Dans une correspondance datée du 25 septembre 2020, adressée au ministre camerounais de l’Économie, Afreximbank, banque africaine d’Import-Export sollicite l’intervention de l’État du Cameroun et de la BEAC, dans une affaire où elle estime avoir été flouée par Emmanuel Neossi, Patron entre autres de Producam et de Neo Industry, apprend lebedparle.com du journal EcoMatin.
D’après notre confrère, cette correspondance, tire son origine d’un emprunt réalisé par Producam auprès d’Afreximbank, en pool bancaire avec Commercial bank Cameroon (CBC) pour financer la production et l’exportation du cacao.
« Le montant ainsi que les autres conditions de crédit ne sont pas mentionnés ; mais l’on sait qu’une entreprise nommée ACE S.A avait été désignée comme tiers garant de l’opération. Le rôle de cette dernière étant de conserver les stocks de marchandises devant servir de garantie pour la couverture pour le respect des échéances », peut-on lire dans le journal.
Selon la correspondance d’Afreximbank, citée par EcoMatin, lesdits stocks ont été « détournés et revendus par Producam à son insu ». Emmanuel Neossi a frauduleusement « soustrait les garanties constituées alors que la restructuration du crédit était en cours » révèle une source au Minepat au journal d’Émile Fidieck.
Une situation des plus rocambolesque dans laquelle ne semble plus se retrouver la Banque africaine et son associé de circonstance, Commercial bank Cameroon. Dans sa lettre, l’institution appelle les autorités camerounaises à intervenir sur ce dossier afin qu’elle puisse rentrer en possession de son dû.
Comme pour donner plus de chance à sa réclamation, apprend-on, Afreximbank écrira également à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), institut d’émission commune aux six pays de la Cemac pour solliciter son arbitrage, de bonnes sources.
Saisi, Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac transmettra le dossier à la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), dont il assure également la présidence. « Au regard de cette situation qui pourrait remettre en cause gravement les relations entre Afreximbank et le Cameroun, et partant la CEMAC, vous voudrez bien notamment : faire procéder, sans délai, à une vérification sur place de cet engagement auprès de CBC ; évaluer les conséquences potentielles de cette situation sur CBC ; établir les différentes responsabilités en rapport avec la loi camerounaise sur la pénalisation du non-remboursement des crédits » peut-on lire sur la correspondance du gouverneur de la Beac adressée au Secrétaire général de la Cobac.
À peine l’enquête démarrée, la Commercial bank Cameroon engage un plaidoyer auprès de la Cobac sous prétexte qu’une opération de restructuration des engagements d’Emmanuel Néossi est déjà en cours.
En clair, l’homme d’affaires aurait trouvé une entente avec de nouveaux partenaires internationaux lesquels devraient apporter 46% de la nouvelle capitalisation de ses entreprises, soit 156 millions d’euros (environ 102,5 milliards de FCFA). « Cette ligne de financement devait permettre à l’homme d’affaires d’honorer ses engagements auprès d’Afreximbank, de Commercial bank Cameroon et financer ses autres projets » explique une source proche du dossier au Ministère camerounais de l’Économie à EcoMatin.
Notons qu’Emmanuel Neossi n’est pas à son premier déboire avec les établissements bancaires. Le plus récent en date est celui l’opposant à SCB Cameroun. La filiale camerounaise du groupe Attijariwafa Bank avait engagé un recouvrement forcé de ses créances, en démantelant purement et simplement l’usine Neo Industry de Kekem parce que le promoteur n’arrivait pas à honorer les traites de ses créanciers. SCB y détenant jusqu’à 80% de 50 milliards de FCFA d’engagements du système bancaire dans le financement du projet de l’usine de Kekem.