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Cameroun : Une pétition lancée pour la libération du journaliste Ahmed Abba

Ahmed Abba

Au Cameroun, Cela fait plus de 16 mois que notre correspondant en langue haoussa, Ahmed Abba, est en prison. Il est suspecté de complicité de terrorisme, mais aucun élément matériel n’est venu étayer ces accusations, et la parodie de justice qui tient lieu de procès n’en finit pas.


Ahmed Abba
Ahmed Abba – DR

A quelques jours d’une énième audience, prévue mercredi, 04 janvier 2017, une pétition a été lancée par des confrères journalistes et par des artistes pour exiger la libération d’Ahmed Abba. Parmi eux, Souley Onohiolo, grand reporter au quotidien camerounais Le Messager. Invité d’Afrique Matin, il répond aux questions de David Baché.

RFI: Souley Onohiolo, vous lancez une pétition pour exiger la libération d’Ahmed Abba. Qui a pris cette initiative ? Qui sont les premiers signataires ?

Souley Onohiolo : Les premiers signataires sont les professionnels de la communication, l’ensemble des journalistes soucieux de la liberté d’expression, la liberté d’informer, le droit d’être informé.

Au commencement, la décision d’une pétition est prise par les journalistes. Et naturellement, nous avons pensé que les journalistes seuls ne suffisent pas. Elle est ouverte aux artistes, aux hommes qui sont soucieux des droits de l’homme…

Il y a même des producteurs de cinéma. Il y a des réalisateurs, il y a des hommes politiques qui sont accessibles. En fait, c’est une pétition qui est ouverte à tout le monde, à tous ceux qui sont soucieux des droits de l’homme.

Ahmed Abba a été arrêté le 30 juillet 2015. Depuis, son procès va de renvoi en renvoi. Est-ce que l’accusation a produit des preuves, des éléments matériels contre Ahmed Abba?

Le 4 janvier 2017, on en sera à dix audiences et dix-sept mois de détention pour Ahmed Abba. Ce temps permet de dire qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour affirmer la culpabilité de notre confrère.

Parce que s’il y avait assez de charges, nous ne pensons pas qu’on en serait là, à ne même pas ouvrir le jugement ! Parce que de renvoi en renvoi, ça permet de penser qu’il y a au départ un déni de droit. Le tribunal militaire veut se donner du temps.

Pensez-vous que la justice camerounaise traite ce dossier normalement, correctement ?

Vous savez, je ne voudrais pas être poursuivi d’erreurs pour des déclarations «anti», ou alors pour immiscions pendant les procédures, mais nous disons, répétons et affirmons simplement que dix-sept mois de prison sans jugement dans un pays de droit ce n’est pas évident, ce n’est pas normal.

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Alors, si Ahmed Abba est coupable de ce pourquoi il est poursuivi, il faut qu’il soit jugé ! Le Cameroun est un pays de droit et s’il n’est pas jugé, ça veut dire qu’il y a quelque part quelque chose qui ne tourne pas rond.

Est-ce que vous pensez que les droits d’Ahmed Abba jusqu’ici ont été respectés ?

Non. Nous ne le pensons pas. Nous ne le pensons pas, simplement parce que vous savez comment ça a commencé. Pendant très longtemps, on a cherché à savoir où il se trouvait. C’est plus tard qu’on l’a retrouvé très amoché. Ça veut dire que jusqu’à aujourd’hui, on ne peut pas affirmer que ses droits sont protégés. Et c’est en cela que nous pensons que même les structures qui sont chargés de la protection des droits de l’homme doivent mettre la pression sur la justice militaire pour savoir ce qu’il en est.

Le 31 décembre, le président de la République va s’adresser à la Nation. Il va continuer à revendiquer que le Cameroun est un pays de droit, est un pays où les droits de l’homme sont protégés… Le ministre de la Communication ne cesse de dire qu’il n’y a pas de prisonniers politiques, il n’y a pas de gens qui sont détenus sans que les droits de l’homme ne soient respectés. Pourtant, le cas Ahmed Abba est en tout cas flagrant !

Mercredi, une nouvelle audience est prévue pour le procès d’Ahmed Abba. Qu’est-ce que vous en attendez ? Que peut-il se passer ?

Très franchement, si le Cameroun doit rester un pays de liberté d’expression, si le Cameroun doit rester un pays où la liberté d’informer est affichée, nous pensons qu’il faut libérer Ahmed Abba. Et c’est en cela que la pétition est intitulée «Libérez Ahmed Abba».

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Nous espérons, nous attendons pour le Cameroun lui-même un sursaut d’orgueil pour montrer, après le discours du président de la République, que le Cameroun a fait une grande avancée.

Tant qu’il n’est pas démontré qu’Ahmed Abba représente un danger pour le Cameroun, il faut le libérer, quitte à ce qu’on continue ce procès mais qu’il soit libre. Nous osons croire que la justice militaire du Cameroun va prononcer la libération d’Ahmed Abba.

Dans la pétition que vous venez de lancer, vous demandez la libération d’Ahmed Abba. Vous demandez aussi la fin des poursuites contre trois de ses confrères camerounais.

Oui. Ahmed Abba risque la peine de mort ! Quant aux trois confrères, ce sont Rodrigue Tongué, Félix Cyriaque Ebolé Bola et Baba Wamé. Ils sont inculpés depuis le 28 octobre 2014. Ils sont accusés aussi de non dénonciation et naturellement à leur niveau aussi, ils comparaissent libres. Mais le procès piétine.

C’est comme une épée de Damoclès qui est suspendue sur leur tête, parce que là aussi il n’y a pas les éléments probants. Donc nous demandons aussi la fin des poursuites pour ces trois confrères-là, qui pourraient risquer cinq ans d’emprisonnement.

Cette pétition que vous venez de lancer, où peut-on la trouver ? Comment peut-on la signer ?

Cette pétition se trouve déjà sur Internet. Nous avons ouvert au niveau de Facebook toute une page. Si vous cliquez sur Ahmed Abba, vous allez trouver la pétition. Et là, il y a tous les journalistes. Il y a les plus grands qui ont déjà signé.

Polycarpe Essomba et bien d’autres ont déjà signé. Ils ont la pétition sur leur page. Donc, il suffit de cliquer et le moment venu, on saura que ceux qui sont là sont d’accord avec cela.


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