Après le message de fotso victor à ses frères bamilékés d’attendre leur tour de gouverner, Christelle Ndia FOTSO, Avocate au barreau de Washington défend son père. LeBledparle.com, vous propose l’intégralité de sa réaction publiée ce lundi 11 mars 2019 dans certains tabloïdes du Cameroun.
La Gloire de mon père
Le point de vue exprimé par Fotso Victor, le 2 mars dernier n’est pas le mien ! Bien que partageant un ADN génétique, nous n’avons pas le même ADN politique. Le parcours, le vécu sont différents tout comme la formation. Cependant, l’ossature, les fondamentaux sont identiques. Particulièrement, lorsque je suis en désaccord avec lui, je défends Fotso Victor. Une fille accepte volontiers d’être le bouclier de son papa surtout lorsqu’elle porte le nom de sa maman puisqu’une mère défend d’abord et toujours son enfant.
Est-il permis à Fotso Victor d’avoir une vison impopulaire et de l’exprimer ? Peut-il ne pas perpétuellement avoir raison ? En plus de 93 ans d’existence, le maire de Bandjoun a, au minimum, acquis le droit de ne pas plaire à tout le monde. Il est grand temps d’arrêter de lui demander d’être quotidiennement magistral. Il l’a été quasiment toute sa vie, de grâce, n’oublions pas que Fotso Victor, même chancelant, reste Fotso Victor !
En quelques mois, le Cameroun a perdu Kadji Defosso et Jean-Samuel Noutchougouin. Avec compassion, j’ai participé à leurs obsèques afin d’apprendre à prendre de la hauteur pour dépasser une évidence nauséabonde : beaucoup n’attendent plus que Fotso Victor trépasse pour idolâtrer son cadavre, le refaire à leur image et oublier pour continuer de ne vivre qu’avec le ventre sans réflexion.
La fille-mère que je suis se demande où sont ceux qui pleureront bruyamment Fotso Victor en finançant sa dernière demeure, en faisant des discours fleuves inconséquents durant son enterrement fastueux et en exhibant indécemment une douleur prétendument éternelle qui n’occultera pas les souillures de leur présent pesant silence. Ce n’est pas la meute que j’interpelle mais ses pairs et ceux qui ont mangé, pour parler à la camerounaise, Fotso Victor et qui n’ont pas encore digéré tant le met fut copieux.
Je ne suis de ces personnes qui réinventent avec plus ou moins de bêtise l’anti-intellectualisme en se murant dans une africanité de pacotille pour tuer le débat et le mettre au ras de pâquerettes. Il n’est absolument pas interdit de critiquer Fotso Victor ! Les légendes savent écouter. L’âge ne les empêche pas d’apprendre. Ce qui m’indigne est qu’une meute sans mémoire lynche avec couardise un vieux lion sans que les autres fauves de la forêt ne le défendent en rappelant que si à Bandjoun, à l’Ouest, et au Cameroun, tout est permis, notre histoire et nos valeurs communes interdisent au moins une chose : lapider un sage qui n’a pas à avoir été un enfant de chœur parce qu’en plus d’être une bibliothèque, il est un monument.