Quatre années après l’accident ferroviaire d’Eseka qui a coûté la vie à 79 camerounais et en blessé des centaines, le maire de la commune d’Eseka invite l’Etat du Cameroun à commémorer comme il se doit cette catastrophe meurtrière.
Sylvain Tjock, maire de la ville d’Eseka estime que les victimes de l’accident de train du 21 octobre 2016 n’ont jamais été honorées à la manière qu’il sied. Il devient impératif selon lui, de faire un choix cornélien entre : « donner une commémoration digne à ces victimes ou continuer à faire semblant en laissant ceci dans les oubliettes ». Lebledparle.com vous dévoile ci-dessous l’intégralité de son texte parvenu ce jour à notre rédaction.
Le président de la République, Son Excellence Paul Biya, doit prendre ses responsabilités dans cette affaire : « faire de ce jour, un jour de deuil national avec les drapeaux en berne ».
Car ces victimes n’étaient pas que des ressortissants d’Eseka mais du Cameroun, venant de la capitale politique Yaoundé, transitant par la capitale historique Eseka, pour la capitale économique Douala.
Le Maire d’Eseka que je suis aujourd’hui vivait aux États-unis lors des faits mais les images choquantes, de ce jour-là, continuent à hanter mon esprit.
Qu’ai-je prévu de faire aujourd’hui, que je suis le 1er Magistrat d’Eseka, pour cette tragédie ? Rien ! Pour quoi ?
Nous devons arrêter de faire semblant et poser des actes concrets, humains avant d’être politiques. Si nous voulons vraiment nous souvenir de ceux partis tragiquement ce jour et faire tout pour que pareille tragédie ne se reproduise plus, faisons-le avec un peu de respect et de dignité pour leurs mémoires. Car leur sang continue de crier à la justice pour la réparation. Et d’autres tragédies s’annoncent si rien n’est fait dans le domaine des transports publics.
Beaucoup de personnalités de l’État sont passées ici pour cette cause avec des discours flatteurs mais rien de concret :
– Stèle, chantier à l’abandon ;
– Hôpital de référence, il n’en est rien (malgré les nouvelles normes imposables pour l’aménagement des hôpitaux, les patients pour quitter un bloc pour un autre doivent marcher à ciel ouvert car pas de passerelle, et s’il pleut), pas d’ambulance, pas d’équipements de réanimation dignes ;
– Routes, le constat actuel des routes régionales Boumnyebel-Eseka-Lolodorf, Messondo-Eseka-Ngoumou laisse les larmes aux yeux.
Qu’a fait Eseka pour mériter cela ? Même le seul fait que le Père de l’Indépendance du Cameroun, Ruben « Mpodol » UM NYOBE, repose à Eseka devait pousser le gouvernement à faire de cette ville un lieu touristique national.
Que rien ! Jetons les victimes dans les oubliettes et avançons ou donnons-leur une commémoration digne.
Monsieur le Président de la République, voulez- vous laisser aux générations futures l’image d’un homme froid sans attachement pour les siens ou celle d’un père, celui-là ayant ouvert le chemin de la prospérité de nos localités ?
Prenez vos responsabilités monsieur le président Paul Biya par rapport à la commémoration de cette tragédie.
Aussi, donnez les moyens (légaux, financiers, logistiques et humains) réels aux Maires pour développer leurs contrées.