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C’est bien connu, en termes de gradation il y a ‘‘les mensonges, les foutus mensonges, et les statistiques’’. Selon cet adage populaire bien connu dans le monde la finance et surtout de la politique électorale, les statiques sont ce qu’on pourrait, sans gêne aucune, qualifier de ‘‘foutus – foutus mensonges’’.
Au grand regret des statistiques elles-mêmes, qui ne peuvent malheureusement pas se défendre, et qui n’ont pas l’occasion de constituer un conseil à cette fin, et au grand dam des experts en statistiques eux-mêmes et autres statisticiens apparentés, qui peuvent se trouver dépités par un tel réquisitoire et une telle plaidoirie à charge, la raison du postulat du mensonge inhérent et consubstantiel aux statistiques est fort simple. On peut faire dire aux statistiques tout ce que l’on veut.
En d’autres termes, si les statistiques ne mentent pas elles-mêmes et par elles-mêmes, elles mentent ou peuvent mentir par ce qu’on leur fait dire ou par ce qu’on leur fait faire, ou encore, et c’c’est très fréquent, par ce qu’on ne dit pas ou qu’on refuse de dire à travers elles.
Les statistiques, pour traduire la réalité analysée, au-delà de leur affichage mathématique, énoncent des chiffres sans dire de manière claire et précise quelle est cette réalité et en quoi elle consiste. Les statistiques parlent dès lors du réel sans exposer ce réel, sans dire en quoi ce réel est fait, sans donner à voir, à sentir, à toucher, à gouter ce réel, en d’autres termes, sans déshabiller le réel pour qu’on puisse l’apprécier sous toutes ses coutures et dans toutes ses formes et son envergure.
C’est la raison pour laquelle on dit que ‘‘les statistiques sont comme le bikini, elles montrent tout, sauf l’essentiel’’. Vaste programme donc !
La statistique est la discipline qui étudie des phénomènes à travers la collecte de données, leur traitement, leur analyse, l’interprétation des résultats et leur présentation afin de rendre lesdites données compréhensibles de tous. La statistique est finalement, à la fois une science, une méthode et un ensemble de techniques. On l’aura relevé, les statistiques ne sont donc pas une fin en soi.
Elles sont des outils de travail, des instruments de collecte, d’analyse, d’interprétation des données, des instruments servant à la présentation des résultats obtenus, qui doivent être assez claires pour être accessibles à tous, experts en statistiques, gouvernants comme citoyens lambda.
Les statistiques ne sont pas seulement des instruments d’interprétation du réel et de construction de l’irréel ou des imaginaires, elles sont aussi des outils indispensables à l’élaboration des politiques publiques, et des outils d’aide à la décision technique et/ou politique.
Le plus intéressant cependant, dans l’usage ou l’apport de la statistique, nous semble davantage perceptible dans le champ politique, où les sondages, les taux d’inscription, le taux de participation, le taux d’abstention, les scores obtenus, entre autres, sont calculés par les statisticiens battant pavillon tant de l’opposition que du régime au pouvoir.
Au Cameroun, depuis de longues années, nos statisticiens se lapident sur la réalité du pourcentage d’inscrits sur les listes électorales, les taux de participation et d’abstention à chaque scrutin national ou local, les scores obtenus par tel ou tel candidat, sans jamais nous dire ce que ces chiffres traduisent, induisent, disent ou ne disent pas.
Ils diront que ce n’est pas leur boulot, à raison peut-être.
Mais alors dites-moi, à qui est-ce que revient le rôle d’ôter le bikini de nos statistiques électorales ?
Dr Richard Makon
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