Le chef de l’État Paul Biya a signé vendredi une série de décrets portant nomination des membres de la Commission des Droits de l’Homme au Cameroun. Parmi les nommés (15 au total, soit un président, un vice-président et 13 membres), on retrouve le lournaliste d’investigation Denis Nkwebo, président du SNJC, Syndicat National des Journalistes du Cameroun.
C’est le nom de ce dernier qui suscite plus de commentaires depuis vendredi. Plusieurs internautes justifient sa nomination par le fait qu’il se soit de temps en temps opposé à la stratégie du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun du Pr. Maurice Kamto qui veut « utiliser la rue pour renverser le pouvoir ». Une telle justification est vide de sens. Les Camerounais doivent apprendre à lire et se cultiver et non rester sur les réseaux sociaux pour dire n’importe quoi.
Pour votre culture générale, la loi portant création, organisation et fonctionnement de la CDHC a été révisée en 2019, dans le souci de s’arrimer aux principes de Paris de 1992 concernant le statut et le fonctionnement des institutions nationales de protection et de promotion des droits de l’homme. Avec cette révision, l’institution jadis appelée CNDHL, Commission Nationale des Droits de l’homme avait changé de dénomination pour devenir la CDHC.
On est aussi passé de 30 membres à 15 membres. Et ces membres sont issus des corporations. Denis Nkwebo est le représentant des médias. Paul Tezanou est le représentant des malvoyants. Amougui Apollinaire Tite est le représentant de l’administration pénitentiaire…
Vous comprenez donc que ces nominations n’ont rien avoir avec les orientations politiques. D’ailleurs, dans la volonté de dépolitisation de la commission, les membres ne doivent appartenir à aucune formation politique. Denis Nkwebo qui est militant du MANIDEM, Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la démocratie, doit donc déposer sa démission avant de rejoindre la CDHC, tout comme les autres membres qui étaient des militants politiques.
Le choix idéal
Qu’on soit d’accord avec lui ou pas sur ses opinions politiques, Denis Nkwebo reste et demeure le meilleur défenseur des droits des Journalistes au Cameroun. Ceux qui ont eu la chance de le côtoyer savent bien que la ferveur qui anime ce monsieur lorsqu’il parle de la protection des journalistes est semblable à celle d’un avocat qui défend son client à la barre.
À la tête du Syndicat National des Journalistes du Cameroun depuis 2015, il mène une lutte acharnée pour la protection et la défense des droits des journalistes. Il a donné un nouveau souffle à cette corporation en la rendant plus dynamique, en la renforçant avec la création des structures de base, en lui donnant une dimension internationale (le SNJC est devenu en 2016 membre du comité directeur de la Fédération Africaine des Journalistes, poste qu’il a conservé en 2018 lors du congrès de la FAJ à Khartoum au Soudan, tout comme celui du Conseil genre occupé par Marion Obam, vice-présidente du SNJC.
Secouriste dans l’âme
Le syndicalisme, Denis Nkwebo n’y est pas allé par suivisme moutonnier, encore moins pour la recherche d’une quelconque gratification pécuniaire. Depuis le bas âge, il a toujours su faire montre de sa générosité quand le besoin s’est imposé.
Dans les années 90 alors qu’il était étudiant en Histoire/Géographie à l’Université de Yaoundé, il participe à la contestation du FEL (Fonds des Étudiants Lésés) qui a donné lieu au démantèlement de l’ancienne université de Yaoundé en six ( Yaoundé II, Buéa, Douala, Dschang, Ngaoundéré). Denis Nkwebo est aussi depuis quelques années, le consultant de la commission des Droits de l’homme du Qatar.