Les firmes multinationales jouent un rôle déterminant dans la mondialisation de l’économie internationale. À travers l’internationalisation de leurs activités, grâce à leurs investissements à l’étranger (en l’occurrence investissements de portefeuille et investissements directs étrangers) qui leurs permettent de prendre pied dans une diversité de territoires économiques, ces firmes multinationales participent de façon déterminante à la réussite des politiques publiques des États d’origine comme des États d’accueil de leurs capitaux, autant qu’ils dépendent de ces derniers pour leur garantir la sécurité juridique et judiciaire indispensable à la qualité de leurs transactions.
Le contexte actuel de crise sanitaire mondiale, due à la la pandémie de la Covid-19 donne une occasion privilégiée de voir comment ces firmes sont enregimentées, instrumentalisés ou simplement associées dans la guerre économique que se livrent les puissances et moyennes puissances du monde, à la faveur de la course aux vaccins lancée depuis quelques mois déjà, et relancée par la publication d’un vaccin annoncé efficace à 90% par l’entreprise PFIZER aux États-Unis.
Dans cette guerre entre économies « développées » et émergentes qui se disputent des parts de marchés au travers de leurs firmes, l’enjeu est moins sanitaire qu’économique, stratégique et idéologique.
Les États qui préfinancent la fabrication des vaccins n’ont pas que la santé de leurs populations en ligne de mire, mais d’abord le contrôle des parts de marchés indispensables et des importants financements de l’industrie pharmaceutique, dans un contexte de crise économique mondial.
L’Etat qui contrôlera le vaccin le plus « efficace » prendra une avance décisive dans la structuration de l’économie post-Covid-19.
De leurs côté, les firmes multinationales ne font pas de la philanthropie. Leurs États d’origine qui participent au financement leurs recherches par des opérations financières de pré-achats de vaccins, d’une part ne sont pas propriétaires des brevets qui sont des titres d’investissement international bancables, d’autres part, ne peuvent empêcher les stratégies de projection et d’expansion des firmes sur d’autres marchés.
Le pré-achat des vaccins leur garantit simplement, premièrement qu’ils seront prioritairement fournis dès lors que les vaccins auront remplis toutes les conditions et obtenus toutes les certifications nécessaires à leur commercialisation, deuxièmement, en fonction des accords conclus avec la firme, qu’ils pourraient bénéficier d’un pourcentage des bénéfices, augmentant de ce fait leurs gains économiques, en plus des recettes fiscales classiques obtenues.
Par ailleurs, dans un contexte de guerre économique, ces firmes occidentales auront des difficultés à conquérir les marchés émergents de Chine, d’Inde, de Russie, d’Iran ou de Turquie qui comptent les plus importants nombres de consommateurs et qui, dans une logique à la fois économique, idéologique et stratégique, annonceront dans les jours prochains que leurs propres vaccins ont réussi haut la main les tests d’efficacité exigibles.
Pour rappel, il y a près de 200 laboratoires dans le monde en ce moment qui travaillent, indépendamment ou en collaboration, à la fabrication d’un vaccin contre la Covid-19.
L’Afrique sera donc inévitablement, pour les firmes pharmaceutiques des grandes puissances comme des pays émergents, un territoire d’expression d’intenses batailles dans les semaines à venir, batailles qui vont structurer l’économie internationale post Covid-19.
Et comme toujours, faute de Leadership, de vision stratégique et de politiques d’anticipation de ses pays, l’Afrique aura la position passive dans cette lutte non seulement économique, idéologique et stratégique, mais aussi et surtout une lutte de civilisation.