M.V.Z Lebledparle.com,
C’est la thèse que soutient Dieudonné Essomba sur sa page Facebook le 6 septembre 2020. L’homme qui n’a pas pour habitude de caresser dans la sens du poil l’Etat unitaire, avoue que ce dernier est fondé sur de bonnes intentions mais seules la méthode, lui manque pour réaliser ses ambitions. Pour le démontrer, l’économiste brandit un raisonnement bidimensionnel adossé sur trois démocraties modernes au monde. Lebledparle.com vous propose ci-après, cette autre analyse du consultant médias.
LA DÉMOCRATIE N’EST PAS LA LOI DE LA MAJORITÉ MÉCANIQUE !
Certains Camerounais tentent désespérément de réduire la République en un non man lands dans lequel les majorités mécaniques, y compris tribales, ont pour vocation de dominer les minorités tribales.
Une telle démocratie n’existe nulle part ! Toutes les démocraties du monde intègrent toujours deux dimensions particulièrement illustrées par la notion de Parlement bicaméral :
-une dimension citoyenne où le peuple s’exprime comme un ensemble indifférencié, tous les citoyens étant équivalents. La démocratie citoyenne est incarnée par l’Assemblée nationale, ou Assemblée Populaire, où en principe, que chaque député représente le même nombre d’habitants ;
-une dimension communautaire, où le peuple s’exprime en segments sociologiques organisés de valeur équivalente, indépendamment de leur effectif. La démocratie communautaire est incarnée par le Sénat, où Assemblée Communautaire, où chaque segment communautaire a un même nombre de Sénateurs, indépendamment de sa taille.
Cette double dimension se retrouve dans toutes les démocraties du monde, à des degrés divers. La prévalence d’une dimension sur l’autre dépend du niveau d’hétérogénéité du pays, de sa forme institutionnelle, de son niveau de développement, etc.
Trois démocraties modernes illustrent ces deux concepts :
-En France, le Chef de l’Etat est élu directement par tous les citoyens suivant une expression exclusivement citoyenne et la dimension communautaire ne joue aucun rôle. C’est toujours la démocratie ;
-Aux USA, le Chef de l’Etat est élu par les Grands Electeurs qui représentent le choix des Communautés autrement dit de leurs Etats respectifs, et ce choix n’est pas proportionnel à la population. Ainsi, on peut parfaitement gagner les suffrages populaires aux USA et perdre au niveau des Grands Electeurs ! C’est toujours la démocratie ;
-En Suisse, le président de la Confédération suisse est assuré chaque année par un conseiller fédéral différent, élu lors de la session d’hiver par l’Assemblée fédérale. C’est toujours la démocratie.
Vous ne pouvez pas venir promouvoir au Cameroun la seule dimension qui vous arrange, en caressant l’espoir d’instrumentaliser votre nombre pour imposer votre dictat aux minorités en leur disant : « la démocratie est la loi du plus nombreux ! »
C’est une manipulation est une escroquerie intellectuelle !
De ce point de vue, le Gouvernement du Cameroun est fondé à appliquer une politique de préservation des intérêts de diverses Communautés à travers des concepts comme l’équilibre régional ou la réservation de certains postes de représentativité aux autochtones.
Ce qu‘on lui reproche par contre, c’est de promouvoir un système sociopolitique qui intègre de manière incohérente ces deux dimensions de la démocratie. Par exemple on n’a jamais vu les Américains protester contre Trump d’avoir gagné face à Clinton au motif qu’il a eu moins de voies populaires, car le modèle américain des Grands Electeurs est intégré et cohérent.
Chaque américain sait très bien que dès qu’il fait partie d’un Etat, cet Etat a tel niveau de représentativité en termes de Grands Electeurs. Et son influence se limite au nombre de Grands Electeurs de son Etat ! Il ne se plaint pas que les citoyens des autres Etats aient plus d’influence que lui !
Le système camerounais de gestion de la diversité dans le cadre de l’Etat unitaire est fondé sur de bonnes intentions, mais c’est la méthode qui manque de cohérence.
Et c’est cela son seul reproche.
