L’économiste qui prenait part à l’émission dominicale Club d’Élites animée par Jean Jacques Zé sur Vision4, a tenté de donner les réelles origines du tribalisme au Cameroun. Dieudonné Essomba, défenseur du fédéralisme, estime que la question du tribalisme dans notre pays puise dans la centralisation de la gestion de la chose publique.
Dans son analyse, l’économiste-statisticien situe le tribalisme à deux niveaux : le micro et le macro. Selon lui, « le macro tribalisme c’est le tribalisme qui oppose les communautés sur les avantages de l’État, sur les espaces collectifs. Il y a tribalisme par exemple lors du concours d’entrée à l’Enam, lorsqu’on recrute les gendarmes, lorsqu’on recrute les enseignants. Il y a tribalisme lorsqu’on fait des nominations où chacun se met à compter le nombre de ses ministres. Le tribalisme au Cameroun est sur le plan macro, qui relève de la nature de notre État. Les bagarres que les communautés mènent aujourd’hui c’est pour s’emparer d’Etoudi. C’est uniquement ça ! Ces communautés-là, du point de vue micro, n’ont pas de problème particulier. Mais c’est lorsqu’on apprend Etoudi, avec tout ce qu’Etoudi comporte comme avantages, parce que c’est où sont gérés les 5 mille milliards du budget du Cameroun, c’est lui qui distribue les postes ministériels… Les problèmes commencent. C’est cette monstrueuse attractivité de l’État, qui est la source du tribalisme au Cameroun », explique-t-il.
Pour pallier ce problème, suggère-t-il, il faut revoir la forme de l’État, car, « Si on ne revoit pas cette nature de l’Etat, ce ne changera pas ».
Dieudonné Essomba trouve légitime les revendications actuelles des différentes communautés qui selon lui ne relève pas forcément d’un problème de vivre ensemble : « Il n’y a pas un problème de vivre ensemble dans ce pays. Lorsque vous entrez dans les quartiers, vous trouvez que ces communautés vivent et n’ont aucun problème. On ne peut pas dire à quelqu’un de ne pas regarder la tribu, alors que lui il ne voit sur une liste des résultats de l’Enam, aucun non de chez lui. Ou alors lorsqu’on nomme les ministres il ne voit pas un nom de chez lui… »
Les avantages de l’État unitaire tel que celui-ci a été configuré, conclut-il, « sont responsables du tribalisme agressif et dangereux au Cameroun ».