime de Paul Biya, qui a rejoint la coalition autour de Maurice Kamto après l’élection du 07 octobre pour l’aider à revendiquer sa « victoire » face à Paul Biya.
Ci-dessous, l’intégralité du texte de Me Yondo Black :
La Coupe d’Afrique des Nations devait initialement se jouer au Cameroun en JANVIER 2019. Nous sommes aujourd’hui au mois de décembre 2018, pas un stade n’a encore été testé. Quelle image
donnons-nous du pays ! La FIFA a donné au Cameroun beaucoup d’argent entre 2OO2 et 2012.
- 1. 20 millions de dollars pour la construction des infrastructures sportives au rang desquelles les stades, entre autres celui de JAPOMA et celui d’OLEMBE. Les fonds ont été décaissés en 2008 et dix ans après, aucun de ces deux stades n’est terminé 2. 6 millions de dollars pour le siège de la FECAFOOT et le centre technique qui devait être terminé en 2O13. Une simple vue de l’esprit.
Des sources bien informées disent que le STADE PAUL BIYA, sis à Olembé, banlieue de YAOUNDE, est évalué à 163 MILLIARDS de francs CFA pour 60 mille places, celui de JAPOMA, évalué à 150 MILLARDS de francs pour 5O mille places.
A titre de comparaison,
Le stade du 26 Mars au MALI pour 60 mille places a coûté en 2002 la modique somme de 18 milliards de francs.
A ABIDJAN, en Côte d‘Ivoire, un stade 6O mille places a coûté 5O MILLIARDS de francs, les travaux sont terminés et le stade déjà prêt pour la CAN de 2021.
Au GHANA, 2 stades dont l’un a coûté 10 milliards de francs CFA, l’autre, le stade olympique, 16 milliards de francs CFA.
Quels écarts !
A ces milliards de francs CFA décaissés par la FIFA et la CAF, s’ajoutent, prélevés du budget de l’Etat du Cameroun, 55O milliards de francs CFA auxquels viendront s’ajouter les 25O milliards en supplément pour compenser le fait d’être parti de 16 équipes participantes à 24.Souvenez-vous :
C’est en 2014 que le Président BIYA obtient d’organiser la CAN en janvier 2019. Le nombre des équipes devant y prendre part étant passé de 16 à
24, il fut concédé au Cameroun de repousser l’ouverture de la compétition de janvier à Juin 2019, un passe-droit que la CAF n’accorde pour ainsi dire, jamais. Et pour lui alléger la charge, la FIFA et la CAF
ont alloué au Cameroun d’immenses sommes d’argent qui devaient servir à la construction des infrastructures sportives, dont le siège de la FECAFOOT, un centre technique et des stades dont celui d’Olembé baptisé stade Paul BIYA, avant même qu’il ne soit construit.
Les travaux de construction du siège de la FECAFOOT ont débuté en novembre 2012 ; 6 ans après nous n’avons toujours pas de siège de la FECAFOOT, et pourtant, 786 millions de francs ont déjà été engloutis. Le stade Paul BIYA à Olembe dont les travaux ont débuté en 2009 n’est toujours pas en fonction, 9 ans après, alors que le coût des travaux prétendus déjà réalisés se trouve évalué à la somme de 412 milliards de francs. Et ici il est important de relever que ce stade est celui-là où devaient se dérouler toutes les manifestations d’ouverture de la CAN, un stade construit sur du préfabriqué par une entreprise italienne recrutée à la sauvette pour parer au plus pressé. Tant pis pour les risques d’effondrement suite à des malfaçons non décelées
et aux autres vices cachés.
Le tour cycliste du Cameroun de 2018 repoussé, puis recomposé pour être enfin annulé, était prévu pour un budget de 350 millions de francs que le Ministre des sports avait obtenu du Ministre des finances. Que sont devenus ces fonds ?
Le redressement de CAMAIR-CO sur 3 ans a coûté 60 milliards de francs, décaissés du Trésor camerounais, pour s’entendre dire 2 ans plus tard que la compagnie est interdite de voler par l’IATA.
Devant l’importance des sommes englouties ça et là, un Parlement responsable aurait déjà interpellé le Gouvernement.
C’est donc une somme de près de deux mille milliards de francs CFA qui été engloutis pour que le Cameroun puisse offrir aux yeux du monde une des plus belles fêtes du football. Et nous y croyions, surtout lorsque nous avons entendu le Chef de l’Etat, le Président BIYA lui-même, s’engager en personne. Ses propos sonnent encore aujourd’hui à nos oreilles :
« Notre pays sera prêt pour cette grande fête de l’amitié J’en ai pris l’engagement » Le Président tire sa légitimité et son pouvoir du peuple camerounais qui a bien voulu lui confier la conduite de son destin. C’est un mandat. Il doit répondre de ses actes face à ce peuple souverain auquel il a des comptes à rendre.
Oui, souvenez-vous. Souvenez-vous de l’affaire de la huitième coupe d’Afrique en 1972. 12 ans seulement après l’accession du Cameroun à
l’indépendance, le Président Ahmadou Ahidjo a organisé avec succès la CAN. Cet Homme que de mauvaises langues ont osé qualifier d’illettré, alors qu’il est ancien élève de l’Ecole Supérieure, cette école qui a formé le gratin de l’Administration du pays. Paul Biya s’est révélé incapable de relever un défi similaire, après 35 années à la tête de l’Etat, lui qui était plus outillé que son illustre prédécesseur. Sous sa gouvernance, l’organisation de la CAN vient d’être retirée au Cameroun, le
Cameroun, un pays de football, le pays de MBAPPE LEPPE et d’Isaac MBETTE, le pays de Roger MILLA et d’ETO’O Fils.
Ahmad AHMAD vient, en effet, d’annoncer à la face du monde entier que le Cameroun n’a pas su mettre à profit, et le temps et l’argent qu’il a
reçus pour organiser avec succès la tenue sur son sol de la Coupe d’Afrique des Nations de football.
Un couperet ! C’est une déception. Comme beaucoup de Camerounais, j’ai accueilli la nouvelle comme un coup de massue qui m’est tombé sur la tête, bien que ce ne fût pas totalement une surprise.
Pour tout dire, je m’y attendais, connaissant l’homme qui croit que
le monde entier vit selon le temps du président, le maître des
horloges, l’homme-lion doté d’une forte expérience.
Je ne vous le cache pas ; mais je suis soulagé parce que, par cette tragédie, le monde entier va se rendre enfin compte du calvaire que vit notre pays depuis l’avènement de Paul BIYA au Pouvoir et ses 35 années de règne sans partage et sans lisibilité. Ma réaction n’a cependant rien à voir avec ce que ces thuriféraires du régime ne vont pas tarder à qualifier de ‘’comportement antipatriotique’’. Cet antipatriotisme se trouve bien au contraire de leur côté. Sinon comment comprendre que l’on veuille nous faire croire que la journée de travail d’un manœuvre sur un chantier de la CAN coûte 500.000 francs, que le coût d’un camion de sable revient à 700.000 francs ; des surfacturations de cette nature sont légions et bien cautionnées par le Citoyen de Genève.
Ne vous trompez surtout pas d’adversaire. On ne peut pas faire de procès de patriotisme à des Camerounais qui ne demandent que les choses soient faites normalement, dans la transparence, selon les règles de l’art et dans le strict respect de nos lois et règlements.
Je suis de formation Juriste, et connaissant les pratiques du régime, le jeu de nos institutions, je ne verserai pas dans le camp de ceux qui voudraient voir reposer la honte dont souffre notre pays sur l’entourage du Chef de l’Etat. La théorie du bouc émissaire ne peut pas jouer dans le cas d’espèce, surtout lorsque l’on a à l’esprit ce :
« Le Cameroun sera prêt le jour dit,
Je m’y engage personnellement »
A cette passe de la vie du pays des crocs-en-jambes de l’équipe
gouvernementale se multiplient.L‘heure des comptes a sonné. Des secrets jusquelà savamment entretenus sont distillés. Les grandes victimes se recrutent parmi les responsables occupant des postes stratégiques et donc convoités.
C’est dans cet esprit qu’une correspondance du Ministre NGANOU DJOUMESSI sollicitant de son Collègue des Marchés publics une autorisation pour passer un marché de gré à gré d’agrandissement de la pénétrante-Est de Douala, a fuité ; le plus choquant reposait alors sur le fait que le marché portait sur une somme de 42 milliards de francs CFA pour un tronçon routier long d’environ une dizaine de kilomètres.
Au cours de la séance de travail tenue autour du Premier Ministre Yang Philémon, deux dignitaires de la République sont au banc de l’accusation, Messieurs Ferdinand NGOH NGOH et Séraphin Magloire FOUDA, mais ceux-ci ne veulent pas mourir seuls ; ils mettent en cause Louis Paul MOTAZE, actuel Ministre des finances, question de divertir car chacun sait que Monsieur MOTAZE qui n’est sans doute pas un Saint dans la tanière du Renouveau était depuis fort longtemps éloigné du dossier de la CAN. Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage.
De février 2017 à mai 2018, l’Etat du CAMEROUN a passé pour 690 milliards de francs CFA de marchés pour le compte de la CAN 2019 et sur 51 marchés passés par la TASK FORCE de la Présidence de la République sous le commandement du SG Ferdinand NGOH NGOH et son assistant AYEM, avec la complicité du SG des Services du Premier
Ministre, 41 l’ont été par la procédure de gré à gré.
Les abus qui en résultent indiquent bien clairement que la fin est proche.
Quand allez-vous le comprendre, Monsieur BIYA bi MVONDO ?
A la place, vous utilisez grossièrement une arme nouvelle : le tribalisme. Ainsi, on s’oppose aux bamilékés, le bamiléké s’oppose au béti, le béti
s’oppose au bassa, le bassa s’oppose au Douala,
etc… Tout cela ne constitue que des manœuvres de
diversion pour gagner du temps et perdurer au
pouvoir éternellement. Sous le prétexte de coup
d’Etat, Vous avez organisé contre le grand Nord un véritable génocide contre lequel l’ego des leaders de ces régions n’a pas permis d’exiger des comptes. Voilà l’état de votre République. De tout cela, vous aurez à répondre. Si l’horloge du diable est maitrisable, personne ne saurait arrêter le temps de Dieu. Quand vous ne serez plus Président, le pays retrouvera vos charniers, des fosses communes.
Vous avez tué BIBI NGOTTA, le journaliste Jules Koum Koum. Vous avez tué 15O enfants en 2008, vous avez tué en 2009 des universitaires, les Avocats n’ont pas été épargnés. Vos sbires ont assassiné la Secrétaire de MARAFA HAMIDOU YAYA. Vous avez tué autant de Camerounais que vous avez pu, mais ceux qui survivront les vengeront. A ne point se tromper, derrière votre beau visage se cache un dictateur, le plus grand sanguinaire que le Cameroun ait connu.
Lorsque l’on a eu la chance de présider sans restriction aux destinées d’un pays et que le bilan n’est que misère, désolation, humiliation, isolement, la perte de confiance de tous les pays amis, celui qui a un minimum de sens de l’honneur et des responsabilités dépose son tablier, à défaut d’être contraint à la démission, soit par le Parlement qui doit recevoir de lui des comptes au nom du peuple, soit par la rue, lasse de se voir flouée dans ses droits , soit par des hommes en uniformes, que la fibre patriotique aura amenés à se souvenir ‘’enfin’’ qu’ils ont aussi juré d’assurer la défense, non seulement de la Nation et de ses institutions, mais aussi des biens et des hommes et ils ne sauraient de ce fait être au service d’un régime, encore moins d’un homme.
Monsieur Biya, vous ne représentez désormais pour le Cameroun que la honte, la fracture sociale, la mal gouvernance, l’isolement, l’humiliation, les dettes
Alors, démissionnez !
Démissionnez sans que nous ayons à vous pousser vers la sortie.
Ce que le Cameroun attend, c’est le renouvellement de la classe politique… qui seul permettra un dialogue inclusif, lieu de retrouvailles idéal des fils et filles de notre cher pays et un toilettage total de nos institutions.
A bon entendeur, salut !
J’ai dit.
Black Yomdo
Avocat au Barreau du Cameroun
Ancien Bâtonnier de l’Ordre