Partant de l’intervention du Fonds monétaire international(FMI) pour exiger la gestion des fonds alloués au Cameroun dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et les directives du ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République, au ministre délégué à la Présidence la République chargé du Contrôle supérieur de l’État, Dieudonné Essomba croit savoir la sanction réservée aux fautifs de l’audit en cours.
« J’ai l’honneur de vous répercuter les très hautes directives du chef de l’État, vous prescrivant de faire accélérer la mission portée en objet, dont le rapport faciliterait la conclusion avec le Fonds Monétaire international (FMI) d’un nouveau Programme économique et financier », écrivait Ferdinand Ngoh Ngoh dans une correspondance datée du 29 mars 2021.
A cet égard, Dieudonné Essomba pense qu’avec les auditions actuelles des membres du Gouvernement, « au moins 5 Ministres iront en prison ! Ne vous faites aucune illusion là-dessus ! », peut-on lire dans une tribune publiée le 20 mai 2021.
Lebledparle.com vous propose ci-après l’intégralité de la sortie de l’économiste.
La crise est déjà la : l’heure des hurlements de douleur a sonné pour les camerounais !
Les auditions actuelles des membres du Gouvernement ont encore drainé les suspicions, certains les prenant pour de la poudre aux yeux pour rouler les bailleurs de fonds.
Que non : au moins 5 Ministres iront en prison ! Ne vous faites aucune illusion là-dessus !
Du reste, ce n’est pas la seule exigence posée par le FMI. Entre autres sommations pressantes, le FMI a enjoint le Gouvernement de voter immédiatement un autre budget, en lieu et place de celui initialement adopté par le Parlement. Ce nouveau budget sera confectionné par les Fonctionnaires du FMI, et présenté à notre Parlement pour adoption, sans que personne ne puisse regimber, ni enlever une virgule.
Nous sommes en effet entrés dans l’ajustement structurel, où notre budget est désormais géré par le FMI. Et nous n’y pouvons rien, car notre paya est techniquement en cessation de paiement : il n’a plus les moyens de rembourser ses dettes.
Les Eurobonds et bien d’autres dettes extérieures sont arrivés à expiration et nous n’avons même pas un kopeck pour honorer nos engagements. La Trésorerie est totalement vide et les réserves extérieures n’atteignent pas 2 mois, alors que la norme est de 6 mois.
La crise économique est là ! Cette crise que j’ai passé mon temps à annoncer depuis 2010, à tue-tête, à tous les milieux dans tous les médias, elle est déjà là !
J’ai été désavoué, moqué ! Tout le monde disait : « Petit haineux, depuis que tu annonces cette frise, le Cameroun va à merveille ! »
Quand j’avais publié mon texte en annonçant que la crise du Cameroun sera pire que le Grèce en 2015, j’ai été interpellé et sommé de cesser d’ameuter les Camerounais…
Nous sommes maintenant où ? Le Gouvernement fait semblant d’être surpris, alors que tout se dessinait : de très mauvais choix stratégiques sur le plan économique, une gouvernance faite de prédation, un entêtement à multiplier les crises comme le problème anglophone qui nous saigne à blanc… On pouvait s’attendre à quoi ?
La crise est déjà là, et nous allons la boire jusqu’à la lie. Une fois de plus, il y aura baisse des salaires et des compressions des effectifs dans la Fonction publique, l’augmentation des prix à la consommation, me bradage des quelques entreprises qui sont restées à l’Etat, et sans doute ue autre dévaluation du FCFA de la CEMAC.
Les Grands projets structurants de Biya seront interrompus, sa Vision d’Emergence disqualifiée et la Stratégie Nationale de développement mise entre parenthèses, exactement comme le furent les Plans Quinquennaux en 1987.
C’est cela la rançon d’une gouvernance fondée sur l’amateurisme et l’imposture. Et pas question de faire la moindre têtutesse ! Ce n’est pas le petit « hon hon hon » que les Camerounais font au quartier : nous devons marcher comme le demande le FMI, un point c’est tout !
Je l’ai expliqué à maintes et maintes reprises : le FMI, créé en 1945, est un huissier de justice et un liquidateur. Il a été pour jouer un rôle d’intermédiation entre un pays débiteur et ses créanciers. Avant sa création, n’importe quel pays avait le droit de contraindre son débiteur à le payer, en vendant ses citoyens comme des esclaves, en lui arrachant des pans du territoire ou ses colonies. Après la première Guerre Mondiale, l’Allemagne fut condamnée à verser les réparations, car elle était considérée comme la responsable de cette guerre. Pour se faire payer, la France envoyaient des troupes en Allemagne, pour démanteler des usines entières et les ramener à Paris, s’emparer des cargaisons de charbon et confisquer des navires allemands,. Ces actes d’humiliation ont suscité l’apparition d’un certain Adolf Hitler et ses 60 Millions de morts…
Pour empêcher qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir, la Communauté Internationale a créé une sorte d’huissier au niveau des Etats. Un pays n’a donc plus le droit de s’attaquer directement à son débiteur ; il doit s’adresser au FMI qui se substitue au mauvais payeur. Et en contrepartie, le malheureux débiteur doit se soumettre sans regimber au traitement infligé par l’huissier.
Ainsi, lorsque le Cameroun vendait ses entreprises, certains Camerounais soi-disant nationalistes croient que le Gouvernement le faisait express ! Pas du tout ! C’était tout simplement une vente aux enchères, ce que font exactement tous les huissiers ! Et quand on baissait les salaires ou on compressait, c’était également une saisie de notre budget, car il fallait bien dégager des ressources pour rembourser les dettes !
Et c’est exactement ce que fera encore le FMI. Et les Camerounais ne pourront absolument rien ! Les pleurs, l’agitation, les manifestations et les dénonciations ne pourront rien modifier. Car quand un huissier vient vous saisir, les pleurnicheries de votre femme ou de vos enfants ne jouent absolument aucun rôle ! D’ailleurs, il se fait toujours accompagner de gendarmes armés et de gros bras, et si vous faites l’idiot, vous allez passer la nuit dans une cellule infecte de la gendarmerie…
Est-ce qu’on rit avec vous ?