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Ekodo Mveng : « L’unité nationale d’un État jacobin c’est aussi L’unité de caisse et le monopole fiscal et militaire »

Dans un texte publié sur son compte Facebook, le mardi 30 mai 2023, le politologue Siméon Roland Ekodo Mveng parle de l’idéologie du rentrer chez soi développé par certains leaders d’opinion au Cameroun. Il estime que dans un Etat unitaire décentralisé, cette façon de voir la vie de la nation n’a pas lieu d’être.

Simeon Roland Ekodo Mveng 1

Lebledparle.com vous propose le texte intégral

On ne peut pas dans un État unitaire décentralisé éminemment organisé par des lois, demander  aux nobles citoyennes et citoyens de rentrer chez eux. Ça frise l’anarchie, la barbarie et l’incivilité de l’état de nature.

Puisque le Cameroun se  revendique toujours d’en être une; la « République » idéale, entendue chez Platon comme  » chose publique » induit un régime de copropriété du pays et de filiation du citoyen en tout point du territoire national.

Mieux, l’adhésion aux valeurs républicaines rend imprescriptible toute privatisation de l’État ou toute captation d’une partie de son territoire par ses individus et groupes, autant qu’elle postule son indivisibilité en fragments identitaires. Motif pris de ce qu’également, les institutions économiques et politiques, les sociétés d’État, les infrastructures routières, hospitalières, scolaires et les autres dotations sont construites avec les ressources issues de toutes les localités.

L’unité nationale d’un État jacobin c’est aussi L’unité de caisse et le monopole fiscal et militaire.

En d’autres termes, demander aux gens de quitter les métropoles, capitales politique, économique et autres centres urbains qui seraient « le chez vous », nécessite d’abord d’opérer une liquidation de toutes ces structures d’État  qui fonctionnent et qui ont été construites avec la rente fiscale (impôt) de partout et avec l’effort humain de tous. Puis partager le fruit de cette mise aux enchères de la République entre tous les citoyens, bailleurs de fonds et investisseurs étrangers qui sont les actionnaires de la République.

Sur le plan politique, demander aux gens de retourner chez eux, c’est acter le séparatisme et la sécession. ( que certains ne veulent pourtant pas en zone anglophone).

En d’autres termes c’est leur donner le droit à l’autodétermination. À la gestion de leurs ressources riveraines. Au choix de leurs élus et modes de gouvernance géoculturelle.

Sur le plan social, ou sociobiologique, certains citoyens issus des mariages mixtes ou interethniques appartiennent souvent à deux régions ou à deux pays et ont pourtant le droit de s’établir sur le sol du parent où ils ou elles veulent. Ce d’autant plus qu’ils ou elles sont juridiquement héritiers dans les régions de leurs parents; indépendamment des dispositions traditionnelles de l’héritage dans les systèmes avunculaires et patrilinéaires.

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Dans la même logique, on ne pourrait raisonnablement bannir toutes les femmes et maris des autres tribus ou même interdire à un citoyen hospitalier d’abriter qui il veut dans sa concession.

Du point de vue juridique, l’acquisition régulière d’une parcelle de terre ou l’achat d’un bien immeuble vous donne un droit de propriété et donc de résidence géographique irréversible excepté si vous devez être déguerpi(e) puis indemnisé(e) pour cause d’utilité publique. (Aménagement urbain…) ou si cette zone est à  risque ou protégée écologiquement.

Du point de vue professionnel, les fonctionnaires et contractuels ont le droit de demeurer dans leur zone d’affectation. Cette disposition légale et administrative emporte parfois des droits voisins à la naturalisation.

En occurrence les prêtres et évêques sont souvent enterrés dans leur paroisse et diocèse et non dans leur famille biologique. Les cardinaux, prélats, religieux et religieuses acquièrent ainsi cette forme de citoyenneté quand ils sont affectés de manière permanente dans la cité du Vatican ou un passeport diplomatique quand ils ou elles sont en service au Saint Siège.

Sur le plan éthique, normatif et philosophique, il serait moralement insoutenable et injuste d’organiser une traque des honnêtes citoyens, commerçants, voisins, amis, enseignants, déplacés internes suite aux conflits et crises humanitaires, réfugiés et personnes protégées par les conventions des Nations unies et les Droits de l’homme.

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In fine, ce discours expressément tribaliste amené par certains universitaires et hommes de médias au Cameroun est dangereux parce qu’il ruine les acquis de l’intégration nationale et de la cohabitation pacifique.

Souvenez-vous toujours que les camerounais de toutes les régions ont perdu des militaires et enfants à bakassi dans le conflit  frontalier, et même contre boko-haram, au-delà  des sacrifices économiques, intellectuels et politiques consentis par tous.

Ayez toujours en mémoire que les enfants de toutes les régions ont payé le lourd tribut dans les luttes d’indépendance qui se faisaient parfois loin de leurs villages et qu’il serait difficile de dédommager leurs familles en cas de discrimination généralisée.

Souvenons-nous que pendant la période coloniale, les camerounais.e.s étaient souvent amenés de force à participer à la construction des chemins de fer, hôpitaux, écoles, bâtiments, ponts… dans des villes très éloignées de leur village et n’ont jamais été indemnisés.

Faisons de l’Homme la mesure de toute chose et posons-nous toujours cette question bien connue du président Paul Biya avant tout acte: quel Cameroun voulons nous laisser aux générations futures et à nos enfants ?

J’ai déjà pris ma retraite internationale avec la politique du Cameroun. Je réponds ici à deux enseignants de la diaspora et à une journaliste qui m’ont demandé in box ce que je pensais des propos du professeur Claude Abé et  aux discours incendiaires des théoriciens du « nous » contre « eux »

Aimez-vous les uns les autres comme Jésus Christ nous aime. Car en effet….. Il n’y a plus de juifs, ni de romains, ni de grecs,…..

Siméon Roland Ekodo Mveng


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