Le décès de l’artiste musicien ivoirien Dj Arafat est l’actualité qui fait jaser en ce moment. Les mélomanes et autres acteurs de la musique africaine rendent des hommages chacun à sa manière, à l’artiste.
Dans cette logique, Steve Beko, cyber activiste pro-Gbagbo, s’est saisi de son clavier pour revenir sur la vie du leader du Coupé-décalé.
Dans cette chronique intitulée DJ Arafat et nous, l’auteur fait révélations profondes sur le Coraman.
Lebledparle.com est allé pêcher cette chronique et vous la propose
DJ Arafat et nous
Huon Ange Didier s’en est allé hier ! Comme un vrai artiste, il a soigné sa sortie qui a plongé tout le pays dans un émoi incommensurable. Sans me l’expliquer, j’ai toujours toléré ses frasques, incapable de le réprimander publiquement comme chacun le faisait et à juste titre d’ailleurs.
En vérité, ma génération, celle qui a eu le baccalauréat dans les années 2000 ne pouvait pas ne pas ressentir une certaine affection vis-à-vis du jeune homme.
Nous sommes la génération de la guerre, celle des couvre-feux, et notre jeunesse, c’est au son du coupé-décalé et plus précisément avec Dj Arafat comme leader que nous l’avons vécue.
Nos premières bourses universitaires, quand il fallait les dépenser en boite de nuit, c’est du Arafat que nous dansions. Nos premières petites gos sur la fac, quand il fallait les sortir, c’est lui naturellement que nous écoutions.
D’abord nous l’avons vu dans les toilettes du maquis Shanghai faisant le ménage en contrepartie d’une petite pièce de monnaie, puis nous l’avons aperçu trainant autour des cabines des Dj, espérant que sa chance lui soit donnée.
En 2003, son single « Jonathan » fait un carton et chacun de nous se disait : « Mais c’est notre petit de la rue princesse là ».
Il s’envole pour la France d’où il se fera rapatrier tout en perdant ses triplés. De retour au pays, sa carrière prend un envol. Notre petit enchaine les tubes nous rendant fiers même pour ceux comme moi qui n’étaient pas trop DJ.
En fait, Dj Arafat a grandi sous nos yeux ! À l’intérieur de chacun de nous, il était comme le petit frère têtu, mais qu’on aime bien.
Un peu comme une « pupille de la nation ». On se sentait solidaires de lui comme si nous l’avions un peu élevé surtout que sa vie se déroulait comme « une télé-réalité ».
Nous partagions ses joies, ses peines, ses dérapages, ses clashs artistiques et familiaux. Arafat Dj portait toujours les stigmates de son enfance difficile.
Quand ton père et ta mère sont des célébrités et que tu te retrouves à dormir sur les tables des maquis et à laver les toilettes de ceux-ci, Dieu seul sait ce que tu peux entendre comme propos blessants.
De ces expériences, il acquit la rage de vaincre, l’envie d’être toujours la tête d’affiche, d’être un leader comme s’il craignait de se retrouver à nouveau dans ses endroits morbides. DJ Arafat était aimé non pas forcement pour ses talents musicaux, mais parce que, c’est notre « petit ».
La génération à laquelle je fais référence est celle qui est dans la vie active aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Et c’est pourquoi même si les gens n’étaient pas très démonstratifs, personne ne pouvait égaler sa notoriété.
La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était dans une boite de nuit parisienne. Après être venu à notre table saluer les personnes avec qui j’étais, nous nous sommes retrouvés au fumoir. Pendant qu’on discute, il me fait remarquer qu’il a lu les textes que je lui ai consacrés et que je ne le clash pratiquement jamais.
Je lui réponds qu’il est une vraie pépite et qu’il peut doubler ses revenus avec juste une bonne communication et un peu d’organisation. Avec le sourire, il me lance : « mon vieux, personne ne peut me gérer oh. Moi-même je suis un peu fou ». Puis on se sépare. C’était un Adieu !
Repose en paix le Président de la Chine populaire !
La notification : « Arafat Dj est en direct » va me manquer ! Tu nous embrouillais avec tes bruits. Maintenant c’est ton silence qui nous emmerde.