Les conducteurs de véhicules de transport dans la capitale continuent impunément de mener leurs activités au mépris d’une décision de la délégation régionale des transports du centre datant du 19 mai 2016 instruisant la réfection de tous les taxis dans le sillage de la coupe d’Afrique des nations féminine qui se déroule actuellement au Cameroun.
Absence de feu stop. vielles carrosseries, peinture abîmée, sièges détériorés… Tel est l’état de la plupart des taxis qui roulent dans les rues de la ville de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. En cette période où se déroule la CAN féminine. Et pourtant, le 19 mai 2016, l’ex délégué régional des transports du centre Josué Meyoua Me Mah, dans un communiqué avait donné un délai de deux mois du 19 mai au 17 juillet 2016 aux propriétaires et conducteurs de taxis défectueux en circulation dans la ville de Yaoundé à réfectionner leurs véhicules. Il était question pour les autorités du ministère des Transports de jouer leur partition dans la préparation de la CAN qui s’achève le 3 décembre prochain. Dans le détail, il demandait la réhabilitation des carrosseries défectueuses des taxis, l’adoption d’une couleur unique « jaune » sans fantaisie, l’amélioration du confort intérieur, la numérotation des portières avant sur fond rond visible à distance, l’immatriculation obligatoire des véhicules, la dotation d’un poste radio dans chaque taxi. L’amélioration de l’état de propreté et de la tenue vestimentaire de chaque conducteur figure aussi dans le texte. L’objectif visé étant « d’obtenir les taxis à la hauteur de la renommée du Cameroun ».
« Refaire les routes comme préalables »
Sauf que, depuis le 17 juillet 2016, délai arrêté pour évaluer le niveau d’application de ces mesures, ils sont nombreux, les conducteurs de taxis qui ne se sont pas toujours conformés évoquant diverses raisons. « On ne peux pas retaper une voiture tant que les routes sont dans un mauvais état. Avant la décision du délégué des Transports, je venais de faire la tôlerie. Cependant trois semaines après, c’est comme si je n’avais rien fait sur la voiture. Vous n’avez qu’à voir la route qui va de Terminus Mimboman à la station Oil Libya Essos. C’est la catastrophe et ne saurait nous encourager à nous mettre en règle », regrette Pascal Owono, chauffeur de taxi depuis 15 ans.
Patrice Kenfack, un autre chauffeur de Taxi, évoque le manque de moyens financiers. « Pour faire une tôlerie partielle c’est-à-dire refaire seulement la peinture, il faut un minimum de 60 000 FCFA. Pour ce qui est de la tôlerie complète (peinture plus tapisserie), elle coûte environ 300 000 FCFA. Or nous avons une famille à gérer. De plus, les usagers ne respectent pas le tarif en vigueur qui est de 250 FCFA, ce qui ne nous permet pas d’avoir la recette voulue. Moi je préfère jongler et travailler », affirme Patrice Kenfack. Même la campagne de sensibilisation des taximen initiée par Patrice Samen le président national des Transporteurs urbains et interurbains du Cameroun (Synatuircam), après que la décision de retaper les taxis désuets a été rendue publique a toujours laissé certains propriétaires des voitures « jaunes » indifférents.
Un mal nécessaire
A Yaoundé, le taxi est le premier moyen de transport lorsqu’on veut effectuer divers déplacements. Face à la recrudescence des véhicules en mauvais état,les populations affirment ne pas avoir de choix que de les emprunter. « Il m’arrive de monter dans des taxis où la ferraille et les portières laissent à désirer, car la rouille est visible et le risque est grand de se blesser. Mais nous n’avons pas de choix puisque nous n’avons plus de bus de transport urbain », regrette Paulin Tapop, cadre dans un cabinet comptable. Leslie Bwemba, élève en classe de Terminale A4 allemand affirme déjà être tombée sur des cafards logés sous les sièges passagers.