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D’où vient l’utilisation de « Koah » à la place de « quoi » ?

Nathalieee MTN

Le nom d’une personne n’a jamais autant servi à remplacer l’usage d’un complément d’objet aussi direct soit’ il dans le langage courant. Le Cameroun aura été l’un des rares à l’adapter et à le promouvoir indirectement au travers de moyens divers de la langue.

Nathalieee MTN
Image parodie – DR

La vulgarisation d’internet ici et ailleurs a profondément changé la manière d’écrire et de dire certaines choses. Les abréviations font florès, pour aller vite, occuper moins d’espace et dire plus en peu de temps et en moins de mots. On privilégie les sons des mots à leurs sens. Il y’a une sorte de promotion involontaire de l’homosexualité linguistique dans laquelle nous sommes tous engagés. On rencontre facilement des mots avec uniquement deux lettres, soit deux consonnes ou deux voyelles. Le mariage hétéro y est aussi le plus souvent, consomme voyelle, et même des mots avec une lettre et un chiffre. L’intérêt ici n’est pas d’intéresser la personne à qui on écrit, mais juste qu’elle comprenne effectivement ce qu’on a voulu lui dire dans le message passé.

On s’attendait alors que chez nous, dans le même élan d’économie des mots et leur réduction à la plus injuste valeur, que le mot « quoi » soit remplacé un peu comme partout par « kw ». Mais comme le camerounais sait être différent des autres, c’est plutôt un « koah » qu’on verra à la place. Et dans les phrases les plus vulgaires de leur parler au lieu de « et puis quoi », on ne lira pas « et p8 kw » mais « et p8 koah ». On constate ici que « koah » n’est en rien utilisé pour abréger « quoi », mais plutôt pour une autre finalité, parfois ironique, parfois comique, parfois esthétique, mais jamais gratuite. les autres pourront avec raison se poser la question de savoir « c’est encore koah ce mot » ? Mais le camerounais lamda sait déjà « de koah » il s’agit. Mais la grande majorité l’utilise sans savoir d’où il s’origine.

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Nous sommes en 2014, les Lions viennent de terminer la Coupe du Monde comme s’ils ne l’avaient jamais commencé, de la manière la plus ridicule et la plus humiliante. C’est au moment même de la compétition qu’une jeune demoiselle, que le public ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, fait son apparition sous un visage d’ange aux mots diaboliques, faisant étalage des pratiques sexuelles et mais alors consentantes bien que bestiales, qu’elle aurait entretenue avec Samuel Eto’o et compagnie. Toute la presse a scandale se mobilise alors pour lui tirer de la gorge le reste de queue-relle qui lui restait et qui pourrait servir à desservir le Lion Indomptable.

Dans la foulée rédactionnelle à ce sujet, je décide donc, en octobre de la même année, quand l’affaire semblait s’être estompée, d’écrire un texte dans une démarche habituelle. Je publie donc « lettre de Nathalie à Samuel Eto’o: tu veux même KOAH dehors ». Une fois rendue public, l’article qui a été écrit sous le même style que « la lettre de Didier Drogba à Samuel Eto’o » de ma propre plume, a fait sortir la jeune Nathalie de ses gongs. Sans avoir rien compris à ma démarche, a marché et couru pour crier à l’usurpation…de « titre »?. Elle s’est empressée aussi de me menacer de poursuites judiciaires avec l’aide de ses avocats sûrs, durs et mûrs. Et comme moi j’ai des amitiés avec mes frères Mbouda, je lui ai demandé volontier de venir avec ses avocats pour qu’on puisse s’en servir pour les repas de midi, le dîner et le petit déjeuner. Je crois qu’elle a pris son pied et s’est en allée.

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Elle ne reviendra au devant de la scène qu’en début 2016 avec son revenge porn. C’est alors que le nom devenu mot, devenu concept, « koah », sera de plus en plus vulgarisé. Si bien que des grands noms de l’écriture à l’instar de Alain Tchakounté ou Elisabeth Tchoungui se prêteront au jeu. « c’est koah ce désordre ? » titre de sa chronique au sujet de l’ouvrage de Nathalie, publiée dans LePoint. Il faut rappeler que Nathalie elle même s’est jadis amusée à son usage. Lors d’un voyage en Afrique de l’Ouest, comme elle sait en faire d’interminable, elle posta une photo sur sa fourmilière de page où elle titrait « le petit ci regarde koah comme ça ». Elle ignorait peut être qu’elle légitimait ainsi celui qu’elle attaqua quelques mois plus tôt. Mais tant mieux, c’était une « felix culpa » une heureuse faute, et je crois que c’est à partir de là que l’éto’o grammaticale a commencé à bien se resserrer. Au moins là, la petite Nathalie a la garantie de rester encore longtemps dans l’esprit des camerounais.

© Félix Mbetbo, monsieurbuzz.over-blog.com


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