Le Mouvement africain pour la démocratie et la nouvelle indépendance (Manidem) a publié le jeudi 1er octobre 2020, jour de commémoration du 59e anniversaire de la Réunification du Cameroun une déclaration dans laquelle, il revient sur la crise au Noso et se demande à qui profite le crime.
Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration.
Déclaration à l’occasion du 1er octobre 2020, 59e anniversaire de la Réunification.
1-La communauté internationale.
La communauté internationale est en Afrique sous influence coloniale, le cache-sexe des prédateurs et notamment des puissances occidentales. Au Kamerun, il s’agit essentiellement de la France, et accessoirement des Etats-Unis d’Amérique et de la Grande-Bretagne. La France au Kamerun est installée par la force des armes depuis la première guerre mondiale. Elle y a établi en 1960 un système qui permet de piller le pays avec l’aide d’un gouvernement de Kamerunais qui n’est également qu’un cache-sexe à son service. Ce système c’est le néocolonialisme, c’est-à-dire le colonialisme indirect ou la Françafrique. Pour ce faire, elle a interdit l’UPC et tué des centaines de milliers de Kamerunais opposés à son projet criminel. Dans cette aventure, elle a bénéficié de la complicité active de la Grande-Bretagne (qui a aussi interdit l’UPC) et des Etats-Unis, soutien de la guerre contre l’UPC. Tout ça c’est passé aussi bien ici au Kamerun, qu’à l’ONU, théâtre de l’institution de la dictature néocoloniale kamerunaise.
60 ans plus tard, ce système qui meurtrit tout le pays fait face au mécontentement des Kamerunais du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO). Fidèles à leurs traditions, Français, Anglais et Américains poussent leurs pions dans ce conflit. Paris soutient le gouvernement en place. Ce soutien est d’autant plus clair que le Kamerun est la clé de toute la Françafrique. Si la France perd ses plantations au Kamerun, elle perdra toute l’Afrique francophone ; aussi vrai que c’est au Kamerun que l’UPC a lancé le mouvement indépendantiste qui a contraint la France à accorder au moins un semblant d’indépendance. La Grande-Bretagne et les USA, pays anglo-saxons, soutiennent naturellement les Ambazoniens. Ces sécessionnistes sont dans ces pays comme des poissons dans l’eau, commanditant des crimes abominables, revendiquant une sécession injustifiable. Pour Londres et Washington, comme pour Paris, il n’y a qu’un seul intérêt : agrandir les zones d’influence où ils peuvent capter des richesses. Que cela coûte des milliers de morts, ce trio n’en a rien à foutre, passez-nous l’expression.Ce ne sont que des nègres qui meurent, dirait Churchill ou De Gaulle. Chez nos sœurs et frères du Nigeria, pour les mêmes causes, la guerre du Biafra, ils ont fait des millions de morts et ce n’est pas fini. Le Manidem dit que ces pays sont à exclure de la solution des affaires kamerunaises.
2-Les partis politiques sous influence de la communauté internationale.
La politique kamerunaise est fondée sur un clivage fondamental : pour ou contre le néocolonialisme. L’écrasante majorité des partis politiques est généralement pour. Voilà la raison fondamentale du marasme kamerunais. Ceux qui veulent remplacer Biya et Cie ne proposent pas de s’attaquer au fondement principal du régime Biya qui est le néocolonialisme. En dehors du Manidem notamment, les acteurs politiques kamerunais se battent pour que notre pays soit maintenu en esclavage. Aujourd’hui, face à la crise du NOSO, il faut distinguer deux groupes parmi les partis néocoloniaux : ceux qui sont proches de Paris et ceux qui sont proches de Londres et Washington. Héritiers en fonction de l’UNC d’Ahmadou Ahidjo, le RDPC, le FSNC, et l’UNDP par exemple sont clairement contre les Ambazoniens. Cependant, ils sont les PRINCIPAUX RESPONSABLES locaux du drame de la sécession. C’est la politique qu’ils mènent qui a permis l’émergence de cette barbarie qui ruine des décennies d’efforts des Kamerunais pour l’unité et le progrès.
A côté, issus des arcanes du pouvoir néocolonial, des partis comme le SDF, le MRC, l’UDC, les alliés du Stand Up, etc., tous héritiers frustrés du système comme John Ngu Foncha, jouent avec l’Ambazonie. Ils lui trouvent des excuses. Ils travestissent les faits et l’Histoire du Kamerun qui condamne sans appel les Ambazoniens. Comme les Américains, ils plaident pour un cessez-le-feu bilatéral comme si le Kamerun fait face à une agression étrangère justifiable. Ils vont jusqu’à appeler à l’intervention de la soi-disant communauté internationale. Le Manidem a pris position contre l’Ambazonie et tous ceux qui font des calculs malsains avec cette aventure criminelle anti-Kamerun. Il n’a pas eu peur d’être accusé de collusion avec le régime de Yaoundé parce que de deux maux il faut choisir le moindre et c’est un euphémisme. Le Manidem dit que toute personne honnête doit combattre sans aucune concession ces partis qui favorisent l’Ambazonie. Elle n’a aucune raison d’être et sert uniquement les intérêts des ennemis du Kamerun.
3-Les Ambazoniens.
Les sécessionnistes sont des ennemis du Kamerun. Leur entreprise ne se justifie sur aucun plan. Ils ont été opposés à la Réunification et ils ont perdu. Quoique la Réunification s’est mal faite. Ils ont ressurgi dans les années 1990 à la faveur des victoires populaires pour la démocratisation de la société. Profitant de cela, ils ont engagé une campagne pour diviser le pays auprès de diverses instances internationales. Ils ont perdu tous leurs procès. Dès lors, il ne leur restait que la manipulation, le mensonge et la violence. Dès 1997, ils ont attaqué et tué des représentants de l’Etat. Ils ont été jugés et condamnés. Tout ce que disent ces gens sur le fondement du problème dit anglophone est mensonger. Ils ont à nouveau fait irruption sur la scène en 2017 et démontrent que contrairement à leur slogan qui prétendait démontrer « la force des arguments et non l’argument de la force », leur véritable force est la sauvagerie.
Rappelons-le, ce sont les colons anglais et français qui ont créé le problème anglophone avec l’appui des Etats-Unis. Ils ont sciemment organisé la marginalisation des « anglos » dans la dictature d’Ahidjo, Foncha, Muna au profit du trio France, Grande-Bretagne, USA. Pour imposer cela, ils ont tué des centaines de milliers de Kamerunais qui disaient non à cette entreprise criminelle. Francophoniser les anglophones fut une instruction dès 1962 de Charles de Gaulle exécutée par Ahidjo et compagnie. Ce n’est pas un hasard si l’UPC a été interdite aussi bien par les colons anglais que français, afin de faire la fausse Réunification qui a frustré et révolté tant de patriotes anglophones comme francophones. Tout ce qui suivra après (Foumban 1961, Référendum 1972, etc.) n’est donc que la conséquence de la trahison des antipatriotes Ahidjo, Foncha, Muna dont Biya est le continuateur de l’œuvre antipatriotique. Cette histoire du Kamerun (voir notre pétition « La paix maintenant », sur le site www.change.org) et du problème anglophone, PERSONNE NE VOUS LA DIRA, car elle dérange aussi bien les Occidentaux, que le régime de Yaoundé et ses pseudo-opposants. La morale, l’histoire, les intérêts des populations, la réalité du terrain, l’avenir du Kamerun les condamnent à une défaite inéluctable. Le Manidem condamne définitivement les Ambazoniens qui sont une force politique favorisée par la mauvaise politique du Renouveau de Paul Biya et Cie. Le Manidem dit qu’ils doivent déposer leurs armes ou être neutralisés.
4- La société civile : Eglises, ONG, médias.
Parmi les Eglises qui sont intervenues dans la crise du NOSO, on aura remarqué au départ des violences de 2017 une attitude conciliante d’une bonne partie du clergé de ces régions. L’épiscopat francophone par exemple, a brillé par le ponce-pilatisme qui n’est pas de nature à clarifier le jeu et apaiser la situation. Autant du côté du NOSO on a vu des dirigeants chrétiens réclamer tantôt le fédéralisme (ce qui favorise la revendication sécessionniste), autant du côté francophone, on jouait à sermonner le gouvernement alors qu’il faut condamner l’Ambazonie et pousser les chrétiens à se mobiliser contre elle. On eût dit qu’être chrétien à Jakiri et à Kolofata est fondamentalement différent. Cette attitude des responsables de la chrétienté a évolué vers la condamnation, au fur et à mesure que les sécessionnistes montraient leur vrai visage de sauvages. Le Manidem appelle les Eglises à être honnêtes avec elles-mêmes. Elles doivent dénoncer l’Ambazonie comme proposition anti-évangélique et anti-patriotique.
Dans le même sillage, il y a de trop nombreuses Ong prétendument défenseurs des droits de l’homme. Elles portent la réclamation ambazonienne de cessez-le-feu bilatéral, travestissent la réalité en faisant croire que c’est Biya qui a créé le problème. Elles réclament des interventions des puissances coloniales. Aidés en cela par des médias dont l’incompétence est la résultante de la malhonnêteté, elles répandent des thèses pro-sécessionnistes. Le Manidem appelle les Kamerunais à ne pas écouter ces perroquets dangereux.
« Le Manidem dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. »
Douala, le 1er octobre 2020
Pour le bureau politique
Valentin Dongmo, 1er vice-président
Mariane Simon-Ekane, secrétaire en charge des Relations avec l’extérieur