Nous l’annoncions dans une de nos publications, l’avocate au barreau du Cameroun et militante du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, Me Michèle Ndoki a décidé d’abandonner les contestations électorales et de s’allier à la présidente nationale du Cameroon People Parti (CPP) d’Édith Kah Wallah. Une alliance in extremis qui déchaine les passions sur l’espace politique.
Dans des récentes sorties, les deux femmes politiques ont appelé les militants du MRC à tourner la page du « hold-up electoral », et de se concentrer à la vie de la nation. Selon le Dr Simon Kuissu qui analyse cette union dans les colonnes du journal Le Messager dans sa publication du 19 mai 2020, il existe un grand fossé politique entre les deux femmes.
« La nouvelle alliance entre Kah Walla et Ndoki est étonnante, car une contradiction radicale les sépare ; Kah Walla ne veut aucune élection tandis que Michèle Ndoki est partisane des élections. La preuve c’est qu’elle était candidate et qu’elle a mal pris le retrait du MRC du scrutin du 09 février dernier. Qu’est-ce qui a donc pu les rapprocher ? On constate que le RDPC aussi est très remonté contre la dénonciation du hold-up électoral ; ses porte-voix sur les médias et autres réseaux ont mal au ventre quand ils entendent « le président élu » », explique l’opposant.
Et de poursuivre : « Est-ce que la position de président élu qui refuse le hold-up électoral empêche l’opposition de lutter de concert pour l’amélioration de la loi électorale, pour la libération des prisonniers politiques, pour la fin de la guerre du NOSO, pour ne citer que quelques exemples sans oublier notre guerre nationale contre le fameux Coronavirus. Les champs de lutte commune ne manquent pas. Ces luttes peuvent se déployer dans le cadre de stratégies autonomes convergentes qui permettent à chaque parti de garder sa personnalité », soutient-il.
L’enseignant affirme que « celui qui réduirait l’action politique du MRC à un président élu qui passerait son temps à protester contre le hold-up électoral n’aurait donc pas écouté la plaidoirie de Maurice Kamto devant la Cour Constitutionnelle en octobre 2018, ni pris connaissance du plan national de résistance qu’il a lancé, ni observé les actions politiques diverses et variées que le MRC déploie sans relâche depuis janvier 2018, qui sèment la panique à Etoudi, et la perplexité à l’Élysée. Quand on voit comment le RDPC se fait lui-même des nœuds autour du cou, on ne sera pas étonné qu’un jour il s’étrangle tout seul ».
Proche de la formation politique de Maurice Kamto, Siméon Kuissu examine les faiblesses de l’opposition camerounaise. Pour lui, depuis plus de 25 ans « la faiblesse de l’opposition camerounaise réside essentiellement dans l’absence de leadership. Ce leadership est enfin apparu en 2018 avec l’irruption magistrale de Maurice Kamto sur la scène politique. C’est mon opinion. Son leadership, ce n’est pas le verbe. On l’a vu sur le terrain. On a lu ses écrits. On voit son action ».
Si les autres leaders qui se positionnaient avant lui travaillent vraiment pour le même but (le changement), poursuit-il, « il y a lieu de s’entendre et de se partager les rôles au lieu de tirer des flèches acérées contre un parti d’opposition pour le plus grand bien du pouvoir. Dans tous les cas il y aura un seul chef, pas deux ! »