Le dimanche 11 octobre 2020, les membres de la famille de Célestine Ketcha Courtes ont organisé à Paris, une messe d’action de grâce en son honneur après l’accident de circulation dont elle a été victime du côté de l’Extrême-Nord il y a quelque temps. Contre toute attente, la cérémonie ne s’est pas pacifiquement achevée à cause de l’irruption des membres de la B.A.S qui ont tout arrêté. Dans une tribune publiée sur la toile, l’ancien journaliste de la CRTV Cyrille Kemmegne n’a pas été doux envers la ministre de l’Habitat et du développement urbain qu’il accuse de soutenir le régime en place. Lebledparle.com propose lecture de la fusée de l’écrivain depuis la France.
LETTRE OUVERTE À CELESTINE COURTES KETCHA
Célestine Courtes Ketcha, je m’appelle Cyrille Kemmegne. Je suis journaliste, écrivain et philosophe. Fort heureusement, j’ai l’infime chance d’être le président du Petit Parti des Écrivains Camerounais. Exactement comme le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) du Professeur Maurice Kamto, est un Petit Parti Politique (PPP). Qu’il m’échoit l’insigne honneur, Madame la ministre, de vous rappeler que votre régime que je me garde pour l’instant de qualifier, m’a contraint à l’exil. Je n’en suis pas peu fier, croyez- moi. Ce régime réputé sanguinaire, vous l’avez toujours servi avec une extrême dévotion.
De jour comme de nuit, sous la pluie comme sous le soleil, qu’il pleuve ou qu’il neige, contre vents et marées, pour servir fidèlement votre éternel << Dieu>> Paul Biya, vous ne faites nullement mystère de votre sens incomparable de la vénération.
Si aujourd’hui, comme des milliers d’autres compatriotes, j’en ai été réduit à m’exiler, mon seul crime consiste à avoir osé, en tant que journaliste ayant officié pendant 23 ans à la CRTV, faire entendre quelque chose qui soit dissonant.
Pour toute personne quelque peu sensée, il va sans dire que tout cela est suffisamment sonnant.
Moralité : Chaque profiteur du régime Biya ne prêche que pour sa chapelle.
Célestine Courtes Ketcha, pas plus tard que le dimanche 11 octobre 2020, vous étiez en passe de faire célébrer dans une paroisse de Paris une messe d’action de grâce.
Par ce moyen, vous vouliez invoquer sur votre famille et vous-même de divines bénédictions pour vous extirper de ses probables disgrâces.
Moralité : À chaque thuriféraire du pouvoir illégitime de Yaoundé sent très bon sa merde.
Au final, il y a eu comme un incroyable et inimaginable pavé dans la marre. La Brigade Anti-Sardinards (BAS), sous la houlette de l’indomptable Calibri Calibro, et une horde de femmes de la révolution camerounaise en diaspora, agissant sous le Babel des << Boby Tanap>>, ont fait irruption dans cette maison de Dieu pour attirer l’attention du pauvre curé de céans sur le fait qu’il s’apprêtait ainsi à se mettre au service du diable. Ces empêcheurs de mentir éhontement et aisément à Dieu l’ont fait au nom des trente millions des Camerounais qui souhaitent que leur nouvelle histoire, inexorablement, démarre.
La montagne a donc accouché d’une souris.
Gagnés par la trouille et la psychose, les <> réquisitionnés pour les besoins de la cause se sont tous cachés dans un trou de souris.
Moralité : Comme on fait son lit, on se couche.
Célestine Courtes Ketcha, depuis 40 ans, le peuple camerounais est à la diète et fulmine sa colère. Vous faites la sourde oreille. Aujourd’hui, vous avez le toupet de venir sous le ciel parisien organiser une messe d’action de grâce.
Vous espériez ainsi obtenir du Tout-Puissant toutes ses grâces.
Exilé en France depuis plus d’un an, du simple fait de mes convictions intellectuelles et idéologiques, je n’ai pas pu assister aux obsèques de ma maman, Lysette Nantchouang, votre enseignante de français au lycée de Bangangté, jusqu’à l’obtention de votre baccalauréat. Je n’ai pas pu rendre à votre enseignante, ma génitrice, ses derniers honneurs
De même, il y a deux semaines que mon frère aîné, le nommé Kamdem Kouam Beaujolais Bolivie, lui aussi ancien élève du lycée de Bangangté, a été retrouvé sans vie à Yaoundé, dans une marre de sang. Il sera porté en terre le samedi 31 octobre prochain. Naturellement, la dictature sanglante de Yaoundé, que vous soutenez bec et ongle, ne saurait me permettre de l’accompagner à sa dernière demeure. Soit ! Je vivrai encore à distance le dernier voyage de mon aîné sur fond de déshonneur.
Moralité : Chacun sait où son soulier se blesse.
Nous sommes des milliers de Camerounais, condamnés à l’exil et obligés de vivre loin de notre pays, parce que tous devenus aux yeux de votre régime, des indésirables.
Vous, soi-disant ministre de la République, n’y voyez rien d’abominable.
Moralité : Il n’y a qu’un péché, l’ignorance.
Au Cameroun, lorsque Monseigneur Jean Mbarga (Pardon ! Mondiable Jean Mbarga), ci-devant Archevêque de Yaoundé, doublé de président de la sous-section RDPC de la cathédrale de la capitale camerounaise, a livré à la vindicte du pouvoir les militants du MRC, allés trouver refuge dans la maison de Dieu, vous êtes restée muette comme une carpe. Là, c’était on ne peut plus normal.
Les Camerounais meurent depuis bientôt 5 ans dans le NOSO, victimes de l’arrogance et de la dictature de votre régime qui a les mains trempées de sang jusqu’au coude. Vous n’y voyez rien d’anormal.
Moralité : AU RDPC, on pratique la politique de l’Autruche.
Célestine Courtes Ketcha, il faut avouer qu’en organisant à Paris une messe d’action de grâce après votre accident de l’Extrême-Nord, vous avez vraiment agi sans façon.
Vous avez perdu de vue que quand le peuple se venge, même le diable s’assoit pour prendre des leçons.
Moralité : On ne parle pas de la corde dans la maison d’un pendu et il ne faut pas chanter avant d’avoir pondu.
Auriez-vous oublié que vous avez outrageusement gardé silence quand Astou, une jeune militante du MRC, a perdu le bébé qu’elle portait dignement dans son ventre parce que l’Archevêque de Yaoundé, << Mondiable Jean Mbarga>> l’avait fait tabasser dans le temple de Dieu ? De même, vous n’avez jamais organisé la moindre messe d’action de grâce quand à Bangangté, ville dans laquelle vous aviez confisqué la mairie pendant de longues années, l’innocente Rosange Jimegni fut jetée en prison alors qu’elle était aussi enceinte. Il vous est d’ailleurs reproché d’en avoir été l’instigatrice. Nous savons que le régime de Yaoundé et vous êtes copains comme cochons.
Mais de grâce, ne nous faites pas croire que les moutons sont des cochons.
Moralité : Vous êtes au service d’un régime qui est habile de ses mains comme un cochon de sa queue
Vous voilà qui venez d’être ridiculisée dans la maison de Dieu à Paris où il a été dit par Calibri Calibro et son équipe que vous êtes plutôt au service du diable.
Combien de temps vous faut-il encore pour comprendre que Dieu et le diable sont incompatibles ?
Moralité : On n’est pas plus irlandais que les irlandais eux-mêmes, ni plus catholique que le pape.
Vous avez semé le vent et ne pouvez aujourd’hui que récolter la tempête.
Et c’est d’autant plus grave quand, comme vous, l’on s’entête.
Moralité : le régime Biya est comme un poète qu’on n’a jamais lu.
Une femme qui manque d’humanisme et se contente de son pouvoir sans s’émouvoir devant 15 mille morts dans le NOSO, ne mérite aucune compassion.
Pire, quand elle n’entend rien aux pleurs de ses concitoyens et considère la préservation de ses intérêts sordides comme étant sa seule passion.
Moralité : à femme sotte, nul ne doit se frotter.
En faisant annuler la messe d’action de grâce que vous avez organisée, la BAS a levé un lièvre au gîte et savait que le lièvre va toujours à son gîte.
Le message de ces combattants de la liberté ne souffre l’ombre d’aucune ambiguïté. Les bons servants de Dieu ne sont pas ceux qui, en sa maison, s’agitent.
Moralité : la vengeance est un plat qui se mange froid.
Au Cameroun, les bons paient toujours pour les méchants. Au Cameroun, les gros poissons mangent toujours les petits. Dieu merci, les Camerounais savent désormais que si tu aimes le miel, il ne faut pas craindre les abeilles.
Voilà qui justifie qu’ils se soient engagés dans la révolution dite des abeilles. Le gouvernement tyrannique de Paul Biya ne peut plus rien faire qui les émerveille.
Moralité : Même la fourmi a sa colère et il faut livrer aux méchants une guerre perpétuelle.
Célestine Courtes Ketcha, le régime que vous servez manque cruellement d’âme.
On peut comprendre qu’il agisse toujours sans état d’âme et oublie que le pouvoir sans conscience n’est que ruine de l’âme.
Vous n’avez jamais demandé une messe d’action de grâce parce que depuis 40 ans le Cameroun est assis sur un volcan.
Il y a des milliers de morts dans le NOSO. Les leaders anglophones sont embastillés. Les militants du MRC croupissent depuis de longs mois en prison. Depuis trois semaines, le Professeur Maurice Kamto, le président élu du Cameroun est assigné à résidence et vit dans un carcan.
Moralité : Il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir, ni pire sourd que celui qui refuse d’entendre.
Depuis 40 ans, votre régime est au service des sept péchés capitaux (l’avarice, la luxure, la colère, l’envie, la gourmandise, l’orgueil et la paresse). Et malgré tout, vous voulez déclarer votre flamme à Dieu.
Comment auriez-vous pu oublier qu’il sera plus aisé pour un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille que pour vous et les autres suppôts au service de Paul Biya, le diable qui a confisqué le Cameroun, d’entrer dans la maison de Dieu.
Moralité : Dieu reconnaît ses vrais serviteurs à leurs empreintes et l’activisme dans le royaume de Dieu n’est pas le signe d’une croyance absolue.
Cyrille Kemmegne
Journaliste, écrivain et philosophe
Président du Petit Parti des Écrivains Camerounais.