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Chronique : Voici la typologie des intellectuels faussaires au Cameroun

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Dans une publication sur son mur Facebook ce vendredi 29 mars 2019, le juriste Alain Christian Djoko fait une typologie des intellectuels faussaires au Cameroun. Le philosophe recense cinq catégories : intellectuels-myopes, intellectuels du roi, intellectuels-neutrards, intellectuels opportunistes et intellectuels-opposants de l’opposition. Lebledparle vous propose de découvrir en détail le contenu de chaque catégorie d’intellectuels faussaires.


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Couverture ouvrage – DR

Typologie des intellectuels faussaires au Cameroun

1. Les intellectuels-myopes. Ils ne se prononcent jamais sur les affaires de la cité. Ils et elles se taisent systématiquement même devant la manifestation criarde d’une injustice sociale, d’une répression politique ou d’un hold-up électoral.

2. Les intellectuels du roi. Ils servent de vernis de légitimité et de caution morale au régime. Mieux encore, ils « se servent de leurs connaissances livresques pour aider les dictateurs à donner un contour idéologique et politique à leur tyrannie… Le tyran peut voler, tuer, emprisonner, torturer… il sera défendu, intellectuellement réhabilité par des « cerveaux » au nom de leurs propres intérêts. »

3. Les intellectuels-neutrards. Il n’y a pas pire usurpation du statut d’intellectuel que celle menée par cette catégorie. C’est une véritable insulte à l’intelligence collective et à la mémoire savante du Cameroun. Ces mercantis de l’idéologie politique au pouvoir font semblant d’être au-dessus de la mêlée pour mieux masquer leur double jeu et enfumer le peuple. Revendiquant une neutralité, ils nous gargarisent d’une prose tarabiscotée, d’un contorsionnisme cérébral et d’une hyperlaxité neuronale inutile.

Ils se contentent d’une analyse sociale superficielle qui ne concerne que les effets et n’appréhende pas les causes sous-jacentes. Ils n’abordent jamais le fond des choses, la cause racinaire des problèmes. Ils tournent autour du pot et marmonnent quelques papelardes banalités. Chez eux, il n’y a point de critique radicale, létale ou sacerdotale. Leur critique est convenue, douce, feutrée, salonnarde. Juste ce qu’il faut pour attirer l’attention du roi et bénéficier d’une nomination. En fait, la critique sociale qu’ils mènent n’est pas tant animé par le souci des plus démunis, mais par leurs ambitions et intérêts propres. Bien au-delà de la recherche des avantages personnelles, ces équilibristes-neutrards ont peur. Peur de perdre leur emploi ou de ne pas décrocher celui qu’ils convoitent. Peur qu’on dévoile leur « dossier », car beaucoup font carrière avec des faux diplômes. Peur parce qu’ils savent que le recrutement et la promotion dont ils bénéficiés ne sont aucunement dus à leur mérite. Ils s’auto-censurent.

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La censure renvoie au processus par lequel l’activité conscience ou inconsciente tait ou maquille ce qui est susceptible de générer un désavantage (économique, sociale, politique, etc.). Ainsi, au lieu de parler par exemple d’échec de régime corrompu ou répressif les équilibristes-neutrards diront « même en France il y a la pauvreté et les inondations ». Au lieu de dire que Paul Biya est le principal responsable du désastre dans lequel nous baignons, ils diront que « c’est l’entourage du président qui est mauvais », etc. Ainsi, loin de l’usage libre des mots, la représentation juste des choses se laisse défigurer, travestir. Le régime ainsi épargné par la critique s’en réjouit. Et ce d’autant plus qu’en se gardant de critiquer le régime, ils aident celui-ci à faire l’économie du travail de censure comme tel tout en bénéficiant de ses avantages.

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4. Les intellectuels opportunistes. Pour se faire remarquer, ils s’opposent et critiquent farouchement le régime pour ensuite, au gré des prébendes et nominations, opérer un virage à 180*. Leur démarche n’a jamais été de combattre le système, mais bien de l’intégrer. Pris en otage par des considérations alimentaires et un environnement sinistré par la fétide précarité financière, leurs propos perdent progressivement leur charge décapante au profit d’un clapotis de faits divers ou d’un salmigondis de bons sentiments à l’égard du régime malfaisant.

5. Les intellectuels-opposants de l’opposition. Ils font carrière dans la critique de l’opposition. Il ne parle que de l’opposition, ne révèle que les insuffisances de l’opposition. En réalité, ce type d’intellectuel combat surtout ce qu’il aurait souhaité être. Il nourrit un complexe d’infériorité ou une hargne de voir l’opposant.e politique le plus en vue lui ravir une notoriété, une envergure qui caresse chaque matin en se réveillant.

Christian Djoko


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