La crise sanitaire actuelle causée par la pandémie du COVID – 19, loin d’avoir produit l’essentiel de ses effets, nous a déjà rappelé à tout le moins une évidence souvent masquée par la rationalité libérale dominante, à l’origine des stades du développement ou du progrès infini : le cul des puissants est aussi laid que celui des faibles.
Oui, la crise sanitaire actuelle a déshabillé tout le monde entier, montrant les fragilités de tous, la précarité de tous, l’incertitude généralisée orchestrée par ce grand tumulte mondial. Quel que soit l’hémisphère d’extraction ou de résidence, la pluie tombe donc sur tous les toits, le principe de la relativité se vérifie exactement partout, les corps et les esprits sont soumis à la même pression atmosphérique, et les êtres subissent la même loi de la destinée : tous sont mortels !
Par ailleurs les Etats, quel que soient leur niveau de développement, leur puissance militaire, leur progrès technique et technologique, la robustesse de leur modèle politique et économique, la solidité de leur système institutionnel, partagent tous la même précarité face à l’inconnu, subissent l’extrême angoisse devant l’incertitude et la vulnérabilité. Riches comme pauvres, nous mourrons tous, banalement !
Évidemment même en temps de pandémie comme celui-ci nous ne mourrons pas tous, nous ne mourrons pas de la même façon et dans les mêmes conditions, parce que les avancées scientifiques, le niveau d’innovation, la qualité des institutions, de la gouvernance et du leadership font naturellement la différence. Mais nous mourrons tous, et c’est suffisant pour nous inviter à l’humilité et à plus d’humanité.
Dès que cela est dit, il convient aussi de rappeler que les crises ont toujours été la clé de l’innovation (technique, technologique, sociale, politique, économique, institutionnelle, etc.) et le moteur du développement. La première et la seconde guerre mondiale, la guerre froide, la catastrophe de Tchernobyl du 26 avril 1986, la pandémie du Sida à la fin des années 80, les attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001, la crise financière de l’automne 2008, chacune de ces crises a été une occasion, pour les Etats affectés, de réformes importantes ou d’innovations porteuses de solutions sécuritaires, sanitaires, institutionnelles, politiques ou économiques nouvelles.
Depuis la création de l’homme et du monde qu’il a été divinement missionné de cultiver, transformer et entretenir, chaque crise apparue (cataclysme géologique, catastrophe écologique, crise économique, chao humanitaire, désastre sanitaire) a toujours été l’occasion de relancer la machine de la modernité et du progrès social et humain.
Toutefois cela impose au moins deux (02) attitudes aux hommes et aux sociétés : premièrement une évaluation rigoureuse de l’ampleur des dégâts et des points de fragilité du modèle collectif de vie, deuxièmement le lancement d’un programme de réformes opportunes dudit modèle et le recours à l’ingénierie pour doter l’Etat, les communautés, les associations, les corps intermédiaires et les individus de solutions adaptées à leurs nouveaux défis.
C’est le passage obligé pour toutes les nations du monde au sortir de la grave crise sanitaire actuelle, en l’occurrence le Cameroun dont le système de santé s’est révélé en piteux état, et la recherche scientifique en total abandon depuis des décennies.
NB : Richard Makon est Docteur / PhD en Droit International, Expert/Consultant en Droit des investissements et Leadership. Il est par ailleurs consultant média et écrivain. Enfin, il est enseignant à l’université de Douala.