La star du football turc est aussi inquiétée par la justice de son pays dans le cadre des purges menées après le putsch raté du 15 juillet.
Les purges se poursuivent en Turquie après le putsch du 15 juillet. Après l’armée, la justice sévit cette fois dans le monde du sport. Un mandat d’arrêt a ainsi été émis contre l’ex-star du football Hakan Sükür. Le sportif serait un proche du prédicateur Fethullah Gülen dont Ankara réclame l’extradition à Washington. Celle-ci aurait enfin envoyé des « signaux positifs » dans ce dossier, d’après le chef de la diplomatie turque.
La star du football turc accusée d’être « membre d’un groupe terroriste armé »
Auteur d’un but mythique en Coupe du monde et plus grand buteur de tous les temps en Turquie, la star Hakan Sükür est désormais accusée d’être « membre d’un groupe terroriste armé ». Une accusation fondée sur ses liens avec l’ex-imam accusé par Ankara d’avoir ourdi le putsch avorté, selon l’agence progouvernementale Anadolu. Le père du footballeur, Selmt Sükür, a déjà été arrêté, a annoncé la télévision privée NTV. Le sportif lui-même avait quitté la Turquie avec sa famille l’an dernier pour s’installer en Californie après une procédure pénale pour « insulte » contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Âgé de 44 ans, Hakan Sükür a passé l’essentiel de sa carrière au club stambouliote de Galatasaray, avec lequel il a remporté huit fois le Championnat de Turquie et la Coupe de l’UEFA en 2000. Il avait joué aussi pour l’Inter Milan, notamment. Depuis 2002, il reste l’auteur du but le plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde, contre la Corée du Sud, en 11 secondes de jeu. La 3e place de la Turquie au Mondial 2002 avait conforté son statut de star. Après une riche carrière sportive, Sükür était entré en politique aux côtés du président turc et avait été élu député en 2011 sur une liste de son parti, l’AKP. Mais, hostile à la décision d’Erdogan de lancer une guerre contre Gülen, son allié devenu son ennemi numéro un, il avait démissionné de l’AKP en 2013. Sükür n’a jamais caché sa sympathie pour Gülen, l’ex-imam dont Ankara réclame à cor et à cri l’extradition aux États-Unis.
Déjà plus de 35 000 gardes à vue dans le cadre des purges
Pour la première fois dans l’avancée de ce dossier d’extradition, la Turquie annonce avoir reçu des « signes positifs » des États-Unis. Gülen est la principale cible de la justice turque, mais de nombreux membres de l’appareil d’État, visés par les purges, auraient aussi trouvé refuge à l’étranger. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusolgu a précisé que « 32 des 208 diplomates rappelés en Turquie ne sont pas rentrés ». Il a précisé que certains diplomates s’étaient réfugiés dans d’autres pays. C’est notamment le cas de deux diplomates de la mission turque au Bangladesh qui ont trouvé refuge aux États-Unis. Deux attachés militaires de l’ambassade de Turquie en Grèce ont aussi pris un ferry pour l’Italie.
Le coup d’État raté du 15 juillet a été suivi d’une purge massive ayant touché l’armée, la justice, la magistrature, la presse, les milieux économiques et sportifs en Turquie. Le pouvoir mène une traque implacable contre les sympathisants, réels ou supposés, de Gülen, avec plus de 35 000 gardes à vue au total.