Les concernées qui avaient empêché un vol Paris-Douala de décoller, en refusant de s’asseoir près d’une personne expulsée, ont été condamnées vendredi par le tribunal de Bobigny
L’une, Allemande d’origine camerounaise, a été condamnée à deux mois de prison avec sursis pour avoir « entravé la libre circulation d’un aéronef en s’agitant et en demandant aux autres passagers de manifester leur opposition à voyager ».
L’autre, une ingénieur agronome camerounaise, a été reconnue coupable de violences à l’encontre de personne dépositaire de l’ordre public, en l’occurrence deux policiers qu’elle a mordus à la main, ce qui leur a chacun valu un jour d’incapacité totale de travail (ITT). Le tribunal a prononcé un ajournement de peine au motif que le casier judiciaire de la prévenue n’avait pas été versé au dossier. Une nouvelle audience aura lieu le 26 octobre pour fixer la peine.
Les faits remontent au 12 octobre. Dans cet avion à destination de Douala (Cameroun), deux passagères d’une quarantaine d’années se disent dérangées par les pleurs et les cris d’une autre passagère, une femme reconduite à la frontière et transportée à bord en compagnie d’une escorte de trois policiers.
Alors que l’avion a commencé à rouler sur la piste, l’une des deux passagères mise en cause refuse de s’asseoir. « Une deuxième passagère se lève à son tour, déclare qu’il est inadmissible de voyager dans ces conditions et commence à haranguer la foule », selon le récit du personnel naviguant, lu à l’audience.
Le commandant de bord décide alors de ramener l’appareil au parking et de débarquer les deux passagères. Devant leur refus, il appelle les policiers. L’une des deux passagères refuse de sortir de l’appareil et mord les deux policiers lors de son interpellation.
Le comportement de ces passagères est « inacceptable » a dit la procureure. « Nous sommes dans un lieu de confinement avec une équipe de professionnels qui doit rester concentrée. Rien ne doit venir perturber le décollage« , a-t-elle argumenté en demandant huit mois de prison avec sursis pour la passagère ayant « harangué » les autres voyageurs, et quatre mois avec sursis pour celle ayant mordu les policiers.
L’avocat de cette dernière, Me Roger Bisalu, a plaidé « l’obligation pour la compagnie d’assurer la tranquillité des passagers« .
« Ma cliente voulait juste changer de siège pour voyager tranquillement. Ça s’est mal passé avec l’équipage, mais à qui la faute ?« , a de son côté fait valoir l’avocat de la ressortissante allemande, Me Côme Lionnard. « Pour moi, Air France a gonflé les choses« , a-t-il ajouté.
La compagnie, qui demandait 21.000 euros de dommages et intérêts en raison notamment des retards occasionnés, ne s’est finalement pas constituée partie civile.