Expert en décentralisation et universitaire, il fait des propositions qui peuvent détendre la situation politico- économique au Cameroun.
On parle de plus en plus de la décentralisation au Cameroun. Pouvez-vous définir ce concept?
La décentralisation est souvent perçue comme une stratégie pour stimuler le développement socioéconomique au niveau local. En terme réel cette décentralisation n’est autre que la distribution des pouvoirs du centre vers les collectivités territoriales dotées d’une personnalité morale.
Y a-t-il des formes de décentralisation?
Oui. Il existe trois formes de décentralisation. Nous avons la déconcentration du pouvoir. Elle consiste à mettre sur pieds une stratégie où l’Etat détient les 80% de pouvoir et délègue une partie de celui-ci aux autorités administratives comme des sous-préfets, des préfets, des gouverneurs. Ensuite, on a la délégation du pouvoir. C’est une approche où le pouvoir central conserve ses prérogatives et compétences mais délègue une portion de pouvoir à un gouvernement régional ou à une autorité locale. Pour conclure, nous avons la dévolution du pouvoir qui est un transfert total du pouvoir et des ressources du centre vers les collectivités locales décentralisées.
Vous savez que le Cameroun traîne le pas en la matière. Une situation qui crée et accentue les différentes crises que nous observons. Quelle est la forme la mieux indiquée pour endiguer le problème?
La forme la mieux indiquée qui contribuerait par exemple à tacler le problème dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) de façon effective et enclencher le processus de développement dans ces deux régions est la dévolution du pouvoir. A ce niveau le principe de l’unicité des caisses devrait être revu afin d’éviter les affrontements entre le gouvernement central et les gouvernements locaux. Il y a donc une nécessité à accélérer le processus de mise en œuvre des régions dotées des pouvoirs qui leurs permettraient de s’autogérer. Ceci détendrait la situation politico-économique non seulement dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, mais du Cameroun tout entier.
Entretien réalisé par Paulette Ndong