La société Aluminium du Cameroun (Alucam), qui consomme plus de 40% de l’électricité produite dans le pays, a accepté de réduire sa consommation aux heures de pointe (ce qui est le corollaire d’une baisse de la production), afin d’atténuer les effets de la crise hydraulique que vit le Cameroun depuis quelques semaines, a annoncé le 4 juin 2015 à Douala, Joël Nana Kontchou, DG d’Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité.
Tout en remerciant Alucam pour son geste de solidarité vis à vis des autres consommateurs de l’électricité au Cameroun, le DG d’Eneo a réitéré que les coupures d’électricité que vivent les entreprises et les ménages depuis plusieurs semaines, sont la conséquence d’une crise hydraulique inédite. Ce phénomène, a-t-il expliqué, se manifeste par une baisse substantielle du niveau des eaux dans les barrages du pays.
A titre d’illustration, Ahmadou Bivoung, le directeur de la centrale hydroélectrique d’Edéa qui jouxte le barrage éponyme, révèle que le débit des eaux sur le bassin versant de la Sanaga à Edéa était de 615 m3/s le 1er juin 2015, contre 1398 m3/s le 1er juin 2014, soit une baisse de plus de 50%. «En 23 ans de service, je n’ai jamais vécu ce phénomène», indique-t-il, en mettant «cet évènement extraordinaire» sur le compte des «changements climatiques».
Selon le directeur de la centrale hydroélectrique d’Edéa, les pluies actuellement observées dans les villes de Yaoundé et Douala, où Eneo concentre le plus grand nombre d’abonnés, n’ont aucune incidence sur la crise hydraulique actuelle. Et pour cause, explique-t-il, le fleuve Sanaga sur lequel sont construites les centrales d’Edéa (276 MW) et de Songloulou (384 MW), prennent leur source dans la région de l’Adamaoua (généralement présentée comme étant le château d’eau du Cameroun), dans laquelle la pluviométrie n’est pas des plus reluisantes depuis des semaines, apprend-on.
Cette situation a induit une baisse substantielle de la production de l’électricité par les centrales d’Edéa et de Songloulou, à partir desquelles est alimenté le réseau interconnecté Sud du Cameroun. Officiellement, la société Eneo situe le déficit de production actuel entre 80 et 100 MW par jour, malgré les contributions de toutes les centrales thermiques à fuel et à gaz du pays.