Le président français va substituer cette école mythique avec l’Institut du Service public (ISP). L’objectif apprend-on, est de diversifier les profils de la haute fonction publique. Au Cameroun, cette décision macronienne semble interpeller plus d’un.
Emmanuel Macron a annoncé le jeudi 9 avril par Visioconférence, les grandes lignes concernant sa réforme programmée de la haute fonction publique. Le président français s’adressait ainsi aux cadres dirigeants de l’Etat, c’est-à-dire aux 500 plus hauts fonctionnaires de l’administration française.
Parmi les mesures fortes, la suppression de l’ENA, l’école nationale d’administration. Le chef de l’Etat français avait fait cette promesse depuis avril 2019, au sortir du grand débat national suite à la crise des gilets jaunes. Il avait ensuite justifié cette réforme en déclarant : « Nous avons besoin de services d’excellence et (non) plus de protection à vie. »
En effet, la suppression de l’ENA donnera naissance à l’ISP, l’Institut du Service public, que Macron espère voir naître en 2022. Cette nouvelle école instaurera un tronc commun que devront suivre tous les futurs hauts fonctionnaires, et dans lequel seront enseignées des notions telles que la pauvreté, la laïcité, l’écologie, le discours scientifique, etc.
L’ISP vise aussi à élargir les canaux de recrutement des futurs administrateurs de l’Etat français, afin que les profils soient plus diversifiés que « l’entre-soi » qui est pratiqué actuellement. Car selon les données de l’Observatoire des inégalités, les enfants de cadres supérieurs sont douze fois plus représentés que ceux d’ouvriers et d’employés, alors que ce rapport est plutôt inversé dans la population active.
Quid de l’ENAM au Cameroun ?
L’ENA faut-il le rappeler, forme des hauts cadres français depuis 76 ans. L’ENAM de Yaoundé au Cameroun est calquée sur le même modèle. En 2018, le candidat à la présidentielle Joshua Osih avait fait part de sa volonté de fermer cette école s’il était élu. Un discours qui lui avait valu des critiques tous azimuts. Ajourd’hui, la décision de Macron de supprimer l’ENA de Paris vient relancer la problématique de l’ENAM au Cameroun. Une école de prestige, mais qui est chaque année au coeur de nombreux scandales du fait de la forte convoitise dont elle fait l’objet. Après la réforme annoncée par le président français, certains leaders d’opinion à l’instar de David Eboutou se sont avancés sur la question : «Macron vient de fermer l’ENA, à quand la fermeture de l’ENAM?». S’est-il interrogé. La question à coup sûr, va continuer d’être débattue.