Sentiment d’impossibilité du changement par les urnes
L’acteur politique soutient que la victoire des dictatures réside dans la création d’un sentiment d’impossibilité du changement par les urnes dans l’esprit du peuple. Cette croyance décourage souvent les acteurs de l’opposition, les incitant à négocier avec le pouvoir plutôt que de persévérer dans la lutte pour le changement. Cela conduit également de nombreux citoyens à s’éloigner des urnes, pensant que leur vote est inutile ou qu’il ne fait que légitimer le régime tyrannique en place. Cependant, le juriste insiste sur le fait que les élections dans une dictature représentent une opportunité majeure pour le peuple et l’opposition. Les élections peuvent être un moyen de susciter le désir de changement, de mobiliser les masses, de faire vaciller le pouvoir et de le pousser à céder face à la pression populaire.
Le travail de l’opposition
Pour réussir, l’opposition doit travailler dur pour atteindre une taille critique et mailler l’ensemble du pays. La mobilisation populaire et la transparence électorale sont essentielles pour faire en sorte que le processus électoral soit un véritable moyen de changement. En fin de compte, Dimitri Touko Kom insiste sur le fait que la participation aux élections, l’inscription sur les listes électorales et la consolidation de l’opposition sont des étapes essentielles pour créer une véritable opportunité de changement politique en Afrique. Il rejette également l’idée de blâmer systématiquement les acteurs étrangers pour les problèmes internes, soulignant que les responsabilités doivent être partagées entre le pouvoir et l’opposition.
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La Seule Façon Pour Le Peuple, De Faire L’histoire Et D’en Être Acteur, C’est De S’inscrire Sur Les Listes Électorales
S’il ya une chose qui fait le plus peur aux dictatures en Afrique, ce sont les Élections ! C’est un moment où ils pourraient être amenés à rendre compte, un moment qui peut leur coûter leur éternité au pouvoir. C’est pourquoi, à la place du développement attendu, les dictateurs en Afrique ont développé une véritable industrie de la fraude pour conjurer cette échéance, pour la rendre nulle, mieux, pour en faire simplement une occasion de renaissance dans l’éternité.
Finalement, leur plus grande réalisation, c’est de faire des élections un non-évènement, un outil par excellence de la continuité. La victoire des dictatures est donc de pouvoir par des messages subliminaux ou même explicites, inscrire dans le subconscient collectif l’apophtegme de l’impossible changement par les urnes.
Cette situation de blocage amène les acteurs politiques de l’opposition les moins résilients à réviser leurs prétentions, et même souvent, à négocier avec le pouvoir… À défaut du Changement, « l’opposant » se contente de son changement personnel…
Découragé, le peuple s’éloigne des urnes, convaincu que cette voie n’a absolument pas d’issues ou, pire encore, qu’il s’agit d’une démarche visant à légitimer et renforcer le pouvoir du tyran…
Pourtant, l’élection dans une dictature est la véritable arme atomique, la fenêtre d’opportunité qui reste au peuple et aux acteurs politiques, par laquelle ils peuvent faire grandir le désir de changement chez le peuple, créer du mouvement, faire vaciller et douter le pouvoir, le pousser dans ses retranchements par des mobilisations populaires de campagne, démontrer leur force, faire reculer la dictature, obtenir l’alternance ou le changement. Dans cet ordre d’idées, l’élection peut être le BUT, si l’opposition arrive à contraindre le pouvoir à la transparence ou à l’acceptation du verdict des urnes⅞, ou le prétexte, si le pouvoir s’obstine à frauder…
Pour y parvenir, il faut beaucoup de travail militant. Il faut que l’opposition atteigne une taille optimale de maillage territorial ou de labour du champ politique, suivant la logique du Too Large, Too High, Too Big, Too Heavy To Colapse . En clair, si le pouvoir veut se risquer dans un passage en force, il devra marcher sur le Peuple entier pour le faire…
Ainsi perçue, la démarche révolutionnaire prônée par certains ne doit pas être opposée à la démarche institutionnelle, les deux se nourrissent réciproquement, même si la dernière semble plus maîtrisée.
Ceci suppose la mise en index à la fois de la responsabilité du pouvoir dans le chaos existant et de l’opposition, confrontée à ses faiblesses, ses renoncements, ses défections, ses trahisons. Dans cet ordre d’idées, des logiques du bouc émissaire, qui consistent à rejeter sur l’étranger la plupart de nos propres contradictions, tel que le font des voix se revendiquant d’un certain panafricanisme, sont à proscrire.
En somme, le défi à venir de l’opposition, c’est sa consolidation, c’est son renforcement et sa participation en pleine capacité à l’élection présidentielle. La clef, c’est l’inscription sur les listes électorales. L’exemple du Gabon ne nous indique-t-il pas que tout est parti des élections ?
Amedee Dimitri Touko Tom