Dans une chronique publiée sur Facebook le mardi 4 février 2020, le spécialiste en marketing, Charles Mongue Mouyeme montre que le week-end qui s’est écroulé au pays de Paul Biya a été un week-end des extrémismes.
Le consultant média par ailleurs parle d’un extrémisme religieux à travers le boycott des obsèques de la maman d’un frère. À travers l’inhumation bouleversée de Boris Kevin Njomi Tchakounté, Charles Mongue-Mouyeme pense que « le carriérisme extrême d’un proviseur, la méchanceté extrême d’une ministre de tutelle, et les extrémistes de la « violence légitime de l’Etat » ont ainsi « tué le cadavre » de ce pauvre enseignant ». Selon lui, il y a eu un extrémisme politico-tribal au sujet du meeting de Maurice Kamto à Paris.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.
WEEK-END DES EXTRÉMISMES
Samedi, la maman très croyante d’un frère a été inhumée sans office religieux, parce que sa congrégation religieuse, que feu Président Ahidjo a bien connue, a décidé à la dernière minute de boycotter ses obsèques. Au motif que la famille a commis les énormes fautes impardonnables suivantes : inscrire sur le programme imprimé « Repose en paix », adresse qu’on ne fait pas aux morts ; prévoir un témoignage de la famille dans le programme ; refuser d’éteindre les lumières dans la maison mortuaire le vendredi soir pour bien marquer qu’il n’y a pas de veillée. Extrémisme religieux.
Le même week-end, le jeune enseignant de mathématiques Boris Tchakounté assassiné par un de ses élèves au Lycée de Nkolbisson, était inhumé dans son village, sans les honneurs dus à un soldat de la craie tombé sur le champ de bataille de l’éducation de la jeunesse. L’avant-veille, ses pairs enseignants étaient sortis par centaines pour assister à la levée de son corps, mais le proviseur du Lycée de Nkolbisson avait refusé que des hommages académiques lui soient rendus en son établissement, et les forces de sécurité avaient violemment interrompu la procession funèbre vers l’Ecole Normale Supérieure où il avait été formé, qui devait servir de plan B pour les hommages académiques. Le carriérisme extrême d’un proviseur, la méchanceté extrême d’une ministre de tutelle, et les extrémistes de la « violence légitime de l’Etat » ont ainsi « tué le cadavre » de ce pauvre enseignant.
En France, Maurice Kamto réussissait une impressionnante mobilisation dans le cadre du meeting MRC et alliés organisé Place de la République à Paris. Au moment où les extrémistes de l’Etat répressif exhumaient des lois qui punissent ceux qui incitent les citoyens au boycott des élections, ce meeting dont l’objet central était le boycott des élections du 9 février 2020, apparaissait comme un pied de nez aux actionneurs des « muscles de l’Etat », impuissants en territoire français. Les fanatiques de part et d’autre du microcosme politique bipolarisé du Cameroun ne pouvaient pas ne pas s’inviter à pareille fête : ici, un panafricaniste euphorique déclare que si on n’est pas pour Kamto, on est forcément pour Biya, parce qu’il n’y pas d’autre alternative ; là un autre cadre du MRC dit à la télé qu’il y avait plus d’un million de personnes à ce meeting ; en face, on profère des menaces de mort contre le traitre Nkodo Si Tony qui a commis le sacrilège de chanter à un rassemblement des ennemis du « pays organisateur » auquel il appartient ; et les « labos » dédiés n’ont rien trouvé d’autre que d’attribuer au très vertueux (!) Nicolas Sarkozy des propos stupides contestant l’organisation de meetings d’africains à Paris. Extrémisme politico-tribal.
Dimanche paisible ? Impossible avec la campagne électorale. Meeting du parti de celui qui a chassé Bolloré du Port Autonome de Douala (!) à Akwa : « Douala 1er est l’arrondissement des autochtones » clame-t-il devant la centaine d’individus composant son auditoire. Sous-entendu, les autres arrondissements de Douala ne sont pas ceux des autochtones. L’hypocrisie et la manipulation poussées à l’extrême.
Pendant ce temps, le ministre délégué à la justice en charge des réseaux sociaux est en train de remettre dans la rue son nouveau passeport qui n’arrivait pas à sortir de la DGSN à l’artiste Longue Longue. Une promesse faite une semaine plus tôt à l’émission Dimanche avec Vous sur Equinoxe Tv. Promesse tenue : les procédures, c’est pour les citoyens ordinaires, pas pour les membres du gouvernement qui sont au-dessus des lois. République bananière en démonstration extrême.
Charles MONGUE-MOUYEME
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