Au moment où les citoyens ont une oreille attentive à la mise en œuvre des propositions faites lors du dialogue national qui s’est refermé le 4 octobre, Dieudonné Essomba met la charrue avant les bœufs.
Le fédéralisme est, pour Dieudonné Essomba, le meilleur système vu la multitude d’avantages qu’il regorge.
Lebledparle.Com vous propose cette autre tribune de l’économiste sur sa page Facebook ce 6 octobre 2019.
Les camerounais sont incroyables !
Face à des détournements de fonds qui se multipliaient et des arrestations subséquentes, les Camerounais se sont plaints que la prison n’apportait rien au pays et qu’ils voulaient tout simplement que les délinquants remboursent.
Très bien ! Le Gouvernement a donc, tout simplement, adopté la loi en disant que si un délinquant rembourse le corps du délit, il est libéré. Certains ont déjà bénéficié de cette mesure.
Mais d’autres restent en prison. Ces prisonniers sont devenus un véritable contentieux l’Etat et leurs Communautés respectives, qui dans toutes leurs motions, réclament leur libération. Une telle ambiance n’est pas bonne, mais que faire ?
Doit-on les maintenir en prison, au risque d’aggraver les tensions entre un Etat de plus en plus affaibli et des Communautés de plus en plus menaçantes ? C’est un risque à ne pas courir !
Mais doit-on les libérer ? Ce serait aussi inacceptable que de gens aient détruit de telles sommes et on les laisse partir !
Que fait-on ?
Le plus simple, c’est de dire aux Communautés : « puisque vous tenez tant à votre voleur, payez ce qu’il a pris, comme le demande la loi, et on le met dehors ! »
Je ne vois pas très bien quelle autre solution satisfaisante on peut apporter à un problème comme celui-là ! Ailleurs, quand quelqu’un a volé, c‘est toute la Nation qui le désavoue. On ne peut demander là-bas la contribution d’une quelconque Communauté tout simplement parce que celles-ci ne réclament pas la libération des leurs !
Au Cameroun par contre, les Communautés réclament et font pression ! Quelquefois, elles menacent et si la situation continue, rien ne dit qu’elles ne finiront pas par attaquer l’Etat ! On ne peut donc pas faire comme si elles n’existaient pas !
Elles existent, et ce sont des réalités fonctionnelles dont les capacités d’action sont redoutables ! Il faut donc en prendre acte et éviter des confrontations dangereuses. Et cela passe par la possibilité d’une Communauté de racheter une élite qu’elle estime nécessaire !
Moi, je ne raisonne pas comme un idéologue, une sœur religieuse ou un moine ; Je suis un Economiste et je me fiche de toute morale, l’essentiel étant le résultat ! Devant un problème je fais mes hypothèses de travail, je réalise mes simulations, j’optimise et je sors mes conclusions !
Vous ne pouvez pas, dans un environnement où la communauté joue un rôle central dans la gestion de l’Etat et le comportement citoyen, l’évacuer au motif que vous êtes modernes ! Cela n’a aucun sens !
Si les Communautés, sans qu’on les oblige, viennent d’elles-mêmes réclamer la libération d’un voleur, elles paient et on leur donne satisfaction ! Et si elle ne veut pas, elle se tait ! C’est tout !
On ne peut pas aller loin avec un système aussi hypocrite et aussi artificiel !
L’intérêt du Fédéralisme apparait ici tout simplement parce qu’il donne aux Communautés un instrument institutionnel qui réalise facilement ces paiements de manière formelle, à travers des impôts locaux, une contribution exceptionnelle, ses dotations fédérales, ou toute autre ressource !
Le but ici est de mettre fin à ce communautarisme exacerbé où les tribus se battent pour placer les leurs dans les postes de gestion, mais quand on attrape celui-là pour vol, c’est sa tribu qui vient embêter les gens !
Un tel modèle va nous éviter deux choses :
-la bagarre exacerbée que les tribus se mènent pour les postes de gestion, en y introduisant un risque réel si votre élite vole ;
-ces pleurs interminables qui bourdonnent dans les oreilles sur la libération de tel ou tel voleur !
Dieudonné ESSOMBA