Du 30 septembre au 04 octobre 2019, le gouvernement Camerounais a organisé un Grand Dialogue National prioritairement consacré à la recherche des solutions pour résoudre la crise sociopolitique et sécuritaire qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis trois ans.
Dans la foulée du dialogue, 333 détenus en lien avec cette crise ont vu les poursuites judiciaires contre eux abandonnées. Il y a également et surtout eu l’abandon des poursuites devant le Tribunal Militaire de Yaoundé contre le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et une centaine de ses militants et alliés.
Ces derniers arrêtés pour la plupart les 26 et 28 janvier 2019 à la suite des marches dites blanches pour notamment contester les résultats de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 à la quelle le Président du MRC est officiellement arrivé en 2èmeposition, ont été libérés le 05 octobre 2019.
Si les faits mentionnés devraient normalement contribuer à détendre une atmosphère politique délétère au Cameroun, le constat qui se dégage est qu’on n’en pas encore là.
Le MRC et ses alliés affirment que ce qu’ils appellent « la résistance nationale » va se poursuivre.
Les violences continuent dans les régions anglophones où la crise a déjà fait au moins 2.000 morts selon plusieurs organisations non gouvernementales et provoqué le déplacement de plus de 500.000 personnes selon l’ONU.
Après l’organisation du dialogue et la libération des détenus de la crise post-électorale, l’idéal serait la formation d’un gouvernement d’union avant l’organisation des élections qui devraient parfaire un processus de consolidation de la paix et de réconciliation des cœurs.
La tâche n’est pas évidente, car cela suppose par exemple que des représentants des mouvements sécessionnistes et des poids lourds de l’opposition acceptent de siéger ou d’être représentés dans un tel gouvernement.
Pour y arriver, d’autres tractations sont nécessaires. En effet, chaque entité viendra avec son projet ou programme sur lequel un éventuel gouvernement doit travailler ; ce qui aura l’avantage de faire en sorte que des discussions s’ouvrent sur des sujets et des détails qui n’ont pas pu être abordés pendant le Grand Dialogue National avant que le gouvernement d’union ne voit le jour.
Par ailleurs un tel Cabinet aura une mission précise et un agenda clair jusqu’aux futures élections qui devraient départager les uns et les autres.
Si un véritable gouvernement d’union nationale est mis sur pied au Cameroun, le pays avancera, rien que par cet acte, d’au moins 50% sur le chemin de la résolution des multiples crises auxquelles il est confronté.
Cela relève pour l’instant d’un rêve qui n’est cependant pas utopique. Car en politique, non seulement tout est possible, mais aussi, on ne peut raisonnablement ne pas imaginer des représentants des ex- mouvements séparatistes dans un gouvernement au Cameroun à la fin de la crise anglophone ; à moins que le problème soit insoluble, ou que la sécession soit actée.
Eric Boniface Tchouakeu