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Coronavirus : Dieudonné Essomba propose d’autres mesures palliatives au gouvernement  

DD Essomba

En même temps que Dieudonné Essomba salue les treize mesures drastiques prises le 17 mars 2020 par le gouvernement camerounais pour lutter contre la pandémie du covid-19, il propose d’autres alternatives.

DD Essomba
Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

Sur sa page Facebook ce 18 mars 2020, l’économiste demande de « suivre scrupuleusement les instructions du gouvernement » pour lutter contre le coronavirus.

Tout en reconnaissant la portée des mesures prises par le Premier ministre chef du gouvernement , Dieudonné Essomba suggère aux populations de ne pas envahir les grandes métropoles à l’instar de Yaoundé et Douala ; autant mieux regagner les villages où moins sévit la pandémie.

Le consultant médias demande également au gouvernement d’appliquer la « rigueur » afin que soient respectées les mesures récemment prises.

Ci-dessous l’intégralité de la publication de Dieudonné Essomba.

 

Coronavirus : Il faut suivre scrupuleusement les instructions du gouvernement

Le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour limiter la propagation du coronavirus, appelé KOVIT 19.

Ces mesures limitent la liberté des Camerounais, mais il faut les respecter à la lettre, au lieu de les contester, soit parce qu’on les trouve trop rigoureuses, soit parce qu’ils les trouvent trop molles.

Le Gouvernement a fait le maximum possible pour un pays de notre niveau et il faut l’aider à lutter contre cet ennemi commun qui ne distingue ni tribu, ni classe, ni parti politique.

Il ne pouvait pas fermer totalement les frontières, au regard de notre extrême dépendance. C’est pour cela qu’il a limité l’ouverture de la porte aux navires qui approvisionnent en produits de première nécessité.  Si les villages peuvent encore vivre presque en autarcie du point de vue alimentaire, la dépendance de Yaoundé et Douala en riz, en poisson et en d’autres biens est telle qu’il ne pouvait faire autrement. Du reste, contrairement aux grands pays, nous n’avons aucun stock de sécurité qui aurait permis d’amortir le choc en cas de fermeture totale des frontières.

S’agissant des foules, le Gouvernement ne pouvait que les limiter, le pays ne pouvant pas fonctionner sans certains lieux de rencontre comme les églises, les moquées et les marchés. Mais il faut respecter cette consigne qui limite les participants à 50. Le clergé musulman a déjà entériné la mesure, le clergé chrétien pourra aussi le faire en multipliant les messes dans les quartiers, au lieu de regrouper les chrétiens dans les églises.

Quant aux établissements de formation, il n’y avait rien d’autre à faire, car les enfants y résident ensemble pendant plusieurs heures, avec des interactions multiples aggravées par des jeux, ce qui en fait un vecteur privilégié de contamination et de disséminations des épidémies dans les familles.

Les mesures proposées par le Gouvernement constituent un énorme sacrifice, mais il ne peut faire autrement. Des gens menant les petites activités au jour le jour seront lourdement affectés, et ce d’autant plus que le pays est actuellement incapable de leur apporter des compensations. Il faudrait donc s’attendre à des tentatives de transgression. Malgré tout, il est important de se contraindre.

 Sur le chapitre des recommandations, je demande aux Camerounais dans la mesure du possible, d’envoyer leurs enfants dans leurs villages respectifs, où les foyers de coronavirus sont limités et les rencontres plus fluides. Ne vous encombrez pas des membres de la famille dont la présence n’est pas nécessaire dans les villes, notamment à Yaoundé et Douala. Qu’ils rentrent au village pour leur propre sécurité.

Quant au Gouvernement, je recommande la rigueur. Si la Chine est en cours de sortie de sa crise, c’est bien parce qu’elle a utilisé des méthodes fortes et implacables. Les mesures prises relèvent de l’ordre public et doivent être respectées. Aucune concession ne doit être faite, et ces mesures draconiennes doivent s’appliquer en priorité aux immigrés Camerounais qui sont la principale porte d’entrée de cet ennemi maudit, mais ne font pas toujours preuve de responsabilité.

C’est pour cette raison que je réitère ma proposition d’un habit rouge frappé de tête de mort pour tous les voyageurs pendant leurs 14 premiers jours de séjour au Cameroun.

On peut en rire, mais c’est la meilleure solution de confinement dans notre contexte. Du point de vue de la victime, c’est un régime moins dur que la quarantaine physique qui confine le voyageur et s’assimile à une sorte de prison. Il peut donc mener presque normalement ses activités, rencontrer ses contacts utiles, mais tout en signalant à son entourage qu’il doit s’éloigner de lui. Cette possibilité de mener des activités va réduire la tendance à échapper aux quarantaines prescrites par le Gouvernement. Du reste, une quarantaine s’appliquera difficilement jusqu’aux membres de la famille, surtout en l’absence d’une police. Inversement, celui qui porte cet habit se sent lui-même poussé à éviter les lieux publics qui le soumettent aux regards désapprobateurs.

Du point de vue de la population, celle-ci est avisée que ce monsieur qui porte tel habit vient d’un pays dangereux et qu’on doit garder avec lui une bonne distance physique. La présence de cet habit déclenche une réaction de fuite de la population, ou des actions de « chassement ». Et cela sera valable même pour sa propre famille, effrayée par cet habit.

Du point de vue de l’Etat, cette mesure est infiniment moins coûteuse que le confinement physique dans les hôtels qu’il ne peut pas financer longtemps de toute façon. Le seul travail de l’Etat sera de s’assurer que chaque voyageur porte cet habit en permanence, toute violation se traduisant immédiatement par 6 mois de prison ferme.

Porter un tel habit n’est pas de la stigmatisation, en ce sens que cela n’est pas lié à un statut permanent. C’est tout simplement une mesure ponctuelle d’exception qui, après 14 jours, permet au voyageur de festoyer avec ses amis. Peut-être que l’habit à tête de mort peut paraître effrayant, mais la bonne solution est la logique sociologique d’une marque visible et sans équivoque pour ces gens, et non la logique administrative de la quarantaine qui est trop coûteuse et peu efficace dans notre contexte.

Je vais enfin finir en demandant au Gouvernement de tirer les leçons de ses choix défectueux. Naguère, j’avais demandé d’instaurer une Monnaie Binaire au Cameroun, autrement dit, un système utilisant, à côté du CFA, un autre pouvoir d’achat réservé aux produits locaux. Cela nous permettait de renforcer le système productif local, de manière à supporter des chocs extérieurs de nature aussi violente. Outre les arguments théoriques, j’ai demandé aux Camerounais d’aller en Suisse, l’économie la plus stable du monde, examiner comment fonctionne le WIR.

Cette proposition est plus que jamais actuelle, et il est impératif qu’à la fin de la crise, ce modèle soit instauré au Cameroun.

J’ai également demandé d’adopter un Etat segmentaire qui éparpille la population urbaine et le développement dans tout le territoire, au lieu de confiner tout le Cameroun économique à Yaoundé et Douala. Outre la très faible efficacité d’un modèle aussi centralisé, il présente aussi d’inextricable difficulté pour gérer des catastrophes comme la grippe aviaire.

Enfin, je recommande aux dirigeants actuels et à venir de cesser de se prendre pour des messies, en charge de développer le Cameroun. Un pays ne se développe pas sur la base des « hautes instructions du Chef de l’Etat », mais sur la base d’une bonne organisation où chacun joue son rôle et en assume la responsabilité. Ce modèle dans lequel un seul individu est l’alpha et l‘oméga de la vie des gens ne peut être sain. Il est donc important de fédéraliser le pays, avec une souveraineté partagée entre un Etat Central et des Etats régionaux, de telle sorte que pour une crise comme le Coronavirus, on sache très bien qui fait quoi.

Ce système dans lequel un seul individu gère els 5.000 Milliards du budget et prétend se mêler de tout ne va nous conduire nulle part.

Les Camerounais doivent s‘armer de courage, car quelle que soit l’évolution de la pandémie, la crise économique qui va en découler sera infiniment plus sévère que celle déclenchée en 1987 et qui a mis 20ans.

Dieudonné Essomba

Pour approfondir :   Hon. Samuel Moth, député RDPC : « Je ne suis pas parti à l'assemblée nationale pour gagner de l'argent… »


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