Il ne fait vraiment plus bon vivre dans la capitale économique du Cameroun, attaquée par des micro-organismes d’une grande virulence. A tour de rôle, les différents quartiers de la ville sont contaminés, et les populations de Douala subissent les affres d’une espèce de guerre bactériologique totale.
Les dernières attaques qui défrayent la chronique sont celles perpétrées par des « microbes » portant des armes blanches (couteaux, machettes, gourdins, lames, etc.) qui infestent les rues de la ville, avec une préférence pour les zones de grande ambiance festive, et « absorbent » les smartphones, l’argent, les bijoux et autres objets de valeur des passants et riverains. Ces microbes agissent à la vitesse de l’éclair, ce qui explique les difficultés que les populations et les forces de l’ordre ont à les phagocyter. Ce phénomène importé d’Abidjan en Côte d’Ivoire (avis à ceux qui essayent de le diagnostiquer au moyen du microscope tribal), rend périlleuses les promenades dans la ville, la tenue de commerces en bordure de route, et les virées dans les lieux de plaisir.
Depuis le mois de mars 2020, Douala est fortement ébranlée par l’invasion d’un dangereux et mortel virus : la covid-19. Plusieurs familles endeuillées, l’école et les activités de sport et loisirs suspendues, des restrictions imposées aux transporteurs de personnes, le climat est des plus moroses dans la ville. Les mesures barrières imposées par l’Etat pour freiner la propagation de ce virus sont quasiment impossibles à appliquer au sein des masses laborieuses d’une population qui croule sous la pauvreté. A bord des mototaxis, dans les marchés, les bars, les églises et autres lieux de rassemblement (fêtes, obsèques, réunions, etc.), à l’exception de quelques « s’en fout la mort », on perçoit clairement chez les gens la peur d’être atteint par le coronavirus.
Le vibrion du choléra persiste dans la guérilla qu’il mène depuis des lustres à Douala. L’absence d’eau potable en plusieurs endroits de la ville et l’insalubrité criarde constituent un terrain favorable au déploiement du vibrio cholerea, et des populations continuent à en mourir dans la ville. Quant au plasmodium, il est en terrain conquis à Douala où il attaque les populations à volonté, ses déplacements étant parfaitement assurés par les anophèles femelles qui pullulent dans toute la ville.
On le voit donc, les populations de Douala essuient des attaques bactériologiques tous azimuts. Elles vivent la peur au ventre, ce qui ne leur permet pas de savourer pleinement le privilège de résider dans la plus grande ville du Cameroun. Malheureusement, à cette menace globale, la riposte est loin d’être globale et efficace, les autorités agissant de manière sporadique, éparse, molle et sans associer les populations à la recherche d’antidotes efficients. Les moyens y consacrés sont modiques, l’essentiel des ressources de l’Etat étant affecté à entretenir les égos des gouvernants. Si rien n’est fait, Douala virera à l’infection généralisée, ce qui va complexifier au maximum la thérapie et amplifier les séquelles.
« Duala ô mulema » (Douala dans le cœur) est devenue « Duala bongo ô dibum » (Douala la peur au ventre). C’est triste, et ça ne profite à personne !
Charles MONGUE-MOUYEME