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Chronique : « Jean-Pierre Bekolo est un cinéaste qui dérange »

Bekolo Jean Pierre

Dans une publication intitulée « Viva Jean-Pierre Bekolo ! » sur Facebook ce lundi 21 janvier 2019, Martial Ebenezer Nguea Journaliste culturel rend un vibrant hommage au cinéaste camerounais nominé au FESPACO 2019 avec son film « Miraculous Weapons ».


Bekolo Jean Pierre
Jean-Pierre Bekolo – DR

Viva Jean-Pierre Bekolo !

Il a entrepris depuis un certain temps et même longtemps avant à affronter les idées, à lutter contre la déshumanisation, de rire le politique et ses prétentions. Le gouvernement camerounais le vomit sans doute. Il crache un venin éveilleur. Il titille le mot qui trahit la masturbation de la classe intellectuelle du Dimanche sur nos plateaux de télévision, le délire d’une presse microbienne naïve et épouvantable. Cette bande de conspirateurs qui veut que le Cameroun se tienne bien sage alors qu’il se consume profondément de l’intérieur. Il a souvent filé les coups de boutoirs pour ce mépris des élites, de la Presse du dénigrement jetée au pied des éveilleurs de consciences. Le Président !, il a osé parler du mode de gouvernance, de la présidence d’un pays dont la rupture est consommée depuis belle lurette et dont des gestionnaires, détourneurs du budget de l’Etat continuent à entretenir la farce d’un pays existant.

Jean-Pierre Bekolo n’est pas le plus aimé. Il sait. Il sait qu’il est un cinéaste qui dérange. Car, il prend le courage là où plusieurs ont fait le choix du silence. Il rit cette insolence d’une classe administrative et politique qui, chaque jour envoie de la paille sèche au petit Lion de quartier sevré de la viande et d’eau où il peut aussi prélever la bonne chaire pour se nourrir et exister. L’année dernière, le Musée du Quai Branly en France lui a consacré un mois entier à la découverte de son univers créateur. Cette fois, il ouvre la saison du sourire de croire encore à l’art dans ce pays. En ce début 2019, il représente le Cameroun et son cinéma sans moyens au Festival panafricain le Fespaco dans la course pour un étalon Yennenga dont seul Dikongue-Pipa a pu remporter depuis 1976 avec Muna Moto. Son film « Miraculous Weapons » au FESPACO 2019, le Cameroun n’en sait que dalle. Ni sur son procédé de fabrication, ni du financement. Il jouit donc d’un film dont la paternité est venue d’ailleurs comme la plupart des œuvres à niveau international. Comme il est de tradition pour un projet sérieux en ses terres, si les fonds viennent toujours d’ailleurs, parfois de cette diaspora honnie, de ces amis à ‘’ éviter’’. Ce film intense sur la vie d’un homme perdu à un destin incertain, cloitré dans les quatre murs en attendant l’assaut final, est pris aussi d’idylle par trois femmes. Il a un désir de vie inépuisable. Une envie de transformer le monde plus que jamais. Il use donc cette langue, ce verbe. Au commencement de la vie comme dit la Bible. C’est tout le sens de son appropriation par les humains pour une émancipation réelle. « Je rêve d’un endroit où personne ne devra mourir pour nous sauver. Nous devons apprendre à nous sauver nous-mêmes, nous devons apprendre à devenir immortels », s’exprime son acteur Djamal Okoroko interprété par le Camerounais Emil ABOSSOLO MBO. Tout s’est fait en Afrique du Sud. Ce pays arc-en-ciel qui n’est toujours pas sortir de son traumatisme de l’apartheid. Alors que les réformes s’y font tous les jours pour la transformation de la société, les autres pays construisent plutôt la liane de la division, du conflit intergénérationnel, de la mort de l’intelligence.

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Enfin, qui travaille encore pour ce pays ? L’héroïsme est un crime pour ce qui veulent transformer les rêves en réalités. Ça dure. Jean-Pierre Bekolo le sait. Quartier Mozart était prémonitoire. Le Président l’a dit engagé. Miraculous Weapons est certainement le cri d’éveil dont le rapprochement géographique et social avec l’Afrique du Sud, lieu de tournage communiquent sur l’aventure périlleuse du Cameroun. Un pays à délivrer par un verbe fort, loin de schèmes de la néo-colonisation, du néo-pouvoir en fabrication et de la déchirure des deux langues qui tuent notre unité nationale. Il faut les maîtriser pour en comprendre les contours. Une arme miraculeuse s’y trouve pour notre Liberté !

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