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Cameroun : Un comptable accusé de toucher le salaire d’un militaire

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En jugement devant le TCS pour un supposé détournement de 187 millions de francs, il est soupçonné d’être le cerveau d’un réseau de trafic de salaire à la Fonction publique.

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Tribunal Criminel spécial (c) Droits réservés

La situation de Jean David Ona Ebo se complique devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Alors que le concerné, ancien chef service de la comptabilité de la perception de Yaoundé-Ngoa Ekelle est en jugement pour un supposé détournement de la somme de 187 millions de francs, l’accusation vient de verser des éléments supplémentaires pour le noircir davantage. Outre les faits au centre de ce forfait, M. Ona Ebo est désormais soupçonné d’être impliqué dans un réseau de fraude de salaires à la Fonction publique.

Le 6 novembre dernier, M. Mbang Oliboko, le représentant du ministère des Finances (Minfi) parties civiles (victime) dans la procédure a profité du contre-interrogatoire de l’accusé pour alourdir les charges. Certaines de ses questions tendaient en fait à démontrer que le mis en cause serait au centre d’un autre forfait. En effet, l’accusé est un contractuel d’administration, et percevrait un salaire de 90 mille francs.

Mais depuis ses démêlés avec la justice, ce salaire a été suspendu en 2015 par le ministre des Finances après sa « mise en détention provisoire » à la prison de Kondengui. En dépit de la mesure du Minfi, M. Ona Ebo aurait continué de toucher le salaire d’un militaire du grade d’adjudant dans un compte ouvert dans les livres de la microfinance dénommée Cepi.

« Comment depuis 2015 à décembre 2018, période pendant laquelle le ministre des Finances a fait suspendre votre salaire du fait de votre détention, vous percevez te salaire d’un adjudant de l’armée de terre ? Et de janvier à avril 2019 celui de contractuel d’administration ? »

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Répondant à ces interrogations, M. Ona Ebo déclare qu’il a été recruté dans la Fonction publique comme cadre contractuel en 1999. Il a ouvert un compte courant dans les livres de la Cepi « agence centrale » où son salaire est viré. Il avoue qu’après la décision du Minfi suspendant son salaire, il a continué de percevoir son salaire à travers sa carte bancaire « une ou deux fois ».

« Sur la question, j’avoue que j’étais au courant de cette situation. Je touche mon salaire à la banque comme je suis régulièrement sur découvert. Maintenant que vous me le faites savoir, je vais prendre des dispositions pour remédier à la situation. » Pour le confondre, le représentant du Minfi a versé aux débats 46 bulletins de solde des salaires décriés ! Le tribunal a admis « en la forme » les documents présentés par le représentant du Minfi comme pièce à conviction.

Stabilité financière

Il est reproché à M. Ona Ebo d’avoir procédé à l’enregistrement de plusieurs faux bons de commande lorsqu’il occupait le poste de chef de service de la comptabilité à la perception de Yaoundé Ngoa-Ekelle en 2012. Ce qui aurait facilité le décaissement des fonds litigieux.

L’accusation, M. Ona Ebo aurait autorisé le paiement des bons litigieux sur des « lignes budgétaires épuisées » c’est-à-dire sans crédit. Le forfait a été découvert après l’affectation de l’accusé à Akonolinga. L’accusation estime que le mis en cause était la seule personne au moment des faits à recevoir et à traiter les bons de commandes litigieuses qu’il transmettait au percepteur pour validation, puis suivait le paiement.

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Pour sa défense, M. Ona Ebo affirme qu’à l’époque des faits, la perception disposait de cinq ordinateurs auxquels les employés du service avaient accès. « Chacun avait accès aux données que lui permettait d’avoir son profil C’est le percepteur qui administrait les profils ». Il indique que le traitement des bons de commande ne nécessitait pas toujours la présence du prestataire.

« C’est le percepteur qui recevait les prestataires au moment du paiement ». Le ministère public lui a demandé s’il était possible que ses collègues utilisent les éléments de sa machine. L’accusé répond par l’affirme en précisant qu’il transmettait souvent tes dossiers traités au percepteur à l’aide d’une clef USB accompagnés de pièces physiques.

Le ministère public a rappelé à l’accusé qu’il a approuvé les résultats de la mission de vérification. M. Ona Ebo s’est ravisé en réclamant qu’on lui présente tes documents querellés « pour voir si un élément a été mal saisi ».

L’accusé indique qu’il procédait à certaines « interventions » en faveur des usagers en contrepartie de pourboires qui lui assuraient « une stabilité financière » à la fin des mois. L’audience reprend le 22 novembre prochain pour les réquisitions finales du ministère public.


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