LMZ, Lebledparle.com
Localisé à proximité du centre communautaire Douala Square et du casino Pari Sportif, le marché Ndogpassi occupe une position stratégique. Il est facilement accessible aux habitants de Douala et propose une large gamme de produits : nourriture, vêtements, électroménagers, etc. C’est un véritable hub économique qui attire à la fois les commerçants locaux et les acheteurs de tous horizons. L’importance de ce marché pour la ville est indéniable. Il permet de relancer des activités commerciales, de générer des emplois, et de faciliter l’accès aux biens de première nécessité. Cependant, malgré ces promesses, la mise en service et l’exploitation complète de cet espace commercial ont été retardées à de nombreuses reprises, soulevant des tensions entre les autorités municipales et les commerçants.
Construction et lenteurs de livraison
La construction du marché Ndogpassi a été lancée en septembre 2015, sous la supervision de la mairie de Douala 3ème, et confiée au Groupe d’initiative commune des Actions de communication sociale et de valorisation des espaces marchands (GIC Ascovemn). Ce projet ambitieux devait, à l’origine, s’achever en 2017 avec l’ouverture officielle initialement prévue pour le mois de juin. Cependant, les commerçants et la mairie sont entrés dans une période de conflits et de frustrations en raison de multiples contretemps.
En 2017, Job Théophile Kwapnang, le maire de Douala 3ème, a justifié le retard en pointant du doigt l’incivisme des commerçants qui occupaient illégalement les abords du marché, empêchant ainsi la progression des travaux. « Ce n’est pas les animaux qui devaient travailler dans ce marché, mais les hommes », a-t-il déclaré. Ce dernier soulignait par ces mots, que le désordre créé par les vendeurs entravait les efforts de construction. Malgré l’importance de cette infrastructure pour les commerçants, le marché a vu son ouverture repoussée plusieurs fois sans date définitive.
Le chantier avait aussi été marqué par des révisions des coûts. Il est passé d’une estimation initiale d’un milliard de francs CFA à environ 6 milliards, après de nouvelles études architecturales et d’occupation des sols. Ces augmentations ont suscité des tensions, notamment concernant les modalités de paiement des boutiques. Les commerçants, censés payer environ 1 million 920 mille francs CFA sur huit ans, se sont vus imposer une nouvelle somme de 3 millions, engendrant une opposition farouche. Pour certains, cette situation a été perçue comme une « mafia organisée ».
Incivisme et destruction
Face aux lenteurs des travaux et à l’occupation anarchique des espaces, la mairie a décidé de frapper fort en janvier 2022. Une vaste opération de déguerpissement a été lancée, sous la direction de Valentin Epoupa Bossambo, maire de Douala III. Cette action musclée visait à libérer les trottoirs envahis illégalement par les commerçants, et à rétablir l’ordre sur les espaces publics. Les installations et étals non autorisés ont été réduits en cendres, provoquant la colère et le désarroi de nombreux commerçants qui, malgré plusieurs avertissements, continuaient de s’installer de manière illégale.
Si cette opération a permis de libérer les abords du marché, elle n’a pas résolu tous les problèmes. Les commerçants, souvent sans autre alternative, continuent de vendre à ciel ouvert ou sur des comptoirs de fortune, attendant que les nouvelles infrastructures soient totalement prêtes. Certains d’entre eux ont commencé à aménager dans les nouveaux locaux, mais la situation reste tendue.
Phénomènes insolites en plein cœur du marché
Le marché Ndogpassi n’est pas seulement un lieu de commerce, mais aussi le théâtre de phénomènes pour le moins inhabituels. Le 7 mai 2023, une scène surréaliste a été vécu dans le marché : un homme d’une trentaine d’années, Paulin F., s’est mis à prier nu en pleine rue, devant le regard médusé des passants et commerçants. Cet acte étrange a immédiatement suscité des interrogations et des rumeurs de pratiques mystiques ont circulé. Calme et imperturbable, l’homme a continué sa prière, puis a marché nu, sous le regard perplexe de la foule. Ce phénomène, bien que rare, est représentatif des réalités complexes et parfois troublantes de la vie quotidienne à Douala.
Le futur du marché Ndogpassi
Malgré les nombreux obstacles et retards, le marché Ndogpassi reste un pilier du commerce à Douala. Les commerçants continuent d’espérer un avenir plus structuré, avec des infrastructures modernes qui leur permettront de travailler dans de meilleures conditions. La mairie, quant à elle, cherche à résoudre les conflits tout en maintenant un cadre de légalité et d’ordre. Le marché représente un symbole de la volonté des autorités de moderniser les infrastructures locales tout en luttant contre les pratiques illégales. Cependant, il illustre aussi les défis sociaux et économiques qui pèsent sur Douala, entre les ambitions de développement et les réalités du terrain.
