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Coronavirus : Le Dr Hilaire Kamga écrit à Paul Biya

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Le candidat aux législatives du 9 février 2020 à Bandjoun dans le Koung-Khi, région de l’ouest a adressé une lettre au président Paul Biya pour lui proposer des mesures urgentes pour lutter contre le coronavirus.


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Paul Biya et Hilaire Kamga – captur photo

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la lettre.

A Son Excellence Monsieur Paul Biya,

Président de la République du Cameroun

Objet : Urgentes mesures au sujet du CORONA Virus.

L’Etat d’urgence s’impose

Excellence,

En ce moment critique où la vie de la nation et des millions de camerounais est menacée, je me trouve dans l’obligation de vous faire cette missive que je souhaite voir en bonne place, dans le panier des propositions des citoyens soucieux du sort de ceux qui pourront être sauvés de cette catastrophe.

D’emblée, je voudrais vous féliciter pour les 13 premières mesures que vous avez bien voulues prendre le 17 mars 2020.

Pour autant, ces mesures bien qu’appréciables, me semblent non seulement insuffisantes mais souffrent d’un déficit de légalité qui altèrent leurs forces et leur puissance.

A titre illustratif, la limitation des libertés fondamentales dans la durée, ne saurait s’adosser sur un texte règlementaire, fut-il du Chef de Gouvernement.

Par ailleurs, le régime des privilèges qui a structuré la décrépitude de la société camerounaise depuis plus de 05 décennies, ne saurait être tolérée dans la gestion de la crise du COVID 19. C’est le lieu de déplorer la tolérance et l’irresponsabilité des dirigeants camerounais ayant abouti à l’admission de M Cavaye Yégue à la session de plein droit du Parlement camerounais, entrainant à priori une suspicion de contamination de plusieurs autres Camerounais.

Monsieur le Président,

Au regard de ce qui se passe dans les pays amis à l’instar de l’Italie, il est aujourd’hui clair que si cette pandémie s’installait au Cameroun sans un dispositif de gestion efficace, le Cameroun, risquerait d’être effacé de la carte du Monde. C’est dans cette perspective que je me suis donné l’obligation de vous adresser les quelques propositions ci –dessous. Elles concerneront le plan juridique, social, économique, politique et sanitaire.

A- Sur le plan Juridico-politique

« De l’urgence de l’Etat d’urgence et de la nécessité d’une pause politique »

Il faut accepter le truisme aujourd’hui indéniable selon lequel nous sommes en situation de crise grave qui menace la survie de la Nation Camerounaise. Il est donc impératif de faire usage de l’article 9 de la Constitution en décrétant l’état d’urgence nationale, ou même l’état d’exception. Ceci impliquerait, entre autre, la dissolution de l’Assemblée Nationale et du Senat permettant ainsi au Président de la République de légiférer par Ordonnance. D’ailleurs, une telle décision ne serait qu’un retour à la normale lorsqu’on considère que depuis 1992, le Parlement Camerounais n’est autre qu’une simple « Chambre d’enregistrement » des décisions prises par le Pouvoir Exécutif. Mais en période de crise de COVID 19, ceci aura plusieurs avantages aussi bien du point de vue économique, juridique que du point de vue opérationnel.

Au niveau économique, le Cameroun économisera un budget conséquent lui permettant de renforcer la caisse de gestion du COVID 19.

Au niveau juridique, elle permettra d’inscrire toutes les restrictions rendues nécessaires pour la gestion de la crise Covid-19 dans un cadre légal indiscutable.

Au niveau opérationnel, elle favorisera un gain de temps dans la prise de décisions au niveau national, en ce moment où le temps se positionne comme un déterminant fondamental dans la gestion de la crise.

Sur un plan purement Politique

Il est urgent de mettre en place un Comité de Salut National COVID-19 impliquant les acteurs de toutes les composantes sociopolitiques du Cameroun.

Ce comité purement consultatif, devrait se réunir tous les jours en vue d’analyser les propositions plurielles des camerounais, de les contextualiser sous le prisme des différentes contraintes, et d’en ressortir des recommandations adressées au Gouvernement qui gère la crise au niveau opérationnel.

B- Sur le plan Socio-économique

B1- Au niveau Social : du débat sur le Confinement total.

« On peut confiner aisément dans les enclos des riches, mais pas dans les township des pauvres »

L’une des mesures les plus appliquées aujourd’hui dans le monde pour freiner la progression de la Pandémie est le Confinement total. Ce confinement suppose que tous les citoyens restent chez eux et ne sortent éventuellement que pour des motifs exceptionnels tel que urgence médicale, ravitaillement et /ou aide aux personnes âgées. Cette forme de confinement n’est simplement pas applicable au Cameroun. En effet, si dans les pays comme la France, les services de bases (eau, électricité, gaz, etc.) sont présents dans toutes les maisons, cela est loin d’être le cas au Cameroun. Dans les villes comme Douala et Yaoundé, il existe encore beaucoup des quartiers où un seul PUIT d’eau constitue la source d’approvisionnement en eau (pas toujours potable) pour 100 à 200 familles ; d’ailleurs le taux de raccordement au réseau officiel d’eau est de moins de 30% au Cameroun.

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Par ailleurs avec un pays où le secteur informel fait vivre environ 90% de la population, il serait intelligent de bien analyser (et très rapidement) le type de confinement adapté pour notre pays. Car la plupart de ces acteurs du secteur informel, vivent au jour le jour et moins de 20% de la population camerounaise dispose d’un congélateur pour éventuellement se doter de réserve alimentaire nécessaire pour un tel confinement. En tout état de cause, il faut absolument éviter que le confinement ne soit perçu comme une mesure contre les pauvres qui constituent la majorité de la population : une telle perception créerait forcément une résistance ou pire, une rébellion face à la mesure.

Aussi, au regard de toutes ces raisons, et bien d’autres, si la « Camerounisation » du confinement n’est pas bien pensée et surtout si elle n’est pas faite rapidement avec des mesures d’accompagnement adéquates, une bonne partie de la population risquera de se retrouver face à un choix cornélien : choisir de mourir du COVID-19 en refusant le confinement, ou choisir de mourir de famine en se confinant.

C’est ici que le rôle du Comité de Salut National COVID-19 est important dans la mesure où chaque décision sera prise en prenant en compte toutes les spécificités des populations camerounaises.

Aussi, pour rendre effectif le confinement au Cameroun, je propose :

1- Prendre des mesures pour un confinement par quartier dans toutes les villes du Cameroun

2- Dans les zones urbaines, créer dans chaque quartier, un Comité COVID-19 qui inclus outre le chef de quartier, 01 représentant des associations locales, 01 représentant des partis politiques présents dans le quartier, 01 représentant de chaque confession religieuse présent dans le quartier.

3- Dans les zones rurales, ce même dispositif sera mis en place avec pour seule différence la délimitation administrative qui sera ici la Commune et le non le quartier

4- Ce Comité devrait être l’interlocuteur de l’Etat pour la mise en œuvre des mesures liées au respect du confinement

5- L’Etat devrait prendre des dispositions pour pourvoir les quartiers en eau potable, en produits de 1ère nécessité, en désinfectant, en masques, en savon, etc. Dans cette perspective, la mise à contribution du dispositif du corps national des sapeurs-pompiers est indispensable.

6- L’Etat doit mettre en place un mécanisme de distribution à toutes les populations nécessiteuses d’un « Paquet minimum de ration alimentaire » pendant la durée du confinement.

7- Dans les quartiers et villages, les marchés saisonniers, sous la houlette du ministère du Commerce, et l’encadrement des forces de sécurité et de défense, doivent être organisés chaque semaine pour le ravitaillement des populations confinées. Pour autant l’accès à ce marché ne sera possible qu’aux commerçants et citoyens disposant d’un masque, des gants et respectant la distance de 01 mètre prescrite par l’OMS.

8- Les déplacements interurbains doivent être suspendus, sauf pour les cas d’urgence médicale.

9- Les déplacements urbains, indispensables, ne doivent se faire qu’avec les taxis acceptant les conditions tel que : masques obligatoires, 01 seul passager (lui-même disposant d’un masque)

10- Fondé sur l’effectivité de l’état d’urgence, le Gouvernement doit mettre en place un « bouquet financier » efficace.

a. Exonération fiscale aux entreprises de télécommunication pour la période de crise ; en contre-partie celles–ci offriront les services d’internet et de communication avec une réduction de 80% de prix

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b. Défiscalisation pour 03 mois des entreprises donc les activités sont affectées par le confinement

c. Baisse de 80% des prix de l’eau et d’électricité pour une période de 03 mois renouvelables

d. Création d’un Fonds spécial d’appui aux entreprises pour permettre d’une part la sécurisation de l’emploi et d’autre part garantir un fonctionnement après la Crise.

11- Il est impératif d’arrêter tout nouvel investissement non essentiel et de consacrer le budget y relatif à la gestion de la crise COVID-19. A cet effet, l’Etat doit dégager une prévision d’environ 1500 milliards de FCfa dans la cagnotte de la Crise. Cette somme pourrait être dégagée des 440 milliards de recettes pétrolières prévues dans le budget 2020, des économies dégagées de la dissolution des deux chambres du Parlement, et environ 900 milliards dégagés des restrictions des dépenses de fonctionnement de l’Etat.

C- Sur le Plan sanitaire.

Je considère que nos experts de cette science font déjà bien leur travail avec le peu de moyens dont ils disposent. C’est le lieu pour moi de féliciter le brillant Ministre de la Santé pour son pragmatisme et sa disponibilité pour cette cause citoyenne. Il en est de même pour le personnel médical des hôpitaux déjà impliqués dans la gestion des cas du COVID-19.

Pour autant, il est urgent d’essayer de pallier en quelques jours ce que nous avons refusé de faire en plusieurs décennies. Aussi, je suggère le lancement d’un Programme National de Neutralisation du COVID-19 (PNC19).

Dans le cadre de ce programme, des mesures chocs devraient être prises. Il devrait s’agir notamment de :

1- Activer la coopération chinoise pour doter notre système sanitaire en quantité suffisantes d’équipements appropriés pour le corps soignant et le malades (masques, gants, respirateurs, combinaisons imperméables, etc.).

2- Systématiser le port des masques (cache-nez) dans l’enceinte des formations hospitalières pendant la durée de la crise

3- Interdire la vente des aliments et autres nourritures exposés dans les environs des formations hospitalières

4- Procéder à un rappel des « soldats et généraux réservistes » de la santé, notamment les médecins et autres infirmiers/infirmières à la retraite et les étudiants finissant en médecine. Un salaire conséquent devrait être alloué à ces « réservistes ». L’opérationalisation de cette mesure passe par la création d’une plate-forme Internet ou d’une application web à partir de laquelle ces « soldats de la santé » pourraient immédiatement s’enregistrer sans affronter la contrainte de déplacement ou de la bureaucratie.

5- Réquisitionner certaines infrastructures de prestige qui seront aménagées en urgence pour accueillir des malades.

6- Réquisitionner les voitures administratives (CA) non essentielles chez leurs utilisateurs actuels et les affecter au programme national de Neutralisation du COVD-19

7- Doter les entrées des espaces marchands, bâtiments administratifs des sceaux d’eau avec robinet et savon pour le nettoyage des mains

8- Centraliser dans chaque coin des villes et villages les lieux d’embarquement des personnes avec pour préalable désinfection et nettoyage des mains avec du savon

9- Imposer le port des désinfectants et cache-nez par chaque transporteur

10- Prescrire le nettoyage des mains avant toute entrée dans un véhicule de transport.

Excellence,

Je reste convaincu que ces mesures et bien d’autres que les Camerounais de bonne volonté vous proposent, peuvent constituer des déterminants endogènes sérieux dans la bataille que notre pays mène contre cette pandémie.

Enfin, parce que les symboles comptent, aucune raison valable ne justifie votre silence actuel depuis le début de cette pandémie. Tout en reconnaissant l’excellent travail que mènent le Chef de Gouvernement et son équipe, les citoyens ont besoin de voir leur Président au front de la guerre contre cette pandémie qui menace la survie de la Nation entière.

Très respectueusement.

Hilaire KAMGA

Mandataire de l’Offre Orange

Porte-parole de la Plate- forme de la Société Civile pour la démocratie


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