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Cameroun : Une marmite de gris-gris sème la polémique à Ngaoundéré

lycee de ngaoundere

L’affaire déchaîne des passions depuis le 26 févier 2019 au collège islamique Cheick Hamdan de Ngaoundéré. À cette date, Abdoul Kadiri, surveillant général, Ousmanou, enseignant de français et Amata Abaicho, surveillante de secteur, sont notifiés de leur licenciement.


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L’entrée du collège Islamique Cheik Hamdan à Ngaoundéré (c) L’oeil du Sahel

« Nous avons été confrontés à un problème. Certains musulmans ont formé un groupe en coulisse. Ils ont insulté et incité à la violence contre les non musulmans. J’ai donc convoqué, de toute urgence, une réunion lors de laquelle nous avons établi les responsabilités. Vu la situation actuelle du pays, nous avons jugé que ce genre de problème ne doit pas commencer à Ngaoundéré. C’est ainsi que nous avons décidé le 26 février 2019 de nous séparer de l’enseignant de Français, du surveillant général et de la surveillante de secteur », déclare Talba Dalatou, principal du collège.

De manière concrète, « Il y a eu des injures, des calomnies ayant débouché sur des bagarres. On a entendu des musulmans dire aux chrétiens qu’ils n’ont pas une bonne hygiène. D’aucuns ont dit aux non musulmans qu’ils n’honorent pas aux invitations pour les fêtes de baptême parce qu’ils ne sont pas propres. Et que les enseignants et élèves chrétiens feraient mieux de regagner le collège de Mazenod », poursuit le principal.

Yaya Adamou, conseiller juridique du collège, a suivi de près la rupture du contrat avec les trois employés. « À la suite de plusieurs faits posés par certains, considérés comme des fautes lourdes, nous avons décidé de licencier les mis en cause. Il s’est agi du viol du règlement intérieur de l’école. Concrètement, la division dans le personnel puisque certains avaient décidé d’interdire l’accès aux élèves non musulmans. Les enseignants non musulmans ont donc passé une semaine sans dispenser les cours. Le conseil d’établissement a décidé, après plusieurs demandes d’explications et des avertissements, du licenciement. Ils peuvent se plaindre pour réclamer leurs droits sur lesquels on s’est accordé. J’ai pris contact avec le délégué régional du Travail et de la Sécurité sociale », précise-t-il.

Mais «en réalité, lorsqu’il y a faute lourde, on ne reverse pas les droits. On peut délivrer un certificat de travail et le salaire du mois en cours. Mais dans le cas d’espèce, nous avons donné des primes de bonne séparation et nous avons payé le salaire de février 2019 deux fois», réitère Yaya Adamou. De ce fait, il a été proposé au sieur Ousmanou la somme de 633458 Fcfa, à dame Amata Abaicho, 750678 FCfa et à Abdoul Kadiri, 730 678 FCfa.

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De l’argent liquide, affirme le principal du collège. Mais coup de tonnerre, après signature des protocoles d’accord, les intéressés vont décliner les offres et ne signeront pas le procès-verbal de conciliation totale. Ils saisissent plutôt le délégué départemental des Enseignements secondaires de la Vina, Alim Garga. Reste attendu son avis sur l’affaire.

Mais avant d’en arriver au licenciement, les responsables du collège et les personnels aujourd’hui compressés croient, chacun, savoir ce qui est la cause du conflit actuel. D’abord, l’organisation du 08 mars 2018.

Selon les responsables du collège, les femmes ont décidé de cotiser la somme de 2000 FCfa chaque fin du mois pour la célébration de cette journée consacrée à la femme. Toutes les réunions se tenaient chez Amata Abaicho.

Mais la fête devait être organisée chez une non musulmane ; ce qui a posé problème, remettant au goût du jour les préjugés « d’hygiène légère », nourris contre les chrétiens, arguent-ils. Mais l’un des problèmes de fond du collège, est bien le déterrement des « talismans ». « L’établissement a été construit en l’an 2000. A un coin de la clôture, on a construit des toilettes à côté desquelles poussaient de tiges de « Ndolè» que le personnel coupait pour divers usages. Le 28 mai 2018 à 7h45, j’ai demandé de déraciner ces tiges parce qu’elles étaient à côté des toilettes. Et c’est Abdoul Kadiri qui supervisait cette tâche. Entre 10h30 et 11h ce 28 mai, ils ont découvert une « marmite en terre » sous les tiges de Ndolè déterrées. Abdoul Kadiri m’a rassuré que tout s’est bien passé, mais à 17h, il s’est pointé chez le représentant du fondateur avec un autre surveillant de secteur pour lui présenter la fameuse marmite.

Le lendemain, le chef m’appelle et me fait part du problème. Je n’ai donc pas compris que je confie un travail au surveillant général, qui m’a dit qu’il n’y avait rien à signaler, mais que par la suite, ma hiérarchie me saisisse sur le cas d’une marmite déterrée.

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Deux ou trois jours après, la marmite en question a été brûlée. On a fait appel au premier principal du collège pour connaître l’origine de la marmite. Tout ce qu’il a dit, c’est qu’en 2006, il y avait le phénomène des transes et qu’on a dû faire beaucoup de sacrifices. En plus, l’établissement était aussi dans la forêt, donc, beaucoup de choses ont dû se passer », relate Talba Dalatou.

La réplique d’Abdoul Kadiri, concordante avec les faits rapportés par le principal, s’en dissocie avec quelques détails. « Le principal m’avait donné l’ordre de déterrer deux plantes de Ndolè. J’ai envoyé le personnel d’appui, Njike Jean et papa Emmanuel. En déterrant donc, ils ont découvert un canari qui contenait des gris-gris. Au bout de 30 minutes de débat, ils m’ont informé. Mais je sais qu’il y avait déjà eu un antécédent par rapport à un talisman déterré, une planchette en fer qui contenait des informations, et que Oumarou Sanda, le veilleur de nuit qui avait déterré avait été chassé du travail. De fait, les gens se sont dit que le principal lui avait gardé rancune parce qu’il l’avait vu en train d’enterrer ladite planchette. Je me suis donc dit que cette histoire crée souvent des problèmes au collège et j’ai demandé au personnel d’appui la conduite à tenir : ils m’ont dit que si j’apporte cette marmite chez le principal et que le représentant du fondateur l’apprend, je serai chassé du travail. Non sans m’avertir que c’est une affaire grave. J’ai cru que c’était fini, mais un jour, pendant une réunion de coordination, le principal m’a rappelé qu’il a pris comme de la trahison le fait de déterrer une marmite et d’aller directement la remettre au fondateur », renchérit-il.

Et de manifester son étonnement aux motifs de son licenciement, notamment le fait de « tenir souvent le Coran et le chapelet au collège islamique » et de se demander « s’il faut tenir ce Coran au Mazenod ou au collège protestant » ; en tant que surveillant général, «de se plaindre que les enfants n’aiment pas trop la prière » et «de stigmatiser les élèves étrangers ».


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