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Comment l’Etat du Cameroun a créé Express Union ! Disons la vérité – Par Michel Mombio

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La sagesse bamiléké interroge : « Que sait la souris de l’huile qui est dans la calebasse ? ». Si l’on établit un parallèle avec le journalisme, on dira qu’elle pose ainsi le problème de la critique des sources de l’information.

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Dit autrement, chaque jeune Bamiléké, avant de s’ériger en un Zorro vengeur, devrait bien s’informer du bien fondé, des tenants et des aboutissants du sujet qu’il s’engage défendre. Cette précaution élémentaire nous éviterait la prolifération de la « bamilécaille ». C’est-à-dire, cette flopée de jeunes et moins jeunes qui, tels des oiseaux migrateurs s’abattant en piaillant sur un champ de mil, causent des dégâts dont ils ne mesurent pas toujours l’importance. L’affaire de la société Express Union (EU) confrontée à la concurrence, a donné de voir et surtout d’entendre ces volatiles pousser des cris d’orfraie, accusant l’État de complicité de « meurtre de l’économie nationale ». Or il n’en est rien !

Comment l’État a crée Express Union.

Il convient de relever un fait pour le déplorer et surtout, le dénoncer. Sur les hauts plateaux, le mot État dans certains esprits chagrins, est synonyme de Béti. Ainsi, lorsque le nommé Jean Claude Fogno écrit : « PROTECTIONNISME : L’ETAT VEUT DÉTRUIRE L’ÉCONOMIE NATIONALE », c’est un doux euphémisme pour dire que les Béti veulent tuer une entreprise bamiléké. Tout son argumentaire tend à démontrer cette lubie. Or c’est un truisme de dire que l’État ne saurait tuer une entreprise qu’il a créée. Ce défenseur de l’économie ethniquement marquée ignore que l’origine lointaine d’EU se situe à la Direction des Postes et Télécommunication du ministère éponyme. Reporter au quotidien Le Messager à Yaoundé, j’ai eu le privilège d’assister en première loge, à la parturition de ces entreprises privées de poste. Tuyauté en cela par un contact dans les Renseignements Généraux de la police (RG).

Ceux qui ont un certain âge se souviennent de cette Super Direction d’antan. Authentique ministère dans un ministère, il disposait de ce qu’on appelait « Budget annexe ». Lequel budget s’évaluait en plusieurs milliards de Francs CFA. Autant d’argent qui, destiné à développer les activités postales, pour l’essentiel, servait plutôt d’en-cas à quelques dirigeants. Le dernier « grand » Directeur de cette époque glorieuse fut sans doute feu Dieudonné Angoula, beau-père de Paul Biya. Ainsi appelé pour avoir reçu la dot de Chantal Biya en tant que son oncle. Il est mort à la prison de Kondengui, où il était détenu pour…détournement de fonds publics. À côté des dirigeants qui ainsi s’engraissaient, se trouvaient de jeunes ingénieurs assez…ingénieux. Pour la plupart formés à l’École Supérieure des Postes et Télécommunications, ils avaient à cœur de mettre leur savoir-faire au service de leur pays. La nécessité de moderniser la poste se posant, l’un d’entre eux, le nommé Tchinda Adolphe (ou Alphonse) développa le produit Intelpost. Ce fut le premier mandat électronique de notre bonne vieille PTT. Ce service était appelé à se développer rapidement. Mais il n’en fut rien.

Aussi, découragé et voyant que le gouvernement ne les utilisait pas à leur juste compétence, certains de ces ingénieurs, Bamiléké pour l’essentiel, décidèrent de proposer leurs know how au privé. Cela tombait bien, car pris en étau dans les fourches caudines du FMI, l’État était sommé de privatiser certains services monopolistiques, dont celui de la poste. Ma source d’alors soutenait que c’est l’un de ces fonctionnaires qui avait vendu son projet à Albert Kouinche, le patron d’EU. Ce n’est donc pas par une opération du Saint Esprit ou par un génie particulier, que ce dernier, cadre de banque de formation, s’est retrouvé dans l’activité postale dont dépend le transfert d’argent. Domaine dont il n’était même pas sensé s’intéresser… Son seul génie fut simplement de flairer la bonne affaire et de saisir l’opportunité. Sur la base des ces éléments, on peut convenir que c’est l’État qui a créé l’entreprise EU, puisque ce sont ses ingénieurs qui l’ont conçue dans ses locaux. Et comme je l’ai relevé plus haut, les RG n’en ignoraient rien.

Comment l’État a soutenu EU

Au moment où le désormais honorable Albert Kouinche acquiert ainsi le projet EU, il est un grand cadre du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui, comme chacun le sait, est propriété de l’État camerounais. Il cumule ses fonctions officielles avec celles de DG de sa toute nouvelle entreprise privée. Ainsi, pendant cinq ans environ, de fait, c’est son bureau du CFC qui a abrité la direction générale effective d’EU. J’y ai ainsi assisté un soir au défilé des responsables des différentes agences de Yaoundé, venus faire viser des parapheurs entiers par le DG. Venu rencontrer le DG Emmanuel Edou, je m’étais incidemment retrouvé dans le bureau d’Albert Kouinche. C’est d’ailleurs la seule fois où je l’ai rencontré. Ces activités étaient connues de tout le monde dans cette banque de l’habitat, du DG au planton. L’État dont les RG sont les yeux et les oreilles, qui a pour principal souci le développement du tissu économique du pays par ses citoyens, laissa faire. Bien mieux, EU n’est pas la seule structure dans ce cas.

Toutes les entreprises de messagerie privée qui aujourd’hui ont pignon sur rue dans le pays, sont sorties du même moule de la Direction des Postes. Ainsi, de Solex et de GMS, deux entreprises appartenant à des Bamiléké. Ailleurs, on eut pu parler de délit d’initier, sans que personne de bonne foi n’y trouve à redire. En effet, ce sont des employés de l’État qui pour leur bénéfice, avec les moyens de ce dernier, ont constitué des entreprises privées. On pourrait également parler de conflit d’intérêts. Mais contrairement à ce que sérine la Bamilécaille, le gouvernement a laissé ses fils créer la richesse. On ne peut par conséquent l’accuser de vouloir détruire l’économie nationale ; et encore moins, le rendre responsable d’un management calamiteux. C’est simplement une énième tentative de manipulation, par la victimisation, d’une tribu prise en otage par des esprits malins et cyniques.

Le « Syndrome du Baobab »

Expert en matière de commerce, Célestin Bedzigui a su, en peu de mots, situer le problème d’EU. Il en a parlé sur son mur, dans un article intitulé « « La tragédie d’Express Union : existe-t-il une porte de sortie pour sauver cette compagnie d’une catastrophe annoncée ? ». Voici le diagnostic que pose cet ancien élève de HEC Paris : « À l’analyse, il apparaît plutôt qu’il s’agit d’un problème de « Business Model ». Celui d’Express Union, s’il était hier novateur, est aujourd’hui obsolète et totalement non compétitif pour cinq raisons :

– un niveau excessif de charges fixes avec ces agences totalement supportées par la compagnie avec un personnel pléthorique, alors que la concurrence s’appuie sur les réseaux partenaires qui ne font intervenir qu’un individu par transaction,

Pour approfondir :   Litige foncier dans la Vallée du Ntem : Les élites du département en passe de remporter leur bataille contre Emmanuel Néossi

– un niveau élevé du prix du service (commissions),

– une longueur excessive du traitement administratif à la délivrance du service,

– une plus faible densité des points de services comparée à celui des concurrents qui en plus des partenaires stratégiques utilisent les réseaux individuels (call box),

– un service non disponible pour l’essentiel les jours et heures ouvrables. »

Cette observation a le mérite d’aller droit à la problématique. Laquelle établit clairement que le modèle économique pratiqué jusque-là est devenu obsolète, face à celui des deux concurrents que sont Orange Money et MTN Money. En bon connaisseur, Celestin Bedzigui pour affiner son analyse, ajoute : « Sur tous ces points, la concurrence d’Orange Money et MTN Money a des avantages comparatifs décisifs adossés sur l’e-world, associés à une très puissante irrigation du marché. Express Union dont le  » Business Model » est de la vieille génération basée sur la paperasse et un morcellement des taches, devra donc s’adapter à la Nouvelle Économie fondée sur l’agilité, les alliances, les partenariats stratégiques, les M&A (fusions et acquisitions) et le « e-business processing ». »

Il en ressort ainsi qu’EU s’est laissé distancer par des concurrents qu’elle n’a pas vu venir. Par conséquent, l’on reste dans le champ de la pratique économique et non politique. Aussi est-ce avec raison, que l’expert financier déplore la politisation, pour ne pas dire l’ethnicisation, de la situation. Comme solution, il propose une mutation de l’approche managériale d’EU. À ce sujet, il prévient : « À défaut de réussir cette mutation, cette compagnie mourra irrémédiablement. La stratégie observée à l’heure actuelle de politiser le problème n’est absolument et malheureusement pas une médication, car en vérité une intervention des pouvoirs publics en sa faveur ne sera qu’une subvention indirecte pour compenser une inefficacité stratégique et organisationnelle… imposant un coût indu aux populations et un ralentissement de l’économie car, la rapidité des opérations e-money et leur meilleur maillage de la société accroit la vitesse de circulation de la monnaie et renforce de ce fait l’activité économique. Voilà pourquoi un tel soutien du gouvernement donc le corollaire serait de restreindre le fonctionnement des sociétés concurrentes, ne saurait intervenir compte tenu de sa politique économique libérale actuelle. »

Sans doute convient-il de relever, pour une bonne intelligence de la situation, que Celestin Bedzigui est né et a grandi avec des Bamiléké à Yaoundé. Il a travaillé à Bafoussam comme Directeur régional des Brasseries du Cameroun. C’est donc un fin connaisseur de la mentalité des Montagnards. C’est sur la base de cet authentique exéquatur qu’il poursuit son raisonnement en écrivant : « Les suggestions faites pour un redéploiement d’Express Union et qui iraient dans le sens d’un recours aux méthodes énumérées plus haut de la Nouvelle Économie buteraient sur un sérieux obstacle. Celui de la culture des opérateurs économiques de nos pays et principalement Kamers (camerounais. Ndla) qui sont rivés au pôle mental patrimonial où les gens veulent rester « propriétaires de leur chose », fut-ce au prix de performances calamiteuses, et résistent ainsi de migrer mentalement au pôle financier et franchement capitaliste, lui qui privilégie le profit en acceptant des alliances et /ou une ouverture du capital qui, en contrepartie d’un moindre contrôle du capital de l’affaire, favorise plutôt la maximisation du  » bottom line ». » Je serai moins subtil que l’expert, en déclarant qu’EU souffre du « Syndrome du Baobab ». Cet arbre est réputé ne rien laisser pousser sous lui.

Cette véritable maladie mentale ronge la société bamiléké. Elle consiste pour certains Grassfields, à consacrer plus d’énergie à empêcher la croissance d’autrui, que de s’occuper à réussir la sienne propre. On veut réussir seul. Être premier sans second. Le « Syndrome du Baobab » est particulièrement endémique chez les locuteurs du « ghomala », c’est-à-dire les Bayangam, les Bandjoun, les Baham et les Bahouan dans une certaine mesure. Ils sont tous cousins et particulièrement chauvins, âpres au gain, vindicatifs, impératifs, rancuniers. Ils se croient supérieurs à tous les autres camerounais. Bref de parfaits Bamiléké, en ce qu’ils concentrent tout ce que notre peuple a de plus négatif.

Ce mal consiste également à systématiquement nier les évidences, en attribuant toujours à autrui, les raisons de ses échecs ; à critiquer et à refuser d’être critiqué ; à pleurnicher plutôt qu’à résoudre efficacement les problèmes ; à se présenter en victime alors qu’on est coupable. La guerre que la CCEI-Bank et la CBC se livrèrent en Guinée Équatoriale il y a quelques années, est emblématique de cette « névrose atavique collective ». La première, appartenant à un Baham, a d’abord occupé le terrain. Ne voyant pas d’un bon œil l’arrivée de la seconde « appartenant » à un Bandjoun, elle lui a livré une guerre sans merci. Les conséquences en furent très fâcheuses. Bien entendu, pour eux, c’est un crime d’en parler. Le village doit rester soudé, même dans la bêtise…

Pour en revenir à EU, cette entreprise a très mal vécu l’arrivée sur le marché d’Express Exchange (EE). Les deux entreprises ont fini au tribunal. Entre autres, ce sont ces vaines querelles (auxquelles EU a répondu en créant EMI Money) qui semblent avoir détourné l’entreprise d’Albert Kouinche de son business model originel. Contactées, des sources dignes de foi l’attestent. Dit autrement, plutôt que de consolider et développer sa part, EU s’est échinée à vouloir contrôler tout le marché, en éliminant ses concurrents par des méthodes archaïques, contraires à celles indiquées par Bedzigui dans son post (Fusions-acquisitions par exemple). Ce faisant, l’entreprise s’est plus intéressée au Chiffre d’affaires du Best Sellers (CA Best Sellers) plutôt qu’au Chiffre d’Affaires Longue traîne (CA Longue traîne). Or cette pratique de courte vue a pour principal corollaire, entre autres défauts, l’affaiblissement du segment Recherche et Développement (R et D), lequel est essentiel dans toute entreprise qui se respecte. Par ailleurs, les spécialistes soutiennent que le CA Longue traîne, en ce qu’il promeut la logique de « 1 Consommateur = 1 produit », est plus adapté à la Nouvelle Économie ; tandis que l’autre, en ce qu’il met l’accent sur la publicité et le marketing, sied mieux à l’Ancienne Économie. Ainsi, EU et EE ont passé le temps à se battre par campagnes publicitaires interposées, chacune se présentant comme « Numéro 1 ». Pendant ce temps, la concurrence s’organisait ! On peut logiquement se demander ce qui a poussé le top management de l’entreprise à opter pour cette voie de garage.

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La pratique du « Plat sous le menton »

Pour approfondir :   Denis Nkwebo : « 95% des choses qui sont dites dans le rapport de la Chambre des Comptes sont automatiquement fausses »

Les spécialistes en management des projets indiquent que quiconque a eu l’idée d’un projet, en détient également l’âme. Dès lors, la question peut se poser de la place qu’EU, une fois mise en œuvre, a réservée à ses véritables géniteurs. Leur a-t-on réservé au moins la place de Consultants à défaut de les débaucher de l’administration pour les intégrer dans l’entreprise ? On peut en douter. Quoiqu’il en soit, cette société a mis en œuvre une autre pratique discutable de la mentalité des collines. Laquelle consiste, en mangeant, de placer un plat sous son menton, de façon à ne laisser tomber aucune miette. C’est elle qui semble également avoir détourné EU de son business model originel.

Mes sources indiquent qu’EU a abandonné l’approche des partenariats stratégiques initialement prévus. En effet, la société avait publié un communiqué dans la presse appelant à cela. Mais elle se reprit ensuite très vite. Selon nos analyses, ce retro pédalage, conforme aux maux sus évoqués, est dû à une combinaison de deux facteurs :

1- La disponibilité d’une main d’œuvre relativement qualifiée.

La société ouvre ses portes au moment où beaucoup de jeunes gens, diplômés de l’enseignement supérieur, sont disponibles sur le marché de travail. La main d’œuvre est donc moins chère et surtout, corvéable à merci.

2- Des loyers moins chers.

Dans les campagnes, les quartiers populaires et les banlieues des grandes villes, le coût assez faible des loyers a encouragé EU à multiplier ses points de vente, alourdissant d’autant ses charges. Cette politique dont l’un des objectifs visait surtout l’effacement de son concurrent EE du marché, a marché un temps. Tant qu’EU avait affaire à ce petit poucet, cela pouvait tenir. Mais l’arrivée de deux mastodontes a changé la donne.Cette mentalité s’est concrétisée avec l’introduction du marché des photocopies dans l’entreprise. On exigeait ainsi le client à sortir faire des photocopies de CNI pour toucher leur argent…

Quand le premier devient le dernier.

Le plus extraordinaire dans le différend qui oppose EU à ses concurrents, est qu’elle fut la première à proposer le service de transfert d’argent par téléphonie. Son produit, EU Money dont la campagne est particulièrement agressive ces derniers jours, fut en effet la toute première offre sur le marché. Ironie de la situation, le premier est devenu le dernier. Tout laisse croire, à l’observation, que le top management de l’entreprise qui, soit dit en passant, est essentiellement constitué des membres de la famille du promoteur et des ressortissants de son village, n’a pas vu venir ses concurrents Orange et MTN. Obnubilé qu’il était par la disparition d’EE, pourtant entreprise d’un autre frère de village ; subjuguée par le souci de ramasser seul le gain de cet important marché…

Sinon, comment comprendre que, ne maitrisant pas la technologie de la téléphonie mobile, EU n’a pas anticipé par la sous-traitance du marché en signant un contrat d’exclusivité avec Orange et MTN avant qu’elles ne se lancent sur le marché ? Pourquoi n’a-t-elle pas appliqué au Cameroun, la même franchise que ses nombreux partenaires lui concèdent afin qu’elle puisse effectuer des transferts à l’international ? La réponse à cette question, me semble-t-il, est à chercher dans la pratique du « Plat sous le menton ». Or un proverbe bamiléké stipule : « Quand tu manges, n’essuie pas ta bouche sur le sol comme la poule ». Cette sagesse invite en effet quiconque a fini de manger, d’essuyer les mains avec des feuilles sèches de bananier. Ainsi, même les fourmis pourront profiter de son repas en transportant ces feuilles sous terre dans la fourmilière …

En conclusion

Un principe général de droit dispose que nul ne doit se prévaloir de ses propres turpitudes. EU est victime du « Syndrome du Baobab » et de la pratique du « Plat sous le menton ». De sa voracité pour tout dire… Même dans la nature, à bien y regarder, le baobab est une espèce en voie de disparition, car il ne donne pas l’opportunité, même à sa propre graine, de germer et grandir. Il ne pousse plus que dans les cours de notables. Or nous parlons d’économie mondialisée ! L’État qui est pour tout dans l’essor, n’est pour rien dans sa chute. Il est pour le moins regrettable que les choix managériaux désastreux de ses dirigeants, conduisent aujourd’hui de nombreux concitoyens au chômage. Cependant, on devrait apprendre de ses erreurs. Alors, plutôt que de s’inscrire dans la confrérie des pleureurs, l’entreprise doit prendre résolument et courageusement les mesures qui s’imposent. Ainsi, à l’instar de ses concurrents, elle devrait aussi redéployer rapidement son personnel bureaucratique dans des kiosques sur le terrain. Il n’y a aucune honte à cela. Cette entreprise, a le mérite d’avoir su proposer des produits de proximité qui ont fait sa notoriété. Elle peut donc continuer à bien faire.

En tout cas l’avis, plus technique, de Celestin Bedzigui est clair. Il a le mérite de transcender la seule EU, pour s’inscrire dans une logique panafricaine. Voici en substance cette position de notre très estimé compatriote : « La possibilité du développement d’un capitalisme endogène et national trouve là sa véritable limite. Cette limite semble encore pour l’heure infranchissable tellement est ancrée dans les esprits des opérateurs économiques des pays subsahariens cette culture. La tendance à la contourner en essayant d’impliquer, au lieu des partenaires stratégiques privés apportant une capacité accrue sur le plan opérationnel, mais plutôt l’État dans l’intention d’obtenir que son ingérence dans le secteur productif modifie le jeu de la concurrence est un leurre dangereux. Express Union est dès lors soumis à un choix vital : sortir immédiatement de la case de la culture patrimoniale et rentrer dans celle de la Nouvelle Économie pour se donner une chance de rebondir car la compagnie garde tout de même l’atout de sa notoriété qui est capital, financièrement parlant et en terme de « good will » dans une négociation avec des partenaires éventuels, ou rester rivée à la culture patrimoniale du « garder ma chose » et mourir des larmes de l’espoir que le Gouvernement bridera l’expansion de ses concurrents pour l’aider à survivre. Il ne le fera pas et ne saurait le faire. »

En suivant ce sage conseil, EU mettra en application cette sagesse bamiléké qui dit : « Ne cache pas ton sexe pour mourir de l’enfant que tu portes en ton sein ». Pas de fausse pudeur donc !


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