L’information est contenue dans les colonnes de l’hebdomadaire Kalara dans sa livraison de cette semaine.
Emmanuel Claude Mbarga, 35 ans, inspecteur de police principal est dans le gnouf. Après les deux ans déjà de détention à la prison centrale de Kondengui, Emmanuel Claude Mbarga devra encore y rester pendant 8 ans en compagnie de son complice M. Ndum Yang Lewis, 37 ans, commerçant spécialisé dans la location des véhicules.
La décision est du Tribunal criminel spécial (TCS) devant lequel ils faisaient l’objet des poursuites judiciaires relatives à une affaire de faux bons de caisse.
« En prélude à leur décision, tes juges ont rappelé que Emmanuel Claude Mbarga et son coaccusé étaient renvoyés en jugement devant la juridiction d’exception pour une tentative de détournement de deniers publics d’une somme évaluée à 66 millions de francs. Les faits au centre du litige concernent l’enregistrement avorté dans les services du ministère des Finances (Minfi), de 14 faux états de sommes dues de militaires », nous renseigne Kalara.
Les mis en cause avaient toujours clamé leur innocence pendant toutes les phases du procès, en arguant qu’ils ne connaissaient pas le contenu de l’enveloppe qui contenait les 14 faux états de solde.
Mais leurs arguments n’ont pas convaincu le tribunal qui a déclaré M. Ndum Yang Lewis coupable de tentative de détournement des fonds publics.
Dans les colonnes de l’hebdomadaire, l’on apprend que « les juges ont expliqué que la tentative de détournement est punissable au même titre que le détournement lui-même. Surtout que dans cette affaire, “le stratagème” de l’accusé Ndum Yang Lewis consistant à dépouiller l’État de ressources en montant de faux états de soldes introduits dans le circuit du Minfi par ses complices, n’a échoué que grâce à la vigilance des responsables de la Sous-direction dé la solde qui ont découvert la supercherie à temps ».
Les juges concluent qu’il y a eu un commencement du crime qui aurait causé, s’il avait abouti, un énorme préjudice financier de 66 millions de francs au trésor public. S’agissant du cas de Emmanuel Claude Mbarga, le tribunal l’a reconnu coupable des faits de complicité de tentative de détournement des deniers publics.
Les juges du TCS reprochent au policier d’avoir aidé son coaccusé à introduire de faux documents au ministère des Finances avec l’intention malveillante de déposséder frauduleusement le trésor public de ses ressources.
Des juges soutiennent que c’est parce qu’il était conscient, que les documents qu’il détenait étaient irréguliers qu’il a préféré, au lieu de les déposer lui-même, envoyer une tierce personne 1er faire à sa place.
En prenant la parole au nom de l’État, partie civile dans le procès, le représentant du Minfi a indiqué que son employeur ne revendique pas une réparation matérielle qu’il n’a pas subie.
En revanche, il sollicite que le tribunal condamne les coaccusés à payer la somme d’un million de francs à l’État, pour combler les frais de procédures qui ont été engagés pendant ce procès.
L’avocat général a, pour sa part, demandé au tribunal de punir sévèrement les accusés, la tentative étant appréciée comme le crime lui-même. 11 a également sollicité qu’un mandat d’incération soit décerné aux mis en cause, pour le recouvrement, des frais de procédure. Les avocats de la défense qui se dit embarrassés par la déclaration de culpabilité prononcée contre leurs clients ont plaidé pour de larges circonstances atténuantes et des peines leur permettant de rejoindre leur famille respective et de pouvoir se resocialiser.
Après une courte pause, le collège des juges a condamné M. Ndum Yang Lewis et Emmanuel Claude Mbarga à 10 ans de prison chacun. Ils doivent par ailleurs solidairement payer la somme d’un million de francs au ministère des Finances en réparation du préjudice causé à l’État du Cameroun pour les frais de la procédure judiciaire qui vient de s’achever.
À cette somme, s’ajoute celle de 400 milles, francs représentant les frais de justice qu’ils vont verser au trésor public. Enfin, cette décision sera publiée au quotidien national, Cameroon Tribune aux frais des accusés.
Le journal rappelle que le 17 mars 2017, un certain « Américain » était venu dans le garage de M. Ndum, solder ses arriérés qui s’élevaient à 153 mille francs, et lui avait dans le même temps remis une liasse de documents à faire enregistrer aux Finances. Sans lui donner davantage d’explications. Son ami disait qu’il n’avait pas le temps pour accomplir lui-même la diligence parce qu’il se rendait à Bafoussam. M. Ndum Yang dit avoir accepté la mission, mais ne s’était pas intéressé à la nature des dossiers reçus sous pli fermé.
Ne connaissant pas les rouages de l’administration publique, il avait profité de l’entregent de son coaccusé afin qu’il l’aide à enregistrer les documents que lui avait confiés « Américain ». Une tâche que le flic avait acceptée, avec hésitation. Une semaine plus tard, il a été interpellé au motif que les dossiers en question ne sont que de faux ».