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Dr Charles Shey Wiysonge (OMS): « Au Cameroun, le paludisme est un grand problème de santé publique »

Le Cameroun a reçu, dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 novembre 2023, sa première livraison de vaccins antipaludiques Mosquirix fabriqués par le laboratoire GSK. Le Cameroun est le premier pays africain à recevoir le vaccin après la phase pilote qui s’est déroulée au Ghana, au Kenya et au Malawi. Le Cameroun a reçu 331 200 doses du Mosquirix également connu sous le nom de RTS-S, ce premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS. Une étape clé qui prépare le terrain pour une vaccination à grande échelle sur le continent. Pour le docteur Charles Shey Wiysonge, chargé de l’immunisation au bureau régional de l’OMS, cette tournée de vaccinations marque « une étape historique » dans la lutte contre le paludisme. Lebledparle.com vous propose l’entretien avec Christina Okello de RFI.

Dr Charles Shey Wiysonge OMS
Professeur Charles Shey Wiysonge est le chargé de l'immunisation au bureau régional de l'OMS en Afrique, Chef de projet de l'Initiative Vaccins pour l'Afrique. Directeur de recherche à l'Université du Cap en Afrique du Sud. © cphia2021

Quelle est la spécificité du vaccin RTS,S ?

Il s’agit du premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS pour prévenir le paludisme chez les enfants. Le vaccin agit contre le Plasmodium falciparum qui est le parasite du paludisme le plus meurtrier dans le monde et celui qui est le plus présent en Afrique. Les recommandations de l’OMS concernant ce vaccin antipaludique reposent sur les résultats du programme pilote de mise en œuvre du vaccin qui a été conduit dans trois pays, au Ghana, Kenya et Malawi.

Le Cameroun n’avait pas participé au programme pilote de vaccination, pourquoi a-t-il été choisi pour recevoir les premières doses ?

Le Cameroun, et d’autres pays, vont recevoir la livraison dans les prochaines semaines, ce sont les premiers pays qui ont soumis une demande de soutien à Gavi, l’Alliance du vaccin. Puisque la forte demande a dépassé l’offre disponible, on a limité l’allocation de stocks parce qu’on a environ 18 millions de doses, donc avec 28 pays, c’était difficile. Donc il y en a un quart qui a été développé avant que les pays ne fassent la demande.

Quelle est la situation du paludisme au Cameroun, et ailleurs ?

Dans les pays comme le Cameroun, le Nigeria, c’est vraiment un grand problème de santé publique. Il y a au moins 10% de la population qui est atteinte du paludisme.

Quelle est l’importance de ce vaccin pour la lutte contre le paludisme ?

C’est une étape très importante parce que le vaccin est très efficace pour réduire le nombre de cas de paludisme causé par le Plasmodium falciparum chez les jeunes enfants et il réduit les formes graves. Après l’introduction du vaccin dans le programme pilote, on a constaté une baisse très remarquable du nombre d’enfants hospitalisés et une diminution du nombre de décès chez les enfants d’environ 13%. Donc c’est vraiment important.

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Quelle est l’efficacité du vaccin RTS,S compte tenu de la résistance du paludisme aux médicaments ?

Il y a une résistance seulement quand quelqu’un a déjà le paludisme. On a vu qu’après trois doses de ce vaccin, il y a une diminution de 75% des cas de paludisme pendant la première année. C’est vrai que l’efficacité diminue, c’est pour cela qu’on recommande qu’un an après la troisième dose, il faut en donner une quatrième, et aussi un an après ça, il en faut une cinquième.

Qui peut prendre le vaccin RTS,S ?

On recommande quatre doses aux enfants à partir de l’âge de cinq mois. Par exemple, au Cameroun, le calendrier vaccinal prévoit qu’il y ait quatre doses, à six mois, à sept mois, à neuf mois et à vingt-quatre mois d’âge. C’est seulement pour les enfants.

Le mois dernier, l’OMS a donné son feu vert à l’utilisation pour les enfants d’un deuxième vaccin antipaludique, le R21, quelle est la différence avec le vaccin RTS,S ?

Il n’y a pas de différence, les deux vaccins agissent de la même manière. Mais pour le premier vaccin, il y a seulement, environ, dix-huit millions de doses qui seront disponibles d’ici 2025. Ce n’est pas suffisant. Au moins vingt-huit pays d’Afrique envisagent d’introduire ces vaccins contre le paludisme dans leur programme de vaccination d’enfants. Mais ce qui est aussi important, c’est que l’autre vaccin, le fabriquant a dit qu’ils vont produire beaucoup plus de doses que dix-huit millions, donc d’ici la fin de l’année prochaine, on n’aura pas de problèmes de stocks limités.

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Après le Cameroun, quels sont les prochains pays destinataires du vaccin?

Après le Cameroun, il y aura le Burkina Faso, le Liberia, il y aura le Niger et la Sierra Leone. D’après les nouvelles qu’on a, le gouvernement du Cameroun prévoit de commencer la campagne de vaccination le 12 décembre.

Quand va démarrer la vaccination à grande échelle sur le continent ?

Chaque pays a son calendrier. Par exemple, le Cameroun va commencer en décembre. Il y a d’autres pays, comme le Burkina Faso, il y a le Burundi, il y a la RDC, on prévoit qu’il y aura cinq pays entre janvier et juin, parce qu’on pense que l’autre vaccin R21 sera disponible à partir de juin. Donc on pense qu’il y aura un peu plus de pays après juin.

Et que signifie pour l’Afrique cette vaccination à grande échelle ?

Chaque année, il y a autour de 500 000 enfants qui meurent dans le monde et la plupart, 95%, sont en Afrique. Si on a un vaccin, il va diminuer ce taux de mortalité. On a vu la réduction du taux de mortalité au Ghana, au Kenya, au Malawi, autour de 13%. Vous imaginez, un taux de réduction de 13% de la mortalité ? Et il y a une diminution des cas de paludisme de 75%. Donc c’est un grand atout pour la lutte contre le paludisme, je pense que c’est un moment historique pour l’Afrique et pour la vaccination en général.

 


1 Comments

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  1. les deux vaccins sont différents ils ne ciblent pas la même chose concernant le système immunitaire
    Quatre doses qui va financer cela pour un vaccin qui n’a qu’un efficacité de moins de 50% et qui n’empêche pas de refaire du paludisme
    C’est une honte pour l’OMS de décrédibiliser les vaccins et de pousser l’inadmissible

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