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En finir avec le chômage des jeunes au Cameroun : Voici comment les Maires peuvent changer la donne

Le taux de chômage de la population camerounaise est de 4,0% selon la banque mondiale (BM, 2023). Un taux qui peut être résorbé si les édiles jouent efficacement leur partition. En effet, bien qu’étant une fonction régalienne, l’emploi au Cameroun est aussi l’affaire des élus locaux. C’est ce qui ressort sans équivoque de la loi n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées.

Chomage jeune

Au titre des compétences qu’elle transfère aux collectivités territoriales décentralisées, figure en bonne place l’élaboration d’un plan communal d’insertion ou de réinsertion professionnelle. Lequel doit être entendu comme politique territoriale d’animation, de coordination et de mise en œuvre d’actions d’emploi, d’insertion professionnelle et de formation pour lutter contre le chômage de manière significative, à l’échelle locale. Seulement, ces collectivités territoriales décentralisées semblent être hors-champ de bataille ou pour le moins, leur riposte contre le chômage en marge de l’embauche communale directe reste impondérable. Que peuvent-elles donc faire pour monter en ligne ? Quelles stratégies territoriales déployer pour désamorcer la bombe à retardement du chômage ?

Connecter l’offre et la demande d’emploi

Où trouver l’emploi au Cameroun ? Une question ambiguë à laquelle les élus locaux peuvent prêter réponse. En effet, le Fonds National de l’Emploi (FNE), organisme public chargé de la promotion de l’emploi ne compte que 19 agences à travers le pays ; une déficience dont découle le problème d’accès à l’information sur l’emploi. Quand il est connu de la doxa populaire que les candidatures spontanées ne sont pas toujours appréciées dans les grandes entreprises, et avéré que les PME de manière quasi-systématique manquent de signalétique, il arrive alors très souvent que le chômeur ne sache pas où commencer sa recherche d’emploi. Pour y remédier, les CDT doivent mettre un point d’honneur sur la rencontre entre l’offre et la demande d’emploi et devenir des lieux physiques ou virtuels de cette rencontre. Cela peut se traduire de manière concrète par :

La création de « niches d’emplois », plateformes de diffusion des offres d’emploi des entreprises sises dans leurs territoires respectifs. Entre les sites web frauduleux qui pullulent sur internet, la lourdeur procédurale du FNE et les agences de placement du personnel aux conditions parfois difficiles, la recherche d’emploi est pour le chômeur camerounais, un véritable parcours d’obstacles. Un tel service d’orientation et d’alerte sur les opportunités d’emplois, peut être envisagé et promu sur les réseaux sociaux numériques tels que Tiktok, whatsapp, Twitter, Facebook. Ce serait un excellent moyen de rapprocher les offres des potentiels employés.

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L’organisation avec leurs partenaires, de forums de stage et de formation continue tous les ans à l’intention des étudiants et des jeunes en formation pour favoriser leur insertion professionnelle, et l’organisation des salons d’emplois. Au menu de ces évènements, des ateliers de formations pratiques peuvent être envisagés, avec des pôles de recrutement et des expositions de compétences.

Simplifier les procédures administratives et fiscales

Cette stratégie doit être l’Excalibur des CDT dans leur bataille contre le chômage, étant donné que la fiscalité constitue un pilier essentiel du Développement Économique Local. Or, selon une enquête de l’INS, la fiscalité est le premier obstacle auquel les jeunes entrepreneurs camerounais sont butés (53,5%), suivie des formalités administratives et tracasseries avec les agents de la mairie ou de la communauté urbaine (34,2%) (Investir au Cameroun, 2018.) C’est poser ainsi les CDT en véritables épines calcanéennes pour la jeunesse entreprenante. Pour conjurer ce sort, elles doivent :

  • Aménager des régimes incitatifs permettant aux jeunes entrepreneurs de réduire les coûts de paiement de certains impôts locaux ou envisager l’exonération de la taxe foncière.
  • Assainir la chaîne fiscale locale par une meilleure coordination de leurs acteurs pour limiter les élans de corruption dans les interventions en entreprises des agents communaux.
  • Créer des incubateurs d’entreprises au sein des collectivités territoriales

La création d’un ou plusieurs incubateurs d’entreprise est une belle offensive pour contribuer au développement d’entreprises dans un territoire. Dans les pays d’Afrique francophone comme le Sénégal, la Cote d’ivoire, le temps est à l’incubation ; elle est devenue un phénomène par lequel les CDT illustrent leur dynamisme, alors que dans les pays anglophones comme le Ghana, le Nigéria, le Kenya, elle a un historique fort. Au Cameroun, selon une étude réalisée par l’INS, les problèmes de financement (accès au crédit, coût de financement) représentent 30,7% des problèmes que connaissent les jeunes entrepreneurs (INS, 2019). En réponse à ce problème la CDT peut lancer un incubateur dont la mission sera éventuellement d’évaluer les projets, d’analyser leur potentiel, d’accompagner les entrepreneurs à la concrétisation de ces derniers. En termes concrets, l’action d’un incubateur de CDT se traduira par les mesures telles que :

  1. Le soutien financier : apportant aux jeunes des ressources financières (subventions ou recherche de financements) servant par exemple au paiement de prestations d’études réalisées par des cabinets spécialisés.
  2. Le soutien professionnel : proposant des plans de formation gratuits aux créateurs d’entreprises pour développer leurs compétences managériales et juridiques.
  3. Les aides immobilières : en mettant à leur disposition des espaces de coworking.
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Créer des maisons d’emploi (MDE)

La guerre contre le chômage ne se gagne pas seul ; elle implique l’action conjuguée de différents acteurs. La maison de l’emploi (MDE) permet justement la coalition entre collectivités territoriales, organismes de développement économique et d’insertion professionnelle, l’Etat et les acteurs privés. Elle est une mise en synergie de moyens en vue de la conduite opérationnelle de l’action territoriale en matière d’emploi, c’est en cela que réside sa force et tout l’intérêt pour une CDT d’y adhérer ou d’en être l’initiatrice. Quant à son action, elle s’articule autour des axes tels que le développement d’une stratégie territoriale partagée, l’anticipation des mutations économiques, la contribution au développement de l’emploi local, la réduction des obstacles culturels ou sociaux à l’accès à l’emploi. Les CDT au Cameroun gagneraient tout à s’y mettre ; la MDE est nul doute pour elles, la stratégie de sortie face au chômage.

Carine M. EDOU

Sociologue-chercheure, ACDC

 


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