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Christian Djoko : « L’histoire du riz de brolli est aussi le miroir d’une société camerounaise quelques fois poreuse à la rumeur »

Djoko Christian

Le Juriste, Philosophe et Chroniqueur fait partie de la longue liste des personnalités publiques qui réagissent sur la fameuse « propagation du riz en plastique » au Cameroun, a constaté Lebledparle.com


Djoko Christian
Christian Djoko – DR

*Le riz de Brolli*

Un baroudeur, polémiste et entrepreneur politique à ses heures perdues se lève un matin et accuse une marque de vendre le riz-plastique. Eh ah!

Et très rapidement, la panique s’est installée. Sans distance critique on lui a accordé le crédit. Puis on découvre par la suite que la gélatinisation de l’amidon présent dans le riz serait fort probablement à l’origine de son caractère inflammable. Mais le mal était déjà fait. La panique a alors laissé place au doute…durable.

En réalité ce type d’histoire prospère au Cameroun parce qu’il y a longtemps que les camerounais(es) ne font plus confiance aux institutions publiques, notamment celles qui sont chargées de veiller à l’innocuité des aliments vendus. Ils ont tous un peu le sentiment que la corruption achète tout, y compris les certificats de qualité et de conformité sanitaire. Que fait l’Anor? A-t-elle les moyens de sa politique?

L’histoire du riz de brolli est aussi le miroir d’une société camerounaise quelques fois poreuse à la rumeur. En fait, on aime le Kongossa. On gère notre pays, nos foyers, nos familles, nos amitiés, nos relations professionnelles sur la base de la rumeur et du Kongossa. Lorsque nous entendons une information qui correspond à nos biais, nous avons tendance à y croire. Même lorsqu’il y a des raisons de douter, on se laisse alors dire qu’« il n’y a pas de fumée sans feu ».

Il y a quelques années les camerounais ne se tendaient plus la main pour se saluer. « Et pour cause! » Une rumeur alors tenace faisait croire que certaines personnes avaient le pouvoir de faire disparaître ou de raccourcir le sexe, masculin en l’occurrence, juste en vous serrant la main.

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Je vous laisse imaginer l’intensité de la psychose, le caractère loufoque des plaintes au Commissariat et le nombre de bagarres hilarantes qui ponctuaient le quotidien de nos quartiers. Une fois à la sortie de la Foire-promo de Tsinga, j’ai assisté à une chaude empoignade avec en fond sonore « Rends moi mon sexe, il a diminué! Walayeeeeee tu vas me rendre mon sexe » eh ah!

La situation était telle qu’après avoir tendu la main à une personne par inadvertance, certains s’empressaient d’aller au petit coin vérifier si tout est encore bien en place. « L’homme n’est rien sans engin. Qui allait se négliger? »

Qui ne se souvient pas de cette autre histoire où quelques charlatans-entrepreneurs avaient récolté une importante somme d’argent en faisaient croire à tout le monde que le pont entre Madagascar et Cité-verte s’était écroulé à cause de la présence d’un reptile. En présentant un crocrodile maquillé au rouge à lèvres et portant un slip féminin, ils avaient rapidement gagné la sympathie et le bas de laine des camerounais(es).

Plus proche de nous encore, on peut citer l’histoire de la femme de DOVV.

Hélas, ces phénomènes laissent très souvent place à des histoires sordides et dramatiques. Combien de réputation et de vies humaines ont été injustement détruites sur la base de ces ancêtres du « fake News »?

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Heureusement qu’on est de plus en plus au courant de la réalité des AVC. Car, il n’y a pas longtemps si ta réussite professionnelle ou celle de ton enfant coïncidait avec le décès d’un tonton/tata dans la famille, le lien saugrenue était vite consommé. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre! Woo « On a bu hier soir ensemble, on l’a seulement tué ooo » ; woo « Tonton Etouckaba, achète la voiture et deux jours après Pepito meurt subitement ? Hummm », woo « Depuis que tonton Azingo est die, le commerce de sa femme prospère un genre, une genre. C’est simple ? »

En vérité, en vérité je vous le dis, la rumeur tue plus que le paludisme au Cameroun. Elle étale très souvent le linceul de la mort avant que le crime ne soit commis. Un jour peut être viendra le temps de faire l’inventaire et de demander pardon à tous ces oncles, tantes, parents, frères, femmes ou ami(es) qu’on a tué physiquement ou socialement sur la base des « on a dit que… ».

Laissons ça en 2018, SVP! J’en formule le vœu, un peu illusoire je l’avoue, mais en espérant qu’à défaut d’atteindre la lune, on touchera au moins les étoiles, c’est-à-dire l’esprit critique, le sens de la mesure et de la retenue. Le temps est toujours un allié qui aide à débusquer l’imposture.

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