Dans le contexte de la commémoration du décès de Sa Majesté Jiejip Pouokap Joseph, Roi des Bandrefam, Romain Nono Jiejip, fils du défunt propose son testament à la jeunesse Bandrefam et Camerounaise en général. Lors de la célébration de son 60ème anniversaire de règne, il invitait les jeunes à demeurer la vérité. Selon lui, « L’absence de vérité vous transforme en force négative et par ricochet en un acteur de régression dans le cadre des actions de développement et de valorisation de l’Homme ».
» Demeurez dans la vérité
Par Feu Sa Majesté JIEJIP POUOKAP Joseph, roi des Bandrefam.
Chers amis,
Au moment où nous célébrons mes soixante années de règne, je puis vous assurer que je n’y suis pas parvenu par mes propres forces mais c’est par la Grâce du Dieu Tout Puissant, soutenue en permanence par la recherche de la vérité et rien que la vérité. Seule la vérité peut nous extirper des obscurités artificielles crées par l’Homme pour nous livrer à la lumière, source de notre indépendance physique, morale et spirituelle. Voyez-vous, en soixante années de trône, j’ai personnellement expérimenté les vicissitudes de la vie et à chaque occasion, je me suis relevé par la Grâce de Dieu et par la vérité.
Par la vérité, vous suscitez de saints débats, des combats intellectuels et intelligibles et à votre plus grand avantage, mille écoles rivalisent. Ainsi et ainsi seulement, mille fleurs écloront et donc mille potentiels fruits. Et de ceux-ci, au moins un se distinguera et vous affranchira. Cet exercice engendra sans doute un développement de l’Homme et de l’être, débarrassé de la débauche et de la dépravation des mœurs dans le respect des valeurs morales et spirituelles. L’absence de vérité vous transforme en force négative et par ricochet en un acteur de régression dans le cadre des actions de développement et de valorisation de l’Homme.
J’invite par ailleurs la jeunesse en particulier, à qui nous léguons tout ce dont nous sommes en train de faire maintenant à redoubler d’efforts afin de laisser un souvenir dans ce village comme l’ont fait leurs parents. Pour y arriver, ils doivent s’inscrire en faux contre les mutations négatives que traverse le monde ; je fais allusion par exemple à la drogue, à la prostitution, à l’homosexualité, etc car en s’y adonnant, ils se hissent contre la vérité établie par Dieu et par nos us et coutumes. Ils doivent donc assumer leur part de responsabilité en perpétuant la mémoire ancestrale qui nous distingue des « animaux ».
J’invite donc chacun à demeurer dans la vérité et à cultiver l’amour dans nos foyers, dans nos associations, dans nos entreprises et créer ainsi un cadre permanent de concertation et de dialogue constructifs … Car j’ai la ferme conviction que la conjugaison de ces deux éléments (vérité et amour) est un facteur clé de succès pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés quelqu’en soit l’environnement dans lequel nous évoluons. Cela appelle l’érection les murs de partage, de dialogue et de critique où vont converger toutes les idées propres à affranchir l’Homme de la servitude et à le conduire vers l’émergence.
Pour finir, chers amis, j’ai été plusieurs fois interrogé au sujet de ma longévité au trône et à chaque occasion, mes interlocuteurs ne cessent de m’en demander les secrets. Au-delà de ce qui précède, souvenez-vous que quand Champollion s’efforçait de déchiffrer les Hiéroglyphes, ses camarades lui disaient : «Mais vous perdez votre temps, c’est incompréhensible, ce sont des dessins ravissants, très jolis, mais vous ne pourrez jamais savoir ce que cela veut dire». Et Champollion leur a répondu : «Si ces signes sont de l’homme, ils doivent pouvoir être déchiffrés par l’homme». Pour le paraphraser, je dirai simplement que ma trajectoire a été dessinée par Dieu et Lui Seul en détient les secrets.
Puisse Chi Nkoupmba’a (L’esprit de la forêt sacrée de Bandrefam) vous conduire dans la quête permanente de la vérité qui seule, libère. «
Par Sa Majesté JIEJIP POUOKAP Joseph, un ami personnel et non moins, beau-père de Fo’o Sokoudjou de Bamendjou.
Il était avec Sa Majesté Sokoudjou, les rois de l’Ouest (au pouvoir), les plus anciens au trône.
Il s’agit là des derniers écrits rendus publiques par mon père, Sa Majesté JIEJIP POUOKAP Joseph, roi des Bandrefam, le 10 décembre 2016 à l’occasion de la célébration de ses soixante années de règne.
Il a rejoint ses ancêtres, le 15 janvier 2018, après 62 années au pouvoir. Nous sommes donc ce 24, le 9ème jour après son départ vers les siens.
L’actualité qui me pousse à revenir sur ce message est cette agressivité avec laquelle certains néo-colons déguisés, s’en prennent à nos royaumes aujourd’hui, avec la complicité de certains « chefs » et « élites’ qui ne comprennent rien de leur rôle.
Cette tentative de destruction de nos chefferies qui continue aujourd’hui, date des années 1950 avec le Colon Français qui signait déjà des actes de nominations des chefs dans les chefferies Bamilékés (au 9 ème jour, j’y reviendrai avec des détails).
Romain Nono Jiejip