Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, a achevé dimanche quatre jours de consultations dans la région anglophone du Nord-Ouest, destinée à identifier les conditions et les protagonistes pour un possible dialogue en vue d’un retour à une paix durable dans cette partie du pays, secouée depuis octobre 2016 par un violent conflit sécessionniste.
Cette mission lui a déjà permis d’échanger avec des leaders politiques, élus locaux et parlementaires, aussi bien du régime que de l’opposition mais également avec des élites, dignitaires religieux et traditionnels, responsables de la société civile et autres groupes communautaires.
À ses interlocuteurs, le chef du gouvernement, formellement mandaté par le président Paul Biya, a indiqué que le pouvoir était prêt à organiser un dialogue formel pour résoudre la crise sécessionniste, hormis le débat touchant à la sécession du pays.
S’agissant du dialogue, le dirigeant du Front social démocratique (SDF), le premier parti de l’opposition parlementaire son leader, Ni John Fru Ndi, a proposé ses bons offices au pouvoir comme médiateur de la paix.
Concernant la médiation, le Président du parti de l’alliance libérale (PAL), Célestin Bedzigui estime que qu’on ne doit personnaliser la médiation à travers une figure médiatrice. « Après une descente du Premier Ministre sur le terrain dans le NOSO qui suscite un réel espoir, la solution à la crise socio-politique armée qui y sévit ne requiert pas forcément une figure médiatrice qui en personnaliserait le déroulement, et surtout, une telle figure ne saurait être étrangère comme l’évoque certains. Le Cameroun dispose de la ressource humaine locale de très bon niveau et le Chef de Gouvernement dispose de leviers politiques et institutionnels lui permettant de mener à bon port cette entreprise », écrit le Chef traditionnel dans la Lekié.
En dehors de cette remarque, l’économiste de formation indique trois conditions que requiert ce dialogue annoncé. Tout d’abord il propose un format de dialogue dans un large rassemblement incluant les figures de tout bord faisant autorité où les ressortissants du NOSO devront représenter 50% de participants. Selon lui, il faut un agenda de conversation centré sur la forme de l »Etat et le modèle de gouvernance par une revisitation des termes de l’accord de réunification de 1961 où le fédéralisme était le mantra. Enfin, l’homme politique souhaite qu’il y ait le maintien de l’autorité et de la force de l’Etat par une politique de tolérance zéro des exactions des Ambazoniens pendant la période des travaux.
Pour rappel, Joseph Dion Ngute et son imposante délégation gouvernementale doivent, dès lundi, entamer le même type de contacts dans le Sud-Ouest, aujourd’hui considéré comme l’épicentre de la revendication séparatiste.
Ci-dessous, l’intégralité de la proposition de sortie de crise de Célestin Bedzigui.
SCÉNARIO DE SORTIE DE CRISE DANS LE NOSO
Après une descente du Premier Ministre sur le terrain dans le NOSO qui suscite un réel espoir, la solution à la crise socio-politique armée qui y sévit ne requiert pas forcément une figure médiatrice qui en personnaliserait le déroulement, et surtout, une telle figure ne saurait être étrangère comme l’évoque certains. Le Cameroun dispose de la ressource humaine locale de très bon niveau et le Chef de Gouvernement dispose de leviers politiques et institutionnels lui permettant de mener à bon port cette entreprise.
En fait, le succès du « dialogue inclusif » devant mettre un terme à cette crise requiert trois conditions :
1/ Un format de dialogue dans un large rassemblement incluant les figures de tout bord faisant autorité où les ressortissants du NOSO devront représenter 50% de participants.
2/ Un agenda de conversation centré sur la forme de l »Etat et le modèle de gouvernance par une revisitation des termes de l’accord de réunification de 1961 où le fédéralisme était le mantra
3/ Le maintien de l’autorité et de la force de l’Etat par une politique de tolérance zéro des exactions des Ambazoniens pendant la période des travaux.
Ce schéma est assez proche de celui que nous avons utilisé en 1991 pour sortir le pays de la crise des » villes mortes » qui a paralysé 7 régions sur 10 pendant…8 mois.
Hors de la prise en considération de ces aspects, on s’expose à un enlisement stérile et couteux conduisant à un échec.
Permettez que je souligne que je parle d’expérience d’avoir eu le privilège de participer à la résolution des différentes crises socio-politiques du pays des trente dernières années.
Bon week-end.
Sa Majesté Célestin Bedzigui
Président du PAL