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CRTV: Amadou vamoulké bientôt aux arrêts?

Le rapport financier comporte des incongruités imputables à la gestion du Dg Amadou Vamoulké.

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Le rapport financier pour l’exercice 2011 de la Cameroon Radio and Télévision Corporation (Crtv) a été rejeté, à l’issue d’une session ordinaire du conseil d’administration de l’audiovisuel public tenue mardi dernier à Yaoundé.

Point d’orgue de ces assises, son examen a été renvoyé au 10 juillet 2012. En cause, de multiples incongruités ayant profondément intrigué la majorité des administrateurs, dont certains n’ont pas hésité à imputer des «fautes de gestion» à l’actuel directeur général, Amadou Vamoulké. Si, jusqu’ici, les quelques médias ayant relevé le «malaise» sont globalement restés dans la périphérie, La Météo est aujourd’hui à mesure d’affirmer que ce manager a été pris en flagrant délit de gabegie.

En cause, d’abord le fractionnement des marchés de la Crtv. Chez M. Vamoulké, cette pratique est devenue une discipline de travail moult fois décriée à la fois par les agents comptables, les auditeurs et plusieurs membres du conseil d’administration. Le Dg, pendant l’exercice dernier, a poursuivi son sale boulot derrière lequel se cachent des prédateurs, mais aussi des prête-noms introduits parmi les prestataires de services.

Amadou Vamoulké a aussi été pris la main dans le sac, s’agissant du financement d’un parti politique qu’on dit proche de la majorité présidentielle. En est-il membre, sympathisant ou bailleur de fonds occulte? Des sources autorisées n’ont pas souhaité aller au bout de l’explication, mais ont acquis la certitude de grosses transactions financières au profit de cette formation.

Dans leurs notes, les administrateurs de la Crtv ont découvert, effarés, des fiches indiquant l’achat de boissons de grande valeur au sous-préfet de Bogo. Ici encore, M. Vamoulké n’est pas allé puiser les millions de francs y relatifs dans sa cagnotte personnelle. Il a goulument pioché dans les caisses d’une entreprise dont il n’arrête pourtant pas de déplorer les difficultés financières. Et on se doute bien qu’il ne s’est pas privé de se lécher les doigts, après ce « don » en liquide alcoolisé…

Dans le même ordre d’idées, le patron de l’audiovisuel public a puisé des millions de Cfa dans les caisses de la Crtv pour «dépanner» un autre chef de terre: le préfet du Mayo Danay. A quel titre? Tout comme beaucoup s’interrogent quant aux multiples sorties de fonds effectués pour le compte de la commission des marchés de la Crtv, dont le Dg n’est pas membre. A notre confrère Le Jour (29/06) qui l’a joint au téléphone, le brave Dg est resté évasif, voire carrément ambigu: «La commission financière a déposé un rapport qui n’est pas contradictoire, c’est-à-dire qui n’intègre pas les explications de la direction générale. J’ai reçu le rapport seulement trois ou quatre jours avant le conseil. J’ai préparé par écrit des réponses que j’ai voulu présenter. Mais il était plus de 20h. Le conseil a décidé de renvoyer les travaux.»

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Ce que se garde de dire le grand hypocrite, c’est que, toute la journée du 26 juin 2012 durant, les administrateurs de la Crtv se sont arraché les cheveux pour tenter de voir clair dans le fatras de données qui avait été proposé à leur examen. Amadou Vamoulké omet d’indiquer que les responsables de la commission des finances ont catégoriquement refusé de reprendre le rapport, de «nettoyer les chiffres» en vue d’intégrer les fameuses « réponses » qu’il évoque. De peur d’être pris pour des complices de la gabegie, ils s’en sont remis à la sagacité des administrateurs. D’une bonne partie, doit-on préciser, car le Dg de la Crtv, dans sa recherche d’alliés, a tout de même réussi à en «mouiller» quelques uns…

L’autre os – et non des moindres – trouvé dans les états financiers de la Crtv, c’est le marché d’acquisition d’un générateur d’images virtuelles. Financée à hauteur de 100 millions de francs, cette opération s’est avérée foireuse. L’achat de cette machine, dont on se perd dans les méandres des procédures, a été selon toute vraisemblance confiée à un « ami » du Dg, un certain Franck Willy Kepeden, bien connu dans les opérations mafieuses de M. Vamoulké. Ledit générateur, que beaucoup disent de seconde main, n’a jamais fonctionné de manière optimale et est aujourd’hui plus proche de la casse que de la réhabilitation.

Récidiviste en diable

Il y a quelques mois, votre journal affirmait qu’un décret présidentiel, limogeant M. Vamoulké, avait « fuité » et amené le chef de l’Etat à retoquer son acte. Sentant le boulet, le Dg de la Crtv, d’après des sources introduites, avait convoqué des faiseurs de miracles béninois pour sauver sa tête, au moment où de nouvelles révélations sortaient sur sa gestion calamiteuse de l’office public. «Collectionneur de casseroles devant l’Eternel, Amadou Vamoulké qui se tape indument deux salaires (le premier en sa qualité de Dg de l’office, et le second comme employé alors qu’il n’y a jamais auparavant été recruté comme tel) est également connu pour sa propension à la faute de gestion dès que l’occasion lui en est offerte», écrivions-nous alors. Début juillet 2010, La Météo avait déjà révélé que l’intéressé avait «croqué» plus dé 15 milliards de francs en un an.

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Votre publication, qui avait alors exploité le rapport annuel 2009 de la commission financière de l’entreprise, avait mis au grand jour «un trou budgétaire» total de 15,450 milliards FCFA. «Dans la pléthore de sommes indûment touchées par le Dg, une des plus flagrantes est la dotation irrégulière à laquelle il a droit, en même temps que les membres de la commission de passation des marchés, alors qu’il n’en fait pas partie. A cela, s’ajoute le fait qu’Amadou Vamoulké signe lui-même ses ordres de mission en violation de la réglementation qui prévoit que c’est le Pca qui le fasse. Les contrôleurs notent que cette manœuvre vise peut-être à éviter qu’une autorité au-dessus ne réduise les charges fiées à la mission», écrivions-nous, soulignant que la commission financière avait fait quelque 32 observations en rapport avec la gestion financière de la Crtv, sous M. Vamoulké.

«Victime innocente de certains jeux d’ombres malsains», comme il aime à se présenter, Amadou Vamoulké était déjà épinglé par un autre rapport qui indiquait qu’au 31 décembre 2006, la Crtv comptait 2097 personnels dont 2054 régulièrement rémunérés. Et qu’au 30 novembre 2007, l’entreprise disposait de 2022 personnels pour 1901, «soit 121 employés non signalés dans les états des salaires» et 70 agents dont les salaires n’ont pas été mandatés. Le rapport pointait aussi «la permanence des pratiques peu régulières dans le reclassement catégoriel des personnels», constituant «en définitive, une véritable bulle dont l’explosion fragmentée et régulière induit d’ores et déjà l’accroissement des charges des personnels».

Si, jusqu’ici, Amadou Vamoulké a miraculeusement réussi à passer à travers les mailles du filet, et même à arracher des soi-disant «quitus de bonne gestion», les choses semblent désormais bien plus délicates pour lui. Habitué des couloirs, ses rapports malsains avec les finances de l’Office font désormais de lui un bon client de «l’Opération épervier». Et nul doute que ses protecteurs habituels, que ce soit au sein même du conseil d’administration ou du sérail, prennent d’ores et déjà leurs distances avec le désormais prisonnier ambulant.

Mamouda Labaran



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