Dans les colonnes de ce journal, au début de ce mois, je dénonçais l’absence et le manque de repères dans le triangle national. Ces repères ont disparu avec la montée en puissance de l’argent au sein de la société camerounaise et Africaine.
Quand vous commissionnez un enfant, lorsqu’il rentre, il reste planté devant vous, attendant une pièce d’argent comme rétribution pour l’effort fourni. Je me souviens d’ailleurs que lors des quêtes dans les églises, les pasteurs et les prêtres prennent souvent soin de dire aux fidèles qu’ils ne veulent point des piécettes jaunâtres. Ceci veut tout dire ! En plus, dans la plupart des paroisses Catholiques, il existe deux quêtes pendant la messe : une après l’évangile et l’autre après la communion. Je me rappelle des propos désobligeants d’un camarade de classe qui m’avouait récemment qu’il ne va plus à l’église à cause du mot Argent qui revient sans cesse dans les propos du prêtre. Pour cette raison, le dimanche matin, il lit sa Bible et médite là-dessus.
Si votre nom figure sur la liste des ministres, il faut toujours prendre soin de lire l’article 2 qui stipule que l’intéressé aura droit aux avantages de toutes natures prévues par la règlementation en vigueur. C’est ça qui fait donc la force du décret. Quand un ministre est nommé, ses proches se réjouissent parce qu’ils savent qu’ils vont gagner des marchés publics. Le ministre oublie donc de prime abord la signification latine de son titre Minister, qui veut dire serviteur. Il va donc chercher à se servir, à asservir et non à servir.
Dès le bas âge, la tendre enfance, le Camerounais est déjà familiarisé à l’argent et il en fait très tôt son dieu. Demandez à un Camerounais de vous apporter un crâne humain ou un cœur frais contre des espèces sonnantes et trébuchantes, il le fera, quitte à aller assassiner un inconnu juste pour se procurer l’objet qui lui rapportera de l’argent. Les hommes n’hésitent point à se prostituer au jour d’aujourd’hui, à aller avec d’autres hommes juste pour gagner leur vie et tant pis pour les conséquences. Les femmes n’hésitent pas à aller avec d’autres femmes, juste pour se faire de l’argent facile. Il existe de nos jours des « promotions canapé » qui permettront de jouir de l’article 2 de la nomination. Je me pose donc la question de savoir, pourquoi le Cameroun, placé sous la protection de la Vierge Marie, a tôt fait de se jeter dans les bras de Mammon ? Est-ce une malédiction ?
Sous la magistrature du feu président Ahmadou Ahidjo, ses ministres brillaient par leur austérité et certains ministres n’arrivaient même pas à construire une cabane s’ils ne s’endettaient pas à la Banque. Actuellement, les ministres sous Paul Biya défraient la chronique avec des chantiers pharaoniques, des grosses cylindrées, des appartements qu’ils achètent en Europe à leurs enfants âgés parfois de moins de 15 ans, quand ils ne célèbrent pas en grandes pompes, leur premier milliard de francs Cfa. Certains ministres de l’équipe actuelle se targuent en privé d’être milliardaires sans que le procureur de la République ne daigne ouvrir une enquête.
Tenez, en économie et en droit, dès que le train de vie d’un individu est supérieur à ses revenus réels, il y a lieu de s’interroger. Nos compatriotes ne cherchent plus seulement à accumuler, ils veulent être les plus riches de leur quartier, les plus riches de leurs arrondissements, de leurs villages et les plus riches de leurs familles afin d’humilier leurs frères et sœurs et de paraitre le passage obligé. Pourquoi tant accumuler si on ne peut point aider ses frères ? Pourquoi tant d’acharnement à voir autant de richesse si c’est pour opprimer ses frères et sœurs et les appauvrir par la même occasion ? Dans certains villages, il existe des individus qui arrachent les terrains à leurs voisins. Certains se retrouvent avec des terrains allant jusqu’à 100 hectares pour faire des plantations. Qu’est-ce que vous comptez faire avec des terrains de 100 hectares dans votre village ? Peut-on vivre heureux seul ?
Je me souviens dernièrement que quelqu’un m’avait posé la question de savoir comment font certaines personnes pour avoir tant d’argent et pourquoi Dieu en donne à quelques-uns et pas à d’autres. Je lui ai répondu en me référant à la Bible, qu’il existe la parabole des talents. Chacun de nous a un talent caché qu’il faut d’abord découvrir et l’exploiter à bon escient. Lorsque vous observez à quelles luttes nous avons assistées pour prendre le fauteuil de président de la Fecafoot, il a fallu des compromissions de toutes sortes pour que les mêmes de l’époque Iya Mohamed reviennent aux affaires car, il y a beaucoup d’argent à la Fecafoot.
A l’heure qu’il est, les différents scandales qui secouent la Fifa prouvent à souhait que l’argent coule à flots et que des clans se forment pour mieux le contrôler. C’est ce qui fait courir les gens pour la gestion des fédérations sportives, surtout la Fecafoot. On prend donc les mêmes et on recommence car, les secrets ne doivent pas sortir et un proverbe camerounais affirme d’ailleurs à tort ou à raison, que l’argent ne fait pas le bruit et n’aime pas le bruit. On se rappelle l’article 66 de la Constitution relatif à la déclaration des biens et dont le décret d’application n’a jamais été signé par qui de droit. Tout ceci pour juste éviter des scandales pouvant survenir à la suite de la publication de la fortune de certains responsables.
Le Camerounais et l’argent : mauvais maître ou bon serviteur ? Les Camerounais préfèrent adopter l’argent comme maître et non comme serviteur. A bon entendeur, salut ! Camerounais, enrichissez-vous par tous les moyens, surtout malhonnêtes !
Encadré
Sous la magistrature du feu président Ahmadou Ahidjo, ses ministres brillaient par leur austérité et certains ministres n’arrivaient même pas à construire une cabane s’ils ne s’endettaient pas à la Banque. Actuellement, les ministres sous Paul Biya défraient la chronique avec des chantiers pharaoniques, des grosses cylindrées, des appartements qu’ils achètent en Europe à leurs enfants âgés parfois de moins de 15 ans, quand ils ne célèbrent pas à grande pompe, leur premier milliard de francs Cfa…
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