La sortie de Christelle Nadia Fotso, intitulée « Toges noires, masques blancs » continue de secouer des cendres au sein de l’opinion publique camerounaise.
En effet, dans le journal Mutations édition du 28 mars 2019, la fille de Victor Fotso reprochait à Maurice Kamto, leader du MRC, d’avoir choisi de s’attacher les services d’un avocat « blanc ». Un démarche qu’elle considère comme « un rendez-vous avec l’histoire ».
Dans le but d’apporter une réponse à cette épitre de Nadia Fotso ; Modestine Carole Tchatchouang Yonzou, auteure de Mobilité sociale des femmes au Cameroun, a commis sur les réseaux sociaux en date du 28 mars, une tribune intitulée « Droit de réponse à Christelle Nadia Fotso », où elle rappelle à l’ordre cette dernière : « Si le pays d’Ernest Ouandié était à l’image que vous voulez bien lui offrir, vous n’auriez pas eu besoin de vous expatrier au pays de l’oncle Sam pour y faire des études. Figurez-vous qu’il existe bien des écoles de droit au Cameroun et même un barreau », argumente-t-elle.
Ci-dessous, la réponse de Carole Tchatchouang à Nadia Fotso
Droit de réponse à Christelle Nadia fotso
Ma chère compatriote, c’est avec une attention particulière que j’ai lu votre lettre adressée au président élu Maurice Kamto et publiée dans le quotidien Mutations en date du 28 mars 2019.
Vous lui faisiez alors part de votre indignation de la présence des avocats étrangers dont le célèbre avocat français, Me Éric Dupond-Moretti parmi les avocats assignés à sa défense depuis son incarcération à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.
Quoi de plus noble que d’œuvrer à la valorisation de l’intelligentsia noire ?
Avant toute chose, j’aimerais souligner que votre indignation ne manque pas de substance. Il est en effet déplorable qu’au 21e siècle et en 2019, nous soyons encore renfermés dans ce que vous qualifiez si bien de « système infernal d’un archaïsme colonial qui voudrait qu’au Cameroun, même le présent ou futur président de demain ait besoin d’un sorcier blanc pour exister ou juste ne pas mourir judiciairement et politiquement ».
Toutefois, au regard du contexte politico-judiciaire dans notre pays, peut-on réellement condamner le choix de Maurice Kamto à avoir un sorcier blanc dans sa défense ? Vous soulignez qu’il y’a d’excellents avocats au Cameroun qui pourraient le défendre avec brio, je vous le concède. Seulement, vous n’êtes pas sans savoir qu’après son incarcération, ces avocats n’ont pas été gratifiés du simple droit de visite à leur client. Tout comme l’arbitraire de son arrestation, c’est dans l’opacité totale que le dossier Maurice Kamto était géré.
L’arrivée du sorcier blanc a ouvert les portes. L’accueil de ce dernier par l’administration camerounaise témoignant à suffisance de combien nous sommes encore renfermés dans un système colonial qui ne dit pas son nom. On courbe l’échine devant le maître blanc et toutes les portes s’ouvrent sans encombre.
À qui la faute ? Au système néocolonialiste mis en place depuis les indépendances. Lequel système est entretenu par le pouvoir en place depuis plus de 37 ans et légitimé par l’illustre Monsieur votre père, Fotso Victor. Encore à ce jour, quand Paris tousse, Yaoundé est malade ! Pour cela, il me semble déplacé de faire à Maurice Kamto le reproche d’avoir légitimé le décapage juridique dans notre pays, car c’est le système politique en place qui est décapé, opaque et flou, votre propre frère en fait les frais. Dans ce contexte, on n’a réellement pas de choix que de se moudre au moule.
En outre, tout comme moi, vous avez perdu votre camerounité. Si le pays d’Ernest Ouandié était à l’image que vous voulez bien lui offrir, vous n’auriez pas eu besoin de vous expatrier au pays de l’oncle Sam pour y faire des études. Figurez-vous qu’il existe bien des écoles de droit au Cameroun et même un barreau. Nous vous y convions à aller mettre vos compétences au service du peuple noir pour plus de cohérence avec vos idées.
De même, c’est dans les centres hospitaliers des pays des « hommes blancs » que votre illustre papa va pour ses soins. Il y’a bien de médecin noir au Cameroun, personne ne lui fait le reproche de confirmer à son peuple que noir c’est noir et que plus on est riche, il faut la blanchir, tuer son épiderme, devenir orange, rouge, plus blanc que blanc. Grand patriarche de son état, vous rendrez un grand service à la nation en l’interpellant à oser le Cameroun jusqu’au bout. Aller désormais faire ses soins dans nos hôpitaux serait un très bon début.
En attendant, après sa victoire volée, Maurice Kamto est en ce moment dans la posture d’un homme qui combat pour un avenir commun radieux, attendez qu’il ait pris le pouvoir pour lui demander les comptes sur le fonctionnement du système camerounais.
Amicalement vôtre !
Dr Modestine Carole Tchatchouang Yonzou
Fille de la république