Vendredi 6 Novembre 2015- Paul Biya célèbre ce vendredi 6 novembre 2015, 33 ans de présence à la tête de l’Etat. 6 novembre 1982–6 novembre 2015, le chef d’Etat camerounais célèbre 33ans d’accession à la magistrature suprême. Il avait remplacé à la tête du pays, Ahmadou Ahidjo le premier président du Cameroun.
Paul Biya lors de sa visite à Paris
Pour l’anniversaire de cette année, Jean Nkuete, le secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir,-dont le président de la République est aussi le président national-, a appelé les militants de sa formation politique, de placer dans la « dignité » et la « sobriété » les festivités.
Les autres camerounais, [la majorité indifférente à cette célébration], sont partagés entre scepticisme sur le bilan des 33 ans du président et l’illusion de vivre dans un pays de libertés. Aloys Parfait Mbvoum, chercheur épidémiologiste et homme politique du SDF, le principal parti de l’opposition, pense qu’il est indécent de parler de démocratie dans un pays où le chef de l’Etat passe 33 ans au pouvoir, « il est indécent de parler de trente 33 ans dans un pays qui se dit démocratique surtout que dans les grandes démocraties et même dans les petites, ce temps correspond au passage d’un minimum de 4 chefs d’Etats », souligne-t-il.
Il fait remarquer que la gouvernance de Paul Biya, est marquée par l’ « hyper présidence ». Elecam, [l’organe en charge des élections], la justice, le pourvoir législatif, l’armée… sont tous sous le contrôle d’un président qui nomme aux emplois civils et militaires.
Sur le fonctionnement de l’Etat, il ajoute que sous d’autres cieux, « les conseils ministériels se tiennent au moins une fois par mois et au cours de ceux-ci des problèmes sont posés, des solutions trouvées. Or au Cameroun, ce qu’on appelle conseil de ministres se tient 1 fois tous les deux ans et dure à peine 30 mn, le temps juste de dire bonjour et au revoir, les conseils de cabinet n’ont aucune valeur, juste un symbole ».
Conséquence, « cet état de choses entraine un blocage économique avec des goulots d’étranglement partout », à cause d’un système gangrené par la corruption.
« Les 33 ans du Président Biya sont vite à oublier », conclut-il.
Plus nuancé, Gabriel Youbi, journaliste à « Ouest Echos », un hebdomadaire privé, estime que le pays a fait des avancées, « sur le plan des libertés on peut remarquer que la liberté d’expression est une réalité, le multipartisme est effectif, même si ce n’est pas encore la démocratie.
« Le pourvoir gagnerait à faire des réajustements, en réduisant par exemple la taille du gouvernement », conseille-t-il. En, reconnaissant que « le chômage est endémique dans le pays ». Et, du coup, « les jeunes sans emploi, sont des proies faciles pour Boko Haram».
Benoit Yves Ahanda, 33 ans, commerçant au marché Mokolo, dénonce la corruption généralisée dans l’administration et demande un changement de régime, « j’ai 33 ans, en 2015. Je n’ai connu qu’un seul président. C’est assez pour moi », déclare le jeune homme.
Pour cet autre, la corruption est une réalité, « il suffit de vous rendre dans un service public, pour constater que tous les fonctionnaires exigent de l’argent, pour signer ou faire signer, le plus simple des documents. Nous méritons mieux. Je souhaite que ce régime change ».
Pour l’avenir, les camerounais,-les jeunes en majorité-, sont unanimes, leur chef de l’Etat manœuvre dans l’ombre pour se (re)donner une virginité politique, dans l’optique des élections de 2018. Pour cela, il n’hésitera pas à « immoler » certains de ses proches, à travers «épervier », l’opération d’assainissement de mœurs, qui a déjà fait ses preuves en matière d’élimination d’éventuels concurrents.
©Koaci